8.5/10The Mars Volta - De-Loused In The Comatorium

/ Critique - écrit par Val Lazare, le 01/02/2004
Notre verdict : 8.5/10 - The Mars Volta (Fiche technique)

Qui a dit qu'il n'y avait que des robots sur Mars ? Il y a deux ans déjà, Jared Leto et ses 30 Seconds To Mars avait livré un album qui n'était pas passé inaperçu. Cet été, le terreau martien fut de nouveau malmené. Des cendres encore fumantes de At The Drive-In, Cedric Bixler et Omar Rodriguez ont élevé De-Loused In The Comatorium, caveau bluffant pour une planète stérile.
De là à dire que The Mars Volta est un ovni, il n'y a qu'un pas. Parce qu'il aura au moins fallu que les membres de Mars Volta quittent la terre pour mettre en son ce qu'ils avaient dans le ventre. De Loused In The Comatorium, comme son titre ne l'indique pas tout à fait, est un album-concept. L'histoire d'un homme voulant s'envoyer ad patres par overdose mais qui n'arrive qu'à s'enfermer dans un profond coma. Seul face à son inconscient, l'homme va affronter ses démons intérieurs pour émerger de son coma. Revenu parmi les vivants, il préférera néanmoins se suicider.
Cet homme a un nom -Julio Venegas- et il fut l'ami de Cedric et Omar. De-Loused In The Comatorium est donc l'hommage de deux compagnons à leur ami disparu.
On pouvait alors se demander comment nos deux anciens chevelus de At The Drive-In allaient s'y prendre pour ne pas tomber dans le voyeurisme morbide. Laissant de côté le métal aérien et punk de ATDI, Mars Volta s'est attaché à ne pas se fixer de règle. Sur une base de hard rock alternatif, l'album est un chaos contenu d'influence hardcore, grunge, et progressive.
De-Loused In The Comatorium est un dix piste. Si les deux premiers titres, Son Et Lumiere, Inertiatic Esp, font office d'introduction, le reste de l'album n'est plus composé que de pépites sonores dépassant bien souvent les six minutes. The Mars Volta se laisse alors facilement tomber dans l'introspection. Des titres à la rythmique et au son ravageur pouvant vous boxer les oreilles comme au meilleur des Queens Of The Stone Age, partent systématiquement vers des territoires lointains -quasi cosmiques- où le rythme planant et hypnotique le dispute aux riffs saturés et franchement grunges.

Le tout est d'une telle évidence qu'on reste frappé par cette idée : De-Loused In The Comatorium est un album monstrueux. Taillé à la hauteur de ses textes, De-Loused possède une force tragique absolument sincère. Si ses deux premiers titres vaguement confus ne posent qu'une ambiance, ce n'est que pour mieux vous faire rebondir sur le gros de l'album. Roulette Dares, troisième titre, dissipera vos maigres doutes pour vous faire entrer dans le vif du sujet... ou plutôt pour vous entrer dans le vif. Sur un début brinquebalant et complètement fumé, Cedric gueule ou plutôt chante sur un ton poussé (aucun hurlement ni rugissement sur cet album) puis sur un même signal, le rush hardcore laisse place à un rock qu'on ne pourrait qualifier que de solennel. La chanson se laisse dériver (Pink Floyd et les Doors ne sont pas bien loin), portée par un flux et reflux simplement stupéfiant qu'on retrouve sur la plupart des pistes. Le chant poussé devient complainte.

Force est de constater que De-Loused In The Comatorium est doté d'une unité qui fait de la majorité de ses titres des odes complexes qui n'en resteront pas moins accessibles au plus grand nombre. Tel un parasite férocement accroché à vos tripes et qui n'aspire qu'à vous communiquer son désespoir, l'album de Mars Volta est une merveille qui se clôt sur Take The Veil Cerpin Taxt, titre rageur qui ne laisse aucun doute sur ce dont il est question.

Gros coup de coeur.


1- Son Et Lumiere 1.35
2- Inertiatic Esp 4.39
3- Roulette Dares 7.30
4- Tira Me A Las Aranas 1.29
5- Drunkship Of Lanterns 7.06
6- Eriatarka 6.21
7-Cicatriz Esp 12.29
8- This Apparatus Must Be Unearthed 4.50
9- Televators 6.24
10- Take The Veil Cerpin Taxt 8.48