4/10Björk - Selmasongs

/ Critique - écrit par camite, le 11/09/2004
Notre verdict : 4/10 - Breaking the mouaif (Fiche technique)

Tags : bjork eur etat selmasongs nouvelle album sealed

Comment appréhender un disque comme Selmasongs ? Sachant qu'il s'agit de la bande originale du film palmé d'or Dancer in the Dark, comédie pas franchement désopilante mais néanmoins musicale avec Björk en vedette, que penser ? Sept pistes, trente minutes, un peu court pour parler d'un véritable album de l'artiste islandaise. Simple produit dérivé ? Loin de moi l'idée de dénigrer le travail accompli, mais s'il existe bien un genre cinématographique où le disque l'a mauvaise, la comédie musicale se pose là. Car toutes réussies qu'elles puissent être, les chansons qui composent un musical de qualité perdent fatalement en impact sans leur mise en image (chorégraphies, mise en scène, montage...)

Mais admettons. Pour ma part, je me réjouirais plutôt de ne pas avoir à subir une nouvelle fois la réalisation Superbowl de Lars Von Trier ainsi que sa prise en otage du spectateur, acharnement sur une martyre atteinte de cécité en sus. So, listen. Overture, comme son nom l'indique assez bien, ouvre l'album comme le film. Mais là où les salles de cinéma avaient été mises à contribution pour lancer cette musique avant l'extinction des lumières, l'artifice disparaît et nous permet d'entendre que, hum, mouais, des thèmes comme celui-ci, on en a entendu un peu partout, hein mon gars. Limite Seigneur des Anneaux ou autre film un peu épique. Ça commence bien, tiens.

La suite est déjà plus réjouissante. Cvalda, du nom du personnage interprété par Catherine Deneuve (qui chante quelques lignes dans un anglais, disons, très français), explose assez facilement grâce à la conviction et à l'énergie de Björk, plutôt à l'aise dans ce registre enjoué. Musicalement, la reprise de bruitages industriels mêlés aux onomatopées de la vocaliste donne une touche originale et pertinente à l'ensemble. Derrière, l'ambiance retombe un peu brusquement avec I've Seen It All, morceau pas vilain pour autant, surtout que pour remplacer l'acteur Peter Stormare (bon acteur mais pas exactement grand chanteur), Björk a eu la bonne idée d'inviter Thom Yorke de Radiohead. Et ce n'est pas du luxe dans une atmosphère aussi déprimante.

Puis vient Scatterheart et son introduction en forme de boîte en musique. Tout fonctionne. Un peu trop bien même. Et là, ça ne manque pas, tout bascule à mi-parcours, ça y est, on a compris, elle va souffrir l'aveugle. Et plutôt deux fois qu'une. On n'est pas dans la « trilogie du sacrifice » du Danois pour rien. Parce que non seulement In The Musicals et 107 Steps nous remettent le nez dans le caractère excessif et sadique du film, mais révèlent en plus ce qui cloche quand même furieusement sur cette galette : Björk s'est occupé (et plutôt bien) de la musique, mais les textes sont signés Lars Von Trier. Et franchement, on n'y gagne moyennement au change. Rimes faciles, images cucul la praline, vision manichéenne et sans équivoque idéologiquement... mais où est-on exactement ? Dans un Disney mauvaise cuvée avec des chaises dansantes ?

New World, générique de fin, se veut porteuse d'un nouvel espoir, mais porte surtout aussi peu d'émotions que le visage de Jean-Claude Van Damme dans Risque Maximum. Ce qui, de toute évidence, n'était pas le but recherché. D'ailleurs, quel public recherche Selmasongs ? Les fans hardcore de Björk sans doute, et les spectateurs bouleversés par le film cauchemar de Von Trier (car il y en a eu). Au fait, Nicole aussi a fait des disques, ça valait pas le coup de la faire chanter dans Dogville ?