4/10Chao (Manu) - La Radiolina

/ Critique - écrit par Danorah, le 17/09/2007
Notre verdict : 4/10 - Infinita Tristeza... (Fiche technique)

Malgré toute la sympathie qui émane du personnage, La Radiolina n'en demeure pas moins une grosse déception musicale...

A moins de demeurer seul et coupé du monde dans une grotte au fin fond de l'Alaska, difficile d'être passé à côté de l'info : après une absence prolongée, Manu Chao est de retour ! En témoigne son nouveau single, Rainin in Paradize, qui inonde les ondes hertziennes, et son nouvel album, La Radiolina, qui inonde les présentoirs de tous les magasins de disques (on n'ose même plus parler de disquaires, tant l'espèce semble en voie de disparition...).

Comme d'habitude avec Manu Chao, pochette bigarrée et single ultra radio-friendly sont au rendez-vous. L'artwork est du reste toujours aussi soigné et agréable, et le single toujours aussi efficace, entraînant, et écoeurant à force d'être rabâché. Rien de nouveau sous le soleil, donc. Vraiment rien. On en vient presque à se demander si le terme « nouvel » album n'est pas usurpé : qu'y a-t-il de nouveau, au juste, dans La Radiolina ? Ne soyons pas de mauvaise foi : du nouveau, il y en a... un tout petit peu. L'utilisation un peu plus prononcée des guitares électriques par exemple. L'arrivée tonitruante des sirènes et de quelques autres samples disséminés généreusement tout au long de l'album. Une chanson en italien. Et... c'est à peu près tout.

Car La Radiolina, c'est surtout un disque qui donne à l'auditeur le sentiment d'avoir été victime d'une gigantesque supercherie. Entre les bouts de textes mille fois ressassés, les paroles de chansons entièrement reprises des albums précédents (voir Besoin de la lune, qui reprend les paroles de J'ai besoin de la lune dans une version musicalement (encore) plus pauvre), les chansons qui n'ont musicalement plus rien à dire passées les 20 premières secondes (pas étonnant dès lors que la plupart soient très courtes), les bribes de mélodies qui reviennent à l'envi d'un titre à l'autre et des bonus tracks qui ne sont à peu de chose près que des chansons de l'album dont les paroles ont été changées, on se demande si Manu Chao ne se serait pas laissé pousser un sérieux poil dans la main.

Parfois, la bonne vieille recette fonctionne malgré tout : Rainin in Paradize en est la preuve. La rythmique qui gigote, la guitare qui tricote, le refrain qui accroche, les bruitages de sirènes qui donnent encore un peu plus de peps à l'ensemble, tous les ingrédients sont réunis et l'alchimie fonctionne à la perfection. Tristeza Maleza marche aussi, avec ses chœurs et sa section de cuivres bien présente. Section de cuivres qui, à chaque fois qu'elle fait son apparition, apporte un relief indéniable aux chansons qu'elle agrémente, comme sur El Hoyo où elle fait merveille. Quelques mélodies, comme celles de Panik Panik, ou de 13 Dias par exemple, sont de véritables manifestes du style musical estampillé « Manu Chao » que tout le monde connaît désormais, patchwork musical, influences latines et rock et tout ce qui s'ensuit. Des titres qui laissent présager un régal en concert.

Et pourtant, comment se contenter de si peu ? Comment ne pas s'ennuyer en écoutant cette flopée de titres qui semblent se copier les uns sur les autres ? Musicalement, La Radiolina est d'une pauvreté désespérante. Là où Clandestino et même Proxima Estacion : Esperanza faisaient passer sans mal la basicité des compositions grâce à une énergie, un enthousiasme désarmants et des mélodies festives, tapageuses et fédératrices, La Radiolina manque tout simplement d'inspiration, souffrant de nombreuses plages trop lentes, dépourvues de tout refrain ou motif accrocheur.

Certains objecteront que Manu Chao est un chanteur militant, que ses textes délivrent un message à la naïveté assumée qui le rendent universel. Soit. Mais est-ce une raison suffisante pour bâcler sa musique de telle façon ? Malgré toute la sympathie qui émane du personnage et les bonnes intentions qui se dégagent de ses paroles, La Radiolina n'en demeure pas moins une grosse déception musicale...

Manu Chao - La Radiolina
01. 13 Dias
02. Tristeza Maleza
03. Politik Kills
04. Rainin In Paradize
05. Besoin De La Lune
06. El Kitapena
07. Me Llaaman Cale
08. A Cosa
09. The Bleedin Clown
10. Mundo Reves
11. El Hoyo
12. La Vida Tombola
13. Mala Fama
14. Panik Panik
15. Otro Mundo
16. Piccola Radiolina
17. Y Ahora Que?
18. Mama Cuchara
19. Siberia
20. Soñe Otro Mundo