8/10Zombie (Rob) - Educated Horses

/ Critique - écrit par Lestat, le 10/05/2006
Notre verdict : 8/10 - Return of living dead man (Fiche technique)

Une voix d'outre tombe, un look de barbare, des instruments possédés par le démon, yeah, Rob Zombie est de retour ! Non content de catapulter son univers sur celluloïd, voila que le chevelu nous sort un nouvel album sans crier gare. Retour à la cool pour le mort-vivant de l'indus, avec un album sobre jusque dans sa pochette. Fini les couleurs saturées, le maquillage et les dreadlocks passées en verts. Si le père Robert a toujours une tronche à faire fuir un sataniste, c'est en noir et blanc presque dépouillé qu'il l'affiche, tant en couverture qu'à l'intérieur du livret, où il pose en forêt (!) avec son groupe nouvellement constitué.

Rob Zombie a fait Educated Horses pour se marrer, c'est un fait et c'est lui le dit. A l'écoute, cet état d'esprit transparaît. La musique de Rob Zombie y apparaît décomplexée, plus épurée et toute proportions gardées moins furibarde. Pour tout dire, les meilleurs titres de l'albums sont les plages les plus calmes, dont l'ahurissant Death of it all, fausse ballade gouailleuse où le chanteur plasmodie une mélopée redoutable que l'on croirait sortie d'une version déglinguée d'House of 1000 Corpses. Moins "Rob Zombie", Rob Zombie ? C'est que l'on serait tenté de dire, quelques titres semblant même braconner sur les terres de Marilyn Manson, celui de Portrait of an American Family, ou d'Antichrist Superstar. Une constatation qui friserait la logique, Rob Zombie ayant recruté John 5, ex-guitariste du Révérend. Si le goût de la rythmique tapageuse et de la mélodie redondante sont toujours là, en témoignent le single funky Foxy Foxy, ou encore le très quelconque American Witch, Educated Horses devient petit à petit un album qui vagabonde, dont l'intro au piano annonce la couleur (noire). Moins prompt au brouhaha, Rob Zombie fait évoluer sa musique vers une sorte de métal/indus moins artificiel qu'à l'accoutumée. On ne pourra pas dire qu'un morceau ou un autre révolutionnera le genre, il n'empêche que quelque part, l'artiste en sort grandit. Voila que l'on redécouvre à Rob Zombie un sens de la composition et des performances vocales jusque là un peu noyés sous les machines. Le chanteur expérimente un brin, mais s'amuse toujours. Ses morceaux prennent un malin plaisir à partir dans tous les sens, dévier de leurs trajectoires initiales, comme l'énervé Let it All Bleed Out qui s'arrête en pleine montée pour un instant de calme avant de reprendre la tempête.

Du sang, des morts, des sorcières, un petit détour par Salem et un brin d'autopromo avec le bien nommé The Devil's Rejects, Educated Horses reste dans les grandes lignes de l'oeuvre de Rob Zombie, tout en apparaissant comme un album plus subtil et peut être plus éclectique qu'à l'accoutumé, un de ces albums où l'on se fait accueillir par un grattouillis de cithare avant de subir ces hurlements que l'on aime tant. Les parti-pris ayant leurs revers, ne manquent peut-être que quelques morceaux imparables, du calibre d'un Dragula, pour que le sabbat soit complet. Un disque pour le fun, profession de foi audacieuse et pourtant indiscutable une fois la galette écoutée. Un train fantôme où, tel Ozzy Osbourne dans le clip Dreamer, l'auditeur se fait prendre par la main pour pénétrer dans le monde sinistre et bigarré d'un chanteur qui se fait plaisir. Autant accepter l'invitation, il y a pire manière de combler 38 minutes...

1 Sawdust in the blood
2 American witch
3 Foxy Foxy
4 17 year locust
5 The scorpion sleeps
6 100 Ways
7 Let it all bleed out
8 Death of it all
9 Ride
10 The Devil's rejects
11 The Lords of Salem