The White Stripes - The White Stripes
Musique / Critique - écrit par ReZ, le 08/08/2003 (John Anthony Gillis, né à Detroit le 9 juillet 1975 est le dixième enfant de sa famille et le septième garçon. Très tôt, il se passionne pour la musique, et à l'âge de 11 ans commence à jouer de la batterie. Plus tard, il veut ajouter du piano et de la guitare à sa batterie et apprend donc tout seul à en jouer. Il aime Led Zeppelin et Cream mais la révélation est pour lui le premier album des Stooges qu'il considère comme un secret trop bien gardé. A l'âge de 18 ans il se prend de passion pour le blues grâce à Robert Johnson, style musical qui est toujours sa principale source d'inspiration.
Le 23 septembre 1997, John épouse Megan White et prend son nom de famille. Il lui apprend à jouer de la batterie pour former le groupe que l'on connaît aujourd'hui : The White Stripes. Les deux époux déclarent un jour lors d'un concert être frères et soeurs mais cette déclaration est démentie sur Internet, ce qui donne lieu à toutes sortes de rumeurs (frère et soeur, mariés, divorcés, Meg est un robot....) Ils commencent à jouer dans de petites salles en 1997. Pendant ce temps, Jack (nom de scène de John) est batteur dans « Goober and Peas » et dans « 2 Star Tabernacle » , deux petits groupes de Detroit. Le groupe « The Go » le remarque et lui demande de jouer de la guitare pour eux, il accepte mais est très vite éjecté car le groupe pense que le public vient plus voir Jack White des White Stripes que The Go.
Après avoir sorti quelques titres passés assez inaperçus pour de petits labels, les Stripes signent chez Sympathy for the Record Industry où ils sortent « The Big Three Killed My Baby » , morceau agressif et accrocheur, très « vieux rock », avec un son minimaliste. Car minimaliste les White Stripes le sont, tirant leur nom d'un bonbon à la menthe rouge et blanc qui leur rappelle leur enfance, les membres du groupe sont d'ailleurs habillés en rouge et blanc, toujours dans ce style très minimaliste. D'ailleurs, les membres du groupe ne sont que deux, Jack et Meg, ce qui leur interdit d'avoir un bassiste, ajoutant encore à la simplicité de leur musique. C'est d'ailleurs peut-être cette spécificité qui les fait vendre des disques, les White Stripes sonnent vrai.
Ce bonbon à la menthe dont ils tirent leur nom ornera d'ailleurs leur premier album, éponyme, sorti en janvier 1999, dont la chanson « The Big Three Killed my Baby» occupera la troisième place. L'album débute avec le riff accrocheur de « Jimmy the Exploder », très rock, et mêle habilement de très bonnes reprises comme celle de « Breaking Down Blues » de Robert Johnson ou celle de « One More Cup of Coffee » de Bob Dylan, et des titres originaux explosifs comme « Broken Bricks » ou « Screwdriver ». La guitare énervée de Jack et la simplicité de la batterie de Meg rendent cet album vraiment original et percutant, de plus la voix de Jack s'adapte à tous les styles, du Garage Rock comme dans « The Big Three Killed My Baby » au Blues de « Sugar Never Tasted So Good » . Pourtant, l'album ne rencontre pas un grand succès.
Leur second album, De Stijl appelé ainsi en l'honneur d'un courant artistique minimaliste basé sur des formes et des couleurs simples (comme les White Stripes) créé par Gerrit Rietveld sort en Juin 2000. Débutant par l'excellent et déroutant « You're Pretty Good Looking (For A Girl) », cet album démontre encore une fois le génie de Jack White avec des titres de Blues comme « Apple Blossom » ou « Truth Doesn't Make A Noise » ainsi que la reprise de « Death Letter » de Son House, et de rock déjanté avec guitare désaccordée comme « Hello Operator » ou « Jumble, Jumble » qui vous ramène dans les années 60 et vous donnent envie d'y rester. Après cet album, la critique s'interesse de plus près à ce petit groupe de Detroit et The White Stripes commencent à connaître le succès en Angleterre. Certains journaux anglais vont jusqu'à comparer les Stripes aux Sex Pistols et Jack à Jimi Hendrix.
Mais le succès tombe sur le groupe à la sortie de leur troisième album White Blood Cells, succès principalement dû au titre « Fell in Love With a Girl » et à son clip, réalisé par le français Michel Gondry entièrement en LEGO. Ce clip reçoit trois prix aux MTV Video Music Award et est même nominé pour le meilleur clip de l'année, catégorie dans laquelle il perd, face à Eminem. Mais le succès de l'album ne repose pas seulement sur ce titre, on y trouve une succession de morceaux impressionnants comme « Dead Leaves and the Dirty Ground » dont la guitare et les paroles me laissent toujours bluffé, ou « Hotel Yorba », titre jovial et assez Rock-Folk avec des titres plus anecdotiques comme « Little Room » ou « I Think I Smell a Rat », qui n'en sont pas pour autant moins bons. Et on retrouve bien sur des titres Blues comme « Now Mary » ou « We're Going to be Friends », morceau simple et beau ayant la capacité de me rendre nostalgique. Cet album connaît un grand succès, et le groupe est très médiatisé après ses passages aux « MTV Video Music Awards » et au « Late Show with David Letterman ». Les Stripes étant effrayés par ce succès et ne désirant pas devenir un groupe commercial décident de refuser toutes les propositions qu'on leur fait. Ils sont ainsi fiers d'avoir refusé plusieurs millions de Dollars avec par exemple la première partie de Rob Zombie, une pub pour Gap ou la BO du film de Jim Carrey Bruce Almighty. Car comme le dit Jack : « Le jour où on vendra 10 millions d'albums comme Limp Bizkit ou Linkin Park, ça sera le signe qu'on sera vraiment devenu à chier ».
Pour se préserver de ce succès le groupe décide de s'imposer encore plus de contraintes pour leur nouvel album, ils vont donc l'enregistrer à Toe Rag Studios à Londres, studio qui ne possède pas d'équipement plus vieux que 1964. Ainsi, personne ne peut succomber à la tentation d'utiliser un ordinateur. L'album est enregistré en 10 jours (soit trois fois plus que les trois premiers) et Elephant sort le premier Avril 2003. Et la des les premières notes de « Seven Nation Army » l'enchantement fait effet, vous êtes transportés, le riff obsédant de la première chanson de l'album ne vous sortira plus de la tête. On enchaîne avec « Black Math » titre déchaîné et psychédélique. On a également droit à une plus qu'excellente reprise de « I Just Don't Know What To Do With Myself » de Burt Bacharach, génie musical pour Jack, ainsi qu'à une chanson douce et étrange, chantée par Meg « In The Cold Cold Night », assez obsédante également. On a ensuite encore un assortiment de titres Blues et Rock aussi bons les uns que les autres jusqu'au titre final « Well It's True That We Love One Another », chanson traitée sur le ton de la comédie, à trois voix avec Jack, Meg et la participation de Holly Golightly, très enjouée, contrastant avec le reste de l'album, et qui si elle n'est pas une excellente chanson au même titre que les autres, termine l'album de façon originale. Et la recette fonctionne encore, Elephant s'est très bien vendu, avec très peu de publicité et les Stripes détiennent le record de diffusion successives au Conan O'Brien Show.
Les White Stripes parviennent avec un minimum de moyens (ils n'utilisent même pas de techniciens lors de leurs concerts mais branchent leurs instruments eux-mêmes) à faire de la très bonne musique percutante et nous ramènent aux bases du rock. Les White Stripes sont une sorte d'anomalie dans la musique moderne et le fait qu'ils aient du succès semble anormal, mais qui s'en plaindra ?