Anaïs - Interview

/ Interview - écrit par Filipe, le 01/08/2006

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Interview de Anaïs

Samedi 8 juillet, deuxième jour des Solidays, conférence de presse d'Anaïs. L'artiste grenobloise, connue pour son humour décapant et ses thématiques très personnelles, a une toute petite mine.

Quand on écoute ton disque, on t'imagine jouant dans de petites salles, assez proches du public. Aujourd'hui, tu t'apprêtes à jouer dans le cadre d'un grand Festival. Est-ce que tu appréhendes ce moment ? Aborderas-tu ce concert différemment ?
Anaïs : C'est très différent et je me suis effectivement posé la question. Je pensais que ça risquait de ne pas passer, parce qu'il y a quand même ce côté intimiste. Et puis j'aime interpeller les gens. Mais en fait, ça le fait, ça demande juste de parler un peu différemment, de jouer un peu différemment. Et puis, ça s'est très bien passé aux Eurockéennes, qui est un très gros Festival, donc il n'y a pas de raison...

Quel est ton meilleur souvenir en tant qu'artiste en Festival ?
A : C'est le Festival "Voix de Fête" de Genève. Le programmateur a toujours misé sur les découvertes. Dès qu'il m'a découverte, il a essayé de m'incruster un peu partout, en ouverture d'ouverture de première partie de son Festival. Il a fait du bouche à oreille pour moi. Quand j'ai commencé mon Cheap show, quand j'ai arrêté mon groupe (ndlr : Opossum), ça a été une de mes premières dates. Je suis allée à Genève toute seule avec ma petite voiture, et ça m'a fait beaucoup de bien, ça m'a donné envie de continuer. J'ai joué dans un beau théâtre, les gens étaient surpris.

Et à l'inverse, quel serait ton pire souvenir ?
A : Mon pire souvenir...

Etre malade aux Solidays, par exemple ?
A : Alors ça, on verra demain (rires). Je vous le dirai en sortant. Je pense que c'est un Festival en Bretagne l'été dernier : ça s'est fini en grosse prise de tête avec mon manager, c'est un dur souvenir.

On parle de Festivals. On est ici aux Solidays, qui est un Festival militant. Es-tu ici plutôt pour le divertissement ou pour cet aspect-là ?
A : Oui, moi, je suis militante ! Enfin, je suis nulle dès qu'il faut parler politique ou autre, parce que je ne sais pas faire. Je suis une artiste. Mais bien sûr, je trouve lamentable tout ce qu'il se passe en Afrique. Mais je n'aime pas trop parler de ces choses-là, parce que je n'y arrive pas...

La cause des Solidays est-elle plus importante qu'une autre à tes yeux ?
A : Je pense que toutes les causes sont importantes. Mais c'est sûr que le Sida, c'est ce qui tue le plus de gens aujourd'hui, avec le paludisme. Mais ce n'est pas par le nombre de morts qu'il faut parler des causes, parce qu'elles sont toutes importantes.

Dans tes chansons, tu abordes des sujets sérieux, mais de façon assez humoristique. Est-ce que le Sida pourrait être pour toi une source d'inspiration, et si oui, traiterais-tu ce sujet de la même façon, avec le même humour ?
A : Je ne pense pas que j'y arriverais... encore que, je ne sais pas. Je ne pensais pas pouvoir faire les chansons que je fais depuis trois ans. Je ne sais pas trop comment j'en parlerais. Je crois que ce serait très subtil, et en même temps j'en parlerais comme de quelque chose de la vie de tous les jours. J'aime parler des choses proches, des choses qui nous entourent. Mais j'aime tellement faire rire les gens pour leur faire oublier tout ce qui est dur... que je n'aimerais pas faire de chansons sur ce thème.

J'ai vu que tu avais participé à des concerts contre le cancer. Te sens-tu simplement impliquée par ta présence, ce qui est important pour toi c'est d'être là et de chanter sans forcément en parler, ou c'est de dire ce que tu as à dire... Comment te places-tu par rapport à la cause ?
A : Bah voilà, moi je me place comme ça. Je suis chanteuse, j'écris mes petites chansons, qui font oublier la dureté de la vie, parce que je sais qu'il y a des choses atroces. Les Solidays sont là pour faire avancer les choses.

Envisages-tu dans un futur proche de toucher un public anglophone, type "cross over"... ?
A : "Oh, I'd love to..." (rires) Non, je ne sais pas trop. J'écrivais en anglais pour mon groupe d'avant. Sur mes nouvelles chansons pour mon prochain album, il y en a une ou deux en anglais. Après je ne sais pas si ce sera pour un "cross over" (rires). Mais si, comment est ce qu'on dit, si ça plait de l'autre côté, de l'autre côté de la Manche, pourquoi pas plus tard...

Tu parlais de ton prochain album. Où en es-tu de son écriture ? Y'a-t-il une date de sortie de prévue ?
A : Pfff... (rires) Nan, nan, nan, je suis encore en tournée du Cheap show jusqu'en novembre, et comme je ne suis pas très "fut fut", j'ai un peu de mal à me concentrer pour faire deux choses à la fois, je n'arrive pas à écrire, à me mettre vraiment à ce deuxième album. J'ai vraiment envie qu'il soit différent, et j'ai des idées très différentes. Avec musiciens, ça c'est sûr. Un nouvel album studio, ça aussi, c'est sûr. Mais je veux qu'il soit radicalement différent...

Il y a beaucoup d'artistes présents sur le Festival. Si on te proposait de partager la scène avec l'un d'entre eux, tu choisirais lequel ?
A : (soupirs) Je ne sais pas...

La programmation est écrite derrière toi, si ça peut t'aider... (rires)
A : Euhh... (parcourt la liste des yeux) Maceo Parker !

Et pourquoi donc ?
A : Ben, c'est de la soul pure. Histoire de me la pêter "soul woman" pendant cinq minutes, genre "et maintenant", "and now, Anaïs" et là j'arriverais... Ce serait génial. Même si je serais incapable d'assurer avec Maceo Parker.

Je pense à l'une de tes chansons, Rap collectif. Est-ce que tu aimes le rap ?
A : A ton avis ?

C'est tellement bien fait, bourré de subtilités, je me pose vraiment la question...
A : Bah oui, j'aime bien ! Je m'amuse avec beaucoup de choses. Je ne prétends pas être rappeuse. Par contre, j'espère que les rappeurs voient que j'ai bossé, que je n'ai pas du tout envie d'être ridicule, que je veux essayer d'assurer. J'ai beaucoup travaillé pour ma rythmique, je me suis inspirée de beaucoup de choses. J'adore le rap !

Est-ce que ta façon d'être sur scène correspond à ta personnalité ou est-ce que c'est un style que tu te donnes ?
A : Nan nan, je suis super "ironique" comme meuf... (rires) Tout ça fait partie de moi. Il n'y a aucun jeu derrière tout ça. Je ne me cache derrière rien du tout. C'est vraiment une façon d'être. Je force un peu les traits par endroits. Je voulais faire un spectacle un peu "rentre dedans". L'une des plus belles choses au monde, c'est particulièrement le contre-pied... Je pense que les nouvelles chansons iront un peu moins dans ce sens.

Tu feras bientôt deux dates à l'Olympia. N'as-tu pas peur que le public s'habitue à Anaïs, avec le disque, les petits trucs sur scène ?
A : Mais je n'ai peur de rien, moi ! De rien du tout, et surtout pas de lasser le public. C'est vrai que sur Christina, et sur tous les autres titres d'ailleurs, les gens connaîssent, réagissent...

Cette Christina, existe-t-elle vraiment ?
A : Il ne faut chercher à tout expliquer... il y a de l'autobiographie, il y a des choses inventées... c'est marrant de ne pas savoir !

Et à propos de Mon coeur mon amour, dis-nous, pour finir, que tu es quand même un peu fleur bleue...
A : Euhhh... (silence) bon, j'avoue (rires).


Nous tenons à remercier Anaïs, ainsi que les organisateurs du festival.