Buckley (Jeff) - Live à l'Olympia
Musique / Critique - écrit par Filipe, le 07/11/2002 (
Nous sommes pratiquement deux ans avant que Jeff Buckley ne disparaisse de façon tragique dans les eaux de la Wolf River de Memphis. Et ces deux concerts donnés les 6 et 7 juillet aujourd'hui disponibles dans le commerce resteront à jamais d'intenses moments musicaux. Des moments de pure fantaisie, de lyrisme exacerbé, de poésie romantique, de mélodies passionnées.
Jeff Buckley n'a jamais compris pourquoi le public français l'appréciait autant. Il rêvait de ce moment passé en tête-à-tête avec Paris. Il rêvait de ce concert à l'époque de ses tournées en solitaire dans des clubs intimistes de New York, où déjà sa voix faisait le bonheur de ceux qui avaient la chance d'y être. Grace, son premier album, date de 1994. A l'époque, il est aux côtés de Mick Grondahl, le bassiste, Matt Johnson, le batteur, et de Andy Wallace, le producteur. Cet album contient entre autres chefs-d'oeuvre, les titres Grace, Last Goodbye et So Real ainsi que la célébrissime reprise de Leonard Cohen, Hallelujah. Mystery White Boy, oeuvre posthume, reprend les titres joués pendant la tournée mondiale de 1994-1995. Live at Sin-é, Live from the Bataclan et Live à l'Olympia sont trois autres albums-souvenirs majeurs.
Ce dernier Live à l'Olympia propose certains des morceaux qui firent la renommée de Jeff Buckley : le somptueux Hallelujah, où l'émotion du public et du chanteur est presque palpable ; Grace, le premier de tous ses morceaux et Eternal Life. Mais les autres titres valent la peine.
D'abord, il y a sa voix. Jeff Buckley a été touché par la grâce. Sa voix est un flux de sentiments. La mélancolie. L'allégresse. Le chagrin. La gratitude. Ensuite, il y a sa guitare. Son toucher, son style. En ressortent des accords d'un rock adouci, tendre, parfois joyeusement débile ou tendrement délicat. Il y a sa guitare et aucun autre instrument. Enfin, il y a toute une ambiance indescriptible avec de simples mots. Une ambiance de respect mutuel entre Lui et son public. Le silence qui règne sur Hallelujah est le point culminant du CD.
"Je n'ai pas envie d'être dépassé par ma réputation, mais d'être seulement jugé sur mes chansons. Je veux que les gens viennent à moi par choix et pas sur ordre de la mode. Ma place, ce n'est pas dans les magazines, mais sur scène, face au public, d'homme à homme. Là, il se passe vraiment quelque chose. Le reste n'est que du baratin." (Jeff Buckley)