Sallie Ford & the sound outside - Dirty radio
Musique / Critique - écrit par nazonfly, le 20/12/2012 (
Attention ! Coup de cœur !
À peine avons-nous posé une oreille sur cette Dirty radio de Sallie Ford & the sound outside que nous avons été séduits. Séduits par cette voix
Bleu, bleu, bleunasillarde venue tout droit des années 50. Séduits par cette musique groovy et balancée là aussi aux forts accents du début des trente glorieuses. La recette est simplissime (une guitare, une batterie, une contrebasse et parfois un peu d'orgue) mais elle fonctionne rudement bien, notamment – mais c'est presque une évidence – grâce à la voix de Sallie Ford, une voix qui nous met tout de suite à genoux, dans une attitude de vénération extatique. Et même si on a l'impression de la patine du temps sur la musique de Sallie Ford, le clip de I swear est là pour nous rappeler que la bonne musique traverse (et traversera) toujours les âges, même si elle chante son dégoût pour la musique actuelle : « What have these people done to music » se lamente-t-elle dans ce même titre.
It all sounds the same
Et si on n'ira certainement pas aussi loin qu'elle, on peut être assez d'accord avec son « When I turn on the radio. It all sounds the same ».
Sallie triste de ne pas avoir rencontré HarrieSallie Ford et ses musiciens sonnent différemment de la musique actuelle en revisitant rockabilly, soul, gospel, folk, whatever comme sur les excellents Poison milk ou Cage. Mais elle sait aussi s'extraire de ce carcan passéiste des fifties en ajoutant des éléments plus modernes (bien que ce terme soit sans doute un peu trop exagéré), comme par exemple sur Against the law qui, dans un final éreintant, semble nous arracher directement les entrailles dans une veine bruitiste assumée, loin, très loin de la douceur soyeuse et du violon caressant d'un Miles ou des dansants et sautillants Danger ou This crew.
Parmi ces 11 titres tous plus bons les uns que les autres, il y a évidemment une pépite, une chanson à fleur de peau, d'une tristesse et d'une densité incroyables. Thirteen years old, qui raconte l'histoire d'une jeune fille qui n'a pas pu pleurer à la mort de son père et qui se pose inlassablement la question (« Tell me why I couldn't cry »), est un pur moment d'empathie avec la personne que Sallie crée : malgré les apparences, ce n'est en effet apparemment pas elle le sujet du morceau.
Si vous en avez un peu assez d'être obligés de choisir aujourd'hui entre un rock pour hipster à moustache, une électro dansante, colorée mais sans imagination ou un rap qui verse dans l’auto-caricature et qu'au contraire, vous avez envie d'une musique qui sonne finalement très originale de nos jours, d'une musique qui vous prenne directement aux tripes, penchez-vous sur Sallie Ford & the sound outside. Et si cet album daté de 2011 vous a plu, vous attendrez sûrement le prochain opus prévu pour février 2013. Nous aussi.
En écoute : I swear
Sallie Ford & the sound outside – Dirty radio
01. I swear
02. Danger
03. Cage
04. Poison milk
05. Against the law
06. Thirteen years old
07. This crew
08. Write me a letter
09. Where did you go ?
10. Miles
11. Nightmares