Bruno Maman - Concert au Bataclan

/ Compte-rendu de concert - écrit par juro, le 12/05/2006

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Soirée instable pour un jour dégoulinant de crachin parisien mais qu'importe ! Même la météo capricieuse n'a pas eu raison d'un petit troupeau d'amateurs de
musique venus se délecter d'un concert au goût d'international au Bataclan. La superbe salle spacieuse du Boulevard Voltaire accueille en son sein deux artistes que tout opposent : Lola Lafon et Bruno Maman. Si le second constitue l'affiche, c'est bien la première qui est attendue car d'un point de vue strictement personnel, son album constitue l'une des révélations de cette année. Beaucoup d'attente d'un côté, peu de l'autre car la naïveté à fleur de peau dégagé par l'interprète masculin de la soirée ne convainc que par instants. Et pourtant, comme si un microclimat s'était abattu sur le Bataclan, le show s'est avéré surprenant...

Dans la discrétion la plus infime Lola Lafon & Leva s'installent sur scène. Dans une indifférence quasi générale pour le fond de salle constamment bruyant au cours de la soirée. Difficile mission d'assurer une première partie face à un public assis et ne connaissant visiblement pas les compositions du capharnaüm franco-roumain. Les titres de Lola Lafon flirtent méchamment avec une nostalgie certaine et beaucoup d'espoir malgré le malheur ambiant. L'interprète est plein de charisme malgré son stoïcisme face au micro et joue de sa voix pour emmener dans un voyage bohême vers l'est. Avec Christian Olivier des Têtes Raides venu prêter main forte sur L'euro, L'OTAN et l'atome, le groupe assurera l'essentiel des principaux titres de Grandir à l'envers de rien en une trentaine de minutes. Mon âme demeure incontestablement un moment très fort d'émotions, le charme slave agissant à merveille. Dommage que le Paint it, black version roumaine n'ait pas été interprété, une telle curiosité aurait valu le détour... Le groupe s'éclipse un peu comme il était apparu. Intéressant mais une impression d'inachevé demeure.

La mise en scène de Bruno Maman se révèle bien plus théâtrale. Arrivé dans le
noir, éclairé par un faisceau de lumière, le revenant dans le monde musical est accueilli en quasi-héros par une salle toute acquise à sa cause. Salué par des cris, Bruno Maman opère entre finesse, intensité, naïveté, mièvrerie et sourire. Le mélange déconcertant de l'ensemble rappelle un peu l'album inégal. Heureusement, le jeu de scène de l'artiste et l'ambiance sans temps mort de sa prestation joue en sa faveur. Partageant intégralement son plaisir à être sur scène, l'artiste fait part d'un show bien rodé dans lequel il multiplie les buff de guitare, passages mode crooner dans le style d'un dandy dégingandé, saupoudrés de passages reggae et free jazz. Certains titres passent définitivement mieux que d'autres : Trop lâche prend des airs remarquables alors que Si c'est Dieu qui veut ça ou Naïf restent bel et bien peu agréables.
De surprise en surprise, tambour et accordéon s'invitent aux côtés d'instruments africains mais ce sont surtout les projections vidéo sur écran géant qui laisseront un goût dubitatif. 50-50 serait une impression plus juste. Des photos de femmes algériennes pour illustrer un titre fort contraste définitivement avec le film pathétique et larmoyant de Dans tes yeux. Néanmoins, l'ensemble se révèle correct, l'artiste reprenant des anciens titres de son répertoire et faisant monter sa compagne sur scène pour des duos assez touchants.

Des textes engagés aux bons sentiments, la soirée présentait de multiples aspects et dans la tempête d'émotions du soir, le spectateur ressortait benoîtement avec l'impression d'avoir assisté à un concert sympathique dans son ensemble avant de repartir combattre les foudres du crachin...


P.S : "les chaises ne sont pas très confortables" restera la phrase de cette soirée. (coucou à son auteure)