7/10Les Tit' Nassels - Deux, trois trucs

/ Critique - écrit par Danorah, le 22/04/2008
Notre verdict : 7/10 - Chouette bidule (Fiche technique)

A la fois plus homogène musicalement, et plus inégal qualitativement que son prédécesseur, Deux, trois trucs contient tout de même son lot de petites pépites qu'on ne se lassera pas de si tôt d'écouter en boucle.

Les Tit'Nassels sont de retour ! Et si vous pensez qu'ils vont tout révolutionner... et bien repassez un autre jour. La révolution n'est pas pour aujourd'hui, mais à vrai dire, on s'en moque un peu. Si chaque album avait vocation à changer la face du monde, on ne s'en sortirait plus. Donc, reprenons : les Tit'Nassels sont de retour ! Et font ce qu'ils ont toujours fait, à savoir une jolie chanson française pas trop sérieuse, qui résonne de tintements cristallins et de rythmiques sautillantes. Peut-être pas aussi bien que Crac !, mais bien quand même.

Je t'aime...
Je t'aime...
D'ailleurs, pas besoin d'attendre 107 ans pour s'en convaincre : les quinze premières secondes de l'album suffisent pour se faire une idée relativement précise de l'intégralité de son contenu. Une rythmique bien marquée par la guitare acoustique, un joli thème entraînant égrené à la guitare électrique, un sifflotement par-dessus l'ensemble : on est en terrain connu, balisé, et loin d'être désagréable. Et s'il faut attendre le deuxième titre pour entendre poindre accordéon et xylophone, on en sera abondamment abreuvés par la suite, ce qui n'est pas non plus pour nous déplaire. Bref, instrumentalement, c'est du tout bon - même si moins varié que sur Crac !. Ca donne la pêche, ça bondit, ça ralentit parfois pour faire place à la mélancolie (mais pas trop), ça s'arrête, ça repart, ça reste toujours bien propre et bien carré (parfois un peu trop, et les éclats, et les orages, alors ?). Et même si la recette est classique, elle est suffisamment maîtrisée pour qu'on y adhère sans s'ennuyer. Surtout lorsque quelques discrets éclairs d'électricité s'invitent par-ci par-là pour donner un peu de volume à l'ensemble.

... moi non plus
... moi non plus
Le chant n'innove pas non plus, et mise toujours sur la dualité qui s'installe entre chant masculin et féminin. L'originalité des Tit'Nassels étant que la voix la plus frêle est celle... du chanteur, Axl, toujours armé de son timbre un peu ébréché qui convainc finalement plus que celui de sa partenaire, Sophie, parfois trop monolithique et manquant de nuance. Mais la véritable ombre au tableau, ce sont les textes, de qualité malheureusement inégale sur cet opus. Bien sûr, on craque littéralement pour la douce poésie de Mona et Mr l'horloger, pour le très beau La Figurante (en trio avec Kent) qui constitue l'un des sommets de l'album, ou encore pour Emmène-moi, réellement transportant, mais quelques autres sonnent un peu creux ou trop faciles : Poupée russe, se penche sans originalité sur le thème rabâché de l'anorexie, Soixante millions de... se veut sans doute plus critique et plus engagé que les textes habituels des Tit'Nassels mais manque singulièrement de mordant, Couci-couça et Tu reviens peinent à déclencher autre chose que des bâillements et L'usine à papa devient vite exaspérante... Bref, il semblerait que les Tit'Nassels se débrouillent mieux sur le créneau des textes quotidiens et intimistes (Deux, trois trucs et Faudra-t-il en sont deux jolis exemples) que sur celui de la critique sociale. On se demande d'ailleurs un peu ce que vient faire la reprise de la Chanson cri de Georges Moustaki sur cet album, et si l'effet bizarroïde produit par des arrangements joyeux et un chant encore une fois trop inexpressif sur ce texte grave est vraiment voulu et assumé.

A la fois plus homogène musicalement, et plus inégal qualitativement que son prédécesseur, Deux, trois trucs contient tout de même son lot de petites pépites qu'on ne se lassera pas de si tôt d'écouter en boucle. Les Tit'Nassels restent les Tit'Nassels, et ne risquent pas trop de renouveler leur auditorat avec ce nouvel album. Dommage que la courbe de progression ne soit pas aussi ascendante qu'on l'aurait souhaité, et que Deux, trois trucs souffre un peu de la comparaison avec le très bon album auquel il succède... Pour finir sur une note positive, un coup de chapeau cette fois encore à l'univers graphique dont est paré l'album, toujours aussi joli et poétique !