J'aime Patrick Sébastien... et j'assume

/ Critique - écrit par nazonfly, le 08/10/2014

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Pourquoi personne n'aime Patrick Sébastien. Ou plutôt pourquoi personne ne veut reconnaître que Patrick Sébastien est un monument de la chanson française. C'est sans doute un cas désespéré pour le lecteur de Krinein que je me dois de défendre dans ce modeste papier.

Roi des mariages, des troisièmes mi-temps et des beuveries honteuses (lesquelles regroupent bien entendu les deux précédentes catégories), Patrick Sébastien est assurément l'un des chanteurs les plus conspués, sans doute plus encore que l'abominable Francky « Enlarge ta vulgarité » Vincent. Pourtant il me faut l'avouer aujourd'hui et ici même, j'ai une grande admiration pour le trublion de la musique française.

Iä ! Iä ! Georges Brassens !

Quand on évoque la chanson française, on ne peut manquer de penser aux Grands Anciens qui se sont retirés dans une lointaine galaxie : les Brel, Brassens, Ferré hantent encore, des années après leur mort, les artistes français (comprenez ceux qui font la chanson française) qui sont, de fait, complètement anesthésiés par la référence inlassable à ces dieux vivants. En conséquence on trouve toujours typiquement deux types de chanson française : l'hommage constant plus ou moins appuyé à ces Grands Anciens et l'habituelle chansonnette d'amour aux textes tristes à mourir. Pourtant, ce double prisme ne saurait contenir la musique française puisqu'il reste de la place pour la chanson légère et futile. Même si l'on voudrait bien les oublier, La danse des canards, La salsa du démon ou Le curé de Camaret font aussi partie de l'histoire musicale française. Patrick Sébastien prend le parti de s'engouffrer dans cette chanson qui ne se prend pas au sérieux. Et quoiqu'on en dise, ce pari était très loin d'être réussi d'avance.


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Léger comme l'humour d'un rugbyman

Car faire de la chanson joyeuse n'est pas donné à tout le monde, même si un certain nombre d'auteurs parodiques ont pu vendre quelques disques dans cette lancée (Sébastien Patoche dernièrement ou Le festival Roblès il y a quelques années de cela). Dans son genre, ce que fait Patrick Sébastien est une véritable victoire : La fiesta, Le petit bonhomme en mousse, Tournez les serviettes ou dernièrement Les sardines sont entrées directement dans la mémoire collective populaire française. Pas de mariage sans un petit Tournez les serviettes, et même aux Eurockéennes chaque instant de foule était l'occasion d'entendre quelques petites Sardines entonnées ici et là. Je n'imagine même pas son influence dans les ferias ou autres troisièmes mi-temps de rugby ! Quel autre chanteur a su fédérer autant de personnes autour de ses musiques ? Finalement peu, très, très peu.


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Et même s'il faut bien évidemment reconnaître que les chansons de Sébastien sont liées à un certain contexte de festivités populaires (on n'imagine pas vraiment écouter son dernier opus, Ça va être ta fête seul chez soi), on ne peut nier que Patrick Sébastien est un monument de la chanson française qui mérite bien plus de reconnaissance que le léger sourire sarcastique qu'on veut bien lui offrir. À travers sa musique comme avec ses émissions, l'amuseur public qu'il est poursuit une certaine idée de la France qu'il serait franchement désolant de voir disparaître au profit d'une culture plus policée et tellement plus triste.