AqME - Polaroïds & Pornographie
Musique / Critique - écrit par weirdkorn, le 15/04/2004 (
Un peu moins de deux ans après le très bon Sombres Efforts, AqME est de retour avec Polaroïds & Pornographie. La formation n'a pas changé entre les deux opus. Koma est au chant, Ben à la guitare, Charlotte à la basse et Etienne à la batterie. La réalisation a encore été assurée en Suède par Daniel Bergstrand à qui l'on doit aussi In Flames ou Meshuggah. Ainsi, aux premières notes, on reconnaît sans problème le son et la touche AqME, entre mélodie et métal puissant.
Sur ce point, on peut leur reprocher un manque d'évolution au niveau de la production. Les différences au niveau du son sont vraiment minimes entre les deux albums, ce qui est dommage. Par contre, on constate des changements au niveau musical. Alors que Sombres Efforts était assez néo-métal (Superstar, le rouge et le noir, ...) et mélancolique, Polaroïds & Pornographie, tout en conservant un côté atmosphérique est tourné vers un métal que l'on pourrait qualifier de plus traditionnel. Contrairement à ses petits camarades de la Team Nowhere, AqME n'a pas calmé le jeu. Cet album conserve aussi bien les moments tranquilles qu'énergiques. Seulement maintenant, pour les passages les plus énervés, les anciennes atmosphères néo s'orientent désormais vers du bourrinage de base. D'une manière générale, les rythmes de chaque chanson sont plus rapides, laissant un peu tomber les ambiances lourdes et dépressives du premier album. Koma maîtrise également mieux sa voix, celle-ci étant plus claire que d'habitude pour les parties chantées.
On retrouve sur Polaroïds & Pornographie le AqME que l'on connaît mais dans l'ensemble, je trouve le résultat moins réussi que Sombres Efforts. Les mélodies, les atmosphères et les paroles accrochent moins que dans le premier album. Ce n'est pas mauvais mais simplement moins bon. Superstar ou "Si" n'existe pas sont géniales à chanter et à pogoter. Tout à un détail près et Delicate & Saine instaurent une atmosphère sombre et lourde sans pareille. AqME a essayé de réunir les mêmes ingrédients mais la sauce prend moins bien. Aucun titre n'est un hit single digne de rester gravé dans nos têtes. Comparé à Sombres Efforts, l'album manque d'introspection et de noirceur. On ne retrouve pas l'ambiance agressive, tourmentée et mélancolique qui faisait le charme de leur premier opus.
Polaroïds & Pornographie commence pourtant de façon très encourageante avec Pornographie, une chanson 100% AqME grâce à ses couplets classiques et son refrain accrocheur. Puis vient le single A chaque seconde, un peu trop calme et formaté à mon goût mais dont j'adore les paroles. 3'38 s'ensuit comme la première chanson énervée mais le refrain gâche l'ensemble. Je n'ai d'ailleurs pas compris la fin (pourquoi la couper net ?). Vient alors Tes mots me manquent une chanson calme rappelant Tout à un détail près mais n'arrivant pas à recréer l'intensité de cette dernière. Le reste de l'album se résume à un mélange de ces chansons, à la fois douces, énervées, atmosphériques et accrocheuses. Malheureusement les titres calmes manquent de charme et les paroles ne me parlent pas forcément. Comprendre, être & ne pas être, ce que tu es sont sympathiques mais loin d'être transcendantes. La dernière chanson dénommée La réponse arrive à marquer les esprits par du bourrinage quasi-incessant proche d'un Pantera. Le batteur a bien dû s'amuser sur celle-là.
BMG a fait les choses bien avec l'édition collector de Polaroïds & Pornographie. On y retrouve une chanson dite inédite mais elle sonne tellement AqME que l'on se demande pourquoi elle n'est pas sur l'album. Cinq chansons live des Eurockéennes de Belfort 2003 sont également disponibles.
Au final Polaroïds & Pornographie n'atteint pas la même intensité que Sombres Efforts. Les fans ne seront cependant pas déçus. AqME évolue et fait toujours du AqME même si le résultat final s'avère moins prenant que le premier album. Cela dit, le groupe devra sûrement changer de réalisateur la prochaine fois parce qu'un troisième album avec le même son aura beaucoup de mal à passer.