Arena (Luis Francesco) - Porcelain Tandem
Musique / Critique - écrit par Danorah, le 27/01/2008 (Des chansons folk classiques rehaussées d'arrangements de cordes ingénieux et captivants.
Quelques accords de guitare nonchalants, une voix ébréchée qui fait son apparition presque immédiatement : quand il s'agit d'ouvrir un album, Luis Francesco Arena n'y va pas par quatre chemins et vous plonge directement dans le bain de ses chansons folk, par ailleurs tout à fait efficaces et bien tournées. Une exposition in medias res (pour reprendre un terme littéraire particulièrement adapté à la situation) saisissante et qui parvient à capter l'oreille et l'attention. Premier bon point pour ce chanteur-compositeur... français - et oui, ne vous laissez pas berner par les consonances hispaniques de son nom d'artiste - dont Porcelain Tandem est le second album.
L'oreille étant éveillée et mise en appétit par le court et percutant Seven Birds, encore faut-il la tenir en haleine sur la longueur d'un album. Là encore, Luis Francesco, sa guitare et son quatuor à cordes s'en sortent plutôt bien. Car ici, point d'électricité : l'acoustique règne en maître sur cet album, parcouru d'un bout à l'autre de frottements, de pincements et de grattements de cordes. Le rôle prépondérant offert aux cordes constitue de ce fait le réel point fort de ce disque, par ailleurs parcouru de mélodies folk à l'intérêt assez inégal. Les violons dialoguent, se répondent, le violoncelle ronronne, la guitare harmonise, et les premiers titres de l'album exploitent des sonorités assez peu communes grâce à une utilisation très rythmique de la section de cordes frottées (voir Hard to Move et Under Red Lights).
Luis Francesco Arena Le songwriting ne manque pas d'une certaine élégance, alternant mélodies bucoliques (toujours ces cordes sur The Lion's Kiss), complaintes mélancoliques (Bastard Sons) ou couplets sautillants (On a Mission). Si la voix de Luis Francesco Arena se révèle parfaitement adaptée à l'humeur de ces courtes ritournelles, se faisant tour à tour caressante, percutante ou déchirante, l'adjonction d'une voix féminine sur Porcelain Tandem (forcément) peut se révéler à double tranchant. Celle de Camille Berthomier (John & Jehn) apporte à la fois douceur, rondeur et insécurité : la justesse n'est préservée que de... justesse.
Porcelain Tandem se conclut sur une note apaisée, avec un enchaînement de tempi plus lents qui pourraient, si l'on n'y prend garde, laisser filer l'attention. Ce qui serait dommage, puisque restent encore à découvrir la jolie et sombre Reckon the Haze, toute en sensibilité, ou encore The Soldier's Break, qui met fin à l'album avec lenteur, solennité et dépouillement.
Si ce deuxième album de Luis Francesco Arena souffre d'un léger manque d'entrain dans son milieu (Peanut Eye, On a Mission, Bastard Sons peinent à convaincre réellement), on ne peut nier que ses deux extrémités en font une production tout à fait appréciable, dans une veine folk classique rehaussée d'arrangements de cordes réellement admirables. Un songwriting raffiné et poétique vient compléter ce tableau, pour un bilan somme toute positif.
Luis Francesco Arena - Porcelain Tandem
01. 7 Birds
02. Hard to Move
03. Under Red Lights
04. Peanut Eye
05. The Lion's Kiss
06. On a Mission
07. Porcelain Tandem (feat. Jehn)
08. Bastard Sons
09. Reckon the Haze
10. Help
11. One Last Record
12. The Soldier's Break