8/10Tiersen (Yann) - L'Absente

/ Critique - écrit par Filipe, le 29/03/2004
Notre verdict : 8/10 - Cinquième Opus. (Fiche technique)

Architecte de la dynamique sonore, Yann Tiersen est un redoutable compositeur, doué de la faculté de multi-instrumentalisme et cultivant sans relâche un art qui tend à disparaître au sein d'un milieu auquel il est pourtant enchaîné, de par la nature de son éducation musicale et l'innéité de ses penchants culturels : celui de la Discrétion et de l'Intimité.

Même si ses deux premiers albums (La Valse des Monstres, Rue des Cascades) passent inaperçus aux yeux du monde, les deux suivants (Le Phare, Tout est calme) inversent le cours de sa tranquille carrière. A travers certains de ses meilleurs arrangements, il participe à l'élaboration de plusieurs bandes originales de courts et de longs métrages, parmi lesquels La Vie Rêvée des Anges, Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain et Good Bye Lenin, et devient un membre actif de leur succès commercial.

Cinquième album, donc, L'Absente est un subtil mélange de compétences éparses, qui parvient dans l'ensemble à entretenir une apparence de sobriété, et ce malgré la présence d'une pléiade d'artistes notoires (Têtes Raides, Neil Hannon, Dominique A., Christian Quermalet...) et d'un orchestre symphonique viennois. Violon, violoncelle, alto, piano, clavecin, melodica, vibraphone, accordéon, toy piano, cloche... Yann Tiersen réquisitionne l'ensemble de ces sonorités pour y concevoir toutes sortes d'ambiances féeriques et d'univers parallèles totalement improbables dont il serait le seul et unique occupant. Plus que jamais, il est à la Musique ce que Tim Burton est au Septième Art.

Certains titres s'avèrent plus audacieux et significatifs que d'autres, parmi lesquels deux morceaux ayant servi à fabuloser le destin d'Amélie (A Quai, Les Jours Tristes), deux autres sections conjointement interprétées par l'actrice Natacha Regnier et Yann Tiersen en personne (L'Echec, Le Concert), ainsi que deux autres excellents segments co-écrits par les célèbres banlieusards scéniques que sont Christian Olivier et ses Têtes Raides (Le Jour d'Avant, La Lettre d'Explication). Notre rôle se cantonne ni plus ni moins à celui de simple spectateur.