3/10The Rasmus - Dead Letters

/ Critique - écrit par camite, le 14/02/2004
Notre verdict : 3/10 - Retour à l'envoyeur (Fiche technique)

Ils portent le bouc, le bonnet ou la capuche, posent avec des têtes de psychopathes sur la pochette et ont appelé leur cinquième album Dead Letters. Pour ceux dont l'imagination flemmarde, le livret donne l'explication : «Une lettre morte est une lettre qui na jamais été délivrée parce que la personne à qui elle s'adressait n'a pu être trouvée, et qui ne peut pas non plus être retournée à celui qui l'a écrite». C'est qu'on n'est pas là pour rigoler. «Ils», ce sont The Rasmus. Leur dernier album a de quoi provoquer la nausée à quiconque est dotée d'une audition correcte. Mais comment en est-on arrivé là ?

L'achat d'un disque, ça tient parfois à si peu de chose. L'avis positif d'une personne sympathique, par exemple. La présence du The que tout groupe branchouille se doit d'arborer comme une médaille en ce début de XXIe siècle. Un single roublard échappé d'une pub écoutée distraitement d'une oreille. Les accords de guitare à la hache, la voix sans âme du chanteur qui s'égosille sans jamais créer la moindre émotion, tout ce bruit gaspillé. In the Shadows sonne plus comme The Calling que comme The Strokes. En même temps, The Rasmus a sorti son premier album en 96. Leurs compatriotes finlandais, dont on ne doute pourtant pas du bon goût, leur ont rapidement fait un triomphe, portant le quator à cordes de potence en première partie des Red Hot Chili Peppers, Garbage ou... Roxette. Hé oué, tout de suite, ça calme hein.

Aujourd'hui portés par un tube que chaque écoute rapproche un peu plus de l'exaspération absolue, les Rasmus sont surtout responsables d'un album qui compile tout ce que le rock américain a produit de pire ces dernières années, des solos gémissants du Metallica période variétoche aux riffs bourrins des Rage against the Machine, en passant par le chant faussement torturé du punk light sauce MTV. Sans parler d'un redoutable accent dans le phrasé. La track-list, vous l'aurez deviné, est à l'avenant.

Ça commence à un train de bûcheron avec First Day of my Life, balance le single rapidement pour appâter le chaland puis enchaîne avec des textes d'une totale indigence. A mi chemin, Time to Burn surprend grâce à quelques astuces qui en font probablement la chanson la moins nulle de l'album, du moins en apparence. Mais la mince lueur d'espoir retombe immédiatement avec Guilty, ses WOHO et YEAHEA du plus mauvais goût, ou The One I Love qui rappelle plus R.E.M. par son titre que par sa qualité. Quant à Back in the Picture, on ne lui voit guère d'avenir possible si ce n'est la BO de Friends, ce qui situe le niveau décidément au ras des pâquerettes de ce disque qui se termine sur une Funeral Song bien à propos.

Si vos goûts de luxe vous poussent à avoir un lecteur de CD dans vos toilettes, Dead Letters a toutes les chances de coller durablement à la platine en période de constipation. En ce qui me concerne, il va rapidement se voir offrir une seconde chance sur le marché de l'occasion.