8.5/10Rit - Sans tambour ni trompette

/ Critique - écrit par juro, le 20/10/2005
Notre verdict : 8.5/10 - Ritournelle (Fiche technique)

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Prendre sa guitare sèche et entamer un petit enchaînement de notes, rien de plus simple. Le faire avec talent n'est pas donné à n'importe qui. Rit n'est pas n'importe qui et sa démarche simple, inspirée du reggae et du blues (dans leurs expressions les plus minimalistes), reste tout simplement charmante et rafraîchissante. Auteur et compositeur de la quasi intégralité de son nouvel album, le jeune homme est resté un moment dans le sillage de Zenzile avant de déployer ses ailes pour devenir l'homme orchestre qui parvient à rendre admirable un album Sans tambour ni trompette.

Humaniste jusqu'au bout des ongles, Rit souffle des textes passionnés. Sans jeux de mots ni métaphore aigue, juste avec des mots simples mais touchants, l'interprète se fait le porteur d'un message sur laquelle seule sa guitare fait écho. Quelques percussions, de légères notes d'harmonicas, des congas, de tout petits effets, de subtiles airs de flûte et bien d'autres surprises... L'ensemble de la composition laisse place à l'enthousiasme car si l'homme expose sa voix nue au feu des projecteurs, le rythme tranquille de ces titres donne un air reposant qu'il sublime par des textes qui coule comme de l'eau de source. Ces textes marquants et porteurs de sens permettent à Rit de marquer les esprits et de prêter une oreille attentive à sa déclamation. Militant convaincu, il évoque avec brio et sans aucune haine ni envolées lyriques des sujets tantôt graves, tantôt plus légers.

Le nostalgique Sur la colline constitue une excellente entrée en matière dans l'univers de Rit pour dénoncer le profit capitaliste. Sur la même voie, Bonsoir aux étoiles prouve que les changements de la condition humaine ont été minimes depuis quelques siècles, ce que La ballade Les pieds nus se plait à prolonger en réalisant une apologie de la liberté totale. Sur une intro de comptine, le somptueux Le naufragé flagelle les esprits avec un texte sur la condition des SDF qu'il prolonge avec l'instrumental Sur les flots. L'album est construit de telle manière à ce que les titres s'enchaînent à merveille, du grand art... Rit ajoute une pointe rock et fataliste sur Où va ce monde ? sur lequel il rappelle certaines causes d'un conflit guerrier proche avec intensité.

Plus léger, Rit sait aussi se faire tendre pour une chanson, rire ou du moins sourire (La goutte d'eau, Je latte avec ces quelques effets « psychédéliques »). Une reprise d'Antoine avec Pourquoi ces canons ? pour montrer un peu plus son pacifisme convaincu. Conclure avec le magnifique, naïf et nostalgique La vie était belle (et un morceau caché de bonne facture) permet de terminer sur une note un tantinet plus proche du sentiment d'espoir que de fatalisme, même si les deux se côtoient fréquemment chez Rit.

Derrière cette voix calme se cache un homme pensif et réfléchi sur ce monde en folie pour lequel il conserve tout de même une certaine note d'espoir et de foi en l'humanité ainsi qu'aux beautés et plaisirs simples. Un spectacle rare et profond, un brin nostalgique, qui séduit sans faire de vagues. Un presque sans faute qui se déguste sur la continuité.

Rit - Sans tambour ni trompette

01. Sur la colline
02. Bonsoir aux étoiles
03. Les pieds nus
04. Le naufragé
05. Sur les flots
06. Où va ce monde ?
07. La goutte d'eau
08. Fleur des champs
09. Pourquoi ces canons ?
10. Je latte
11. La vie était belle