7/10Zone Libre, Casey et B. James, quand le pe-ra et le ke-ro collaborent

/ Critique - écrit par nazonfly, le 16/02/2011
Notre verdict : 7/10 - Comtes du KO (Fiche technique)

Tags : jazz blues musique album zone film casey

Il est noir comme l'autre était blanc. Il se renferme sur lui-même comme l'autre explosait à la gueule. Zone Libre et Casey remettent ça, et ils sont accompagnés par B. James pour un nouveau disque qui se complait dans la noirceur. Pas pour rien qu'il s'appelle Les contes du chaos.

Il est noir comme l'autre était blanc. Il est attendu comme l'autre était sorti dans la presque confidentialité. Voilà Zone Libre et Casey de retour après L'angle mort. Seul Hamé n'est pas de la partie, remplacé par B. James lui aussi issu de La Rumeur. Pas franchement une surprise puisqu'il remplaçait déjà Hamé, occupé par des études aux États-Unis, lors des dernières dates de la tournée de L'angle mort. C'est en tout cas la version officielle mais d'autres explications
DR. Tcho - Antidote
traînent sur le net. Toujours est-il qu'après la réussite du premier album, nous attendions avec impatience ce deuxième opus.

Ping-pong verbal

La pochette donne le ton de l'album qui se complait dans une noirceur maîtrisée. Là où L'angle mort explosait à la gueule de l'auditeur, Les contes du chaos se renferme sur lui-même et se laisser aller à ses plus sombres tendances. En cause l'arrivée de B. James évidemment que l'on ne pourra s'empêcher de comparer avec Hamé : sa voix est largement plus grave et sa diction moins saccadée. En conséquence, le rap du membre de La Rumeur serpente et s'insère comme un noir poison. Casey, elle, n'a rien perdu de la rage qu'on a pu une nouvelle fois constater sur Libérez la bête. Si l'association de Casey et B. James fait tonner le feu sur Toujours les mêmes où le ping-pong verbal des deux rappeurs est un régal auditif, leurs disparités permettent d'installer différentes ambiances, de l'éruption de À la seconde près à la revendication de Médiocratie.

Guitares saturées, batterie martiale

Pour épauler Casey et B. James, Zone Libre développe de multiples atmosphères. À la seconde près ou Toujours les mêmes reprennent les chemins électriques énervés qui ont fait le succès du premier album. Carnet de ma cage se lance dans un long final instrumental, sombre, rampant et poisseux où la batterie martiale et les guitares saturées sonnent carrément indus. La chanson éponyme multiplie ainsi les riffs bruités, cradingues comme une cave d'immeuble désaffecté soutenant le message de cités en déréliction. Haut-lieu du scabreux se termine dans une avalanche de sons déstructurés grondant
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comme le tonnerre. Zone Libre manie toujours aussi bien l'affrontement sonore que l'exploration musicale et continue d'exploser les barrières musicales.

Textes incisifs

La seule véritable déception du disque réside dans les textes. Même si Casey et B. James les signent tous deux, les passages où B. James prend la parole se complaisent parfois dans les tics désagréables des pires rappeurs français et laissent un sentiment déplaisant (Vengeance). On pourrait pardonner ces réflexes si les textes étaient à la hauteur. La comparaison avec L'angle mort est largement à l'avantage du premier album qui semble plus profond que Les contes du chaos. Pourtant cet opus ne manque pas de chansons incisives (Toujours les mêmes, Carnet de ma cage, La marque de la chaîne) qui versent peut-être dans la redite mais restent efficaces. Et comme le dit Casey, « Captifs 400 ans, libres 150, inutile que je détaille tous les comptes aujourd'hui ». Pour le reste, l'album semble parfois tomber dans la victimisation à outrance (Quartiers destructeurs, Si tu m'demandes), un écueil qu'évitait L'angle mort.

En choisissant de plonger dans la noirceur, ce nouvel album de Zone Libre, Casey et B. James perd le son percutant qui nous avait mis sur les genoux après l'écoute de L'angle mort. Ce changement est sans doute salutaire pour Zone Libre qui montre une nouvelle fois que le groupe n'hésite pas à se mettre en danger. Côté rap, si on peut regretter la diction de Hamé, B. James amène un aspect plus sombre et Casey est toujours dans une forme resplendissante.

Zone Libre vs Casey et B. James – Les contes du chaos

01. Vengeance
02. Quartiers destructeurs
03. Les contes du chaos
04. Si tu m'demandes
05. À la seconde près
06. Toujours les mêmes
07. Carnet de ma cage
08. Médiocratie
09. La marque de la chaîne
10. Haut lieu du scabreux
11. Ce que je suis
12. Aiguise-moi ça