7/10Thomas Fersen : mourir comme Félix Faure

/ Critique - écrit par nazonfly, le 20/03/2011
Notre verdict : 7/10 - Freakshow (Fiche technique)

Tags : jouis fersen thomas felix centenaire testi age

Thomas Fersen est au paradis. Un paradis peuplé non pas d'angelots débiles, mais plutôt de vampires, de loups-garous, de squelettes, de momies... Charmant n'est-ce pas ?

Avec son huitième album, Thomas Fersen est au paradis. Mais son paradis n'est pas peuplé d'angelots voletant bêtement ici et là. Au contraire, il ressemblerait plus à un livre de contes, voire à une saison des Contes de la Crypte. On croise ainsi un fou romantique aux dents acérées (Dracula), Barbe Bleue, des fantômes, des squelettes, une momie ou des loups-garous. Sans
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oublier une flopée de personnages hauts en couleur qui peuplent l'univers excentriques de Thomas Fersen.

Chaque titre est ainsi l'occasion pour le chanteur-compositeur de raconter une histoire, ici celle d'un centenaire encore vert (Félix), là celle d'un joueur de scie musicale (Le balafré), ailleurs celle d'un vagabond caché sous un jupon (Parfois au clair de lune). Ces tranches de vie, réelles ou imaginaires, sont dépeintes avec tendresse et humour, parfois avec un soupçon de tristesse mélancolique, mais toujours avec un talent d'écriture certain : on retiendra par exemple la phrase d'ouverture de J'suis mort, « Mon crâne est posé comme une pomme sur le serpent de ma colonne » ou encore l'excellent jeu de mot servant au prétexte de Sandra. Thomas Fersen puise ainsi son inspiration dans une phrase entendue, une idée ou encore un type rencontré au hasard. C'est ainsi que Dracula est né de la ressemblance évidente entre l'étui d'un ukulélé et un cercueil.

Pour accompagner le défilé de ces freaks de contes, Thomas Fersen chante
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doucement, jouant de sa voix douceâtre un brin râpeuse sur une musique elle aussi toute en douceur, ne s'énervant que sur la très grinçante et électrique Mathieu. Ce titre dépare franchement sur un album tranquille principalement porté par le piano et la guitare sèche, même si on retrouve ici et là des cordes (Sandra, Le balafré), un passage sifflé (La barbe bleue), une cornemuse (L'enfant sorcière au sujet difficile). À l'aide de ses amis instruments qui prennent vie dès la nuit venue, Fersen tisse ainsi un album magique, propre à charmer l'auditeur grâce à des morceaux qui fonctionnent particulièrement bien (Les loups-garous, J'suis mort, Le balafré).

Au cours de ces 12 titres, on suit les yeux fermés et avec une délectation certaine, le chemin que nous trace Fersen de sa voix doucement éraillée, une chemin qui, s'il ne nous conduit pas au paradis, est pavé de bien beaux morceaux. En tournée dans toute la France depuis janvier (et notamment à La Cigale du 26 ou 30 avril).

Thomas Fersen – Je suis au paradis
01. Dracula
02. La barbe bleue
03. Félix
04. Sandra
05. J'suis mort
06. Le balafré
07. Parfois au clair de lune
08. Mathieu
09. L'enfant sorcière
10. Une autre femme
11. Brouillard
12. Les loups-garous