7/10Palaniuk Opéra - 69, rue des Bons Enfants

/ Critique - écrit par juro, le 09/03/2005
Notre verdict : 7/10 - Concerto corrosif (Fiche technique)

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En supprimant une lettre, on peut passer d'un écrivain américain auteur de best seller à un jeune groupe français. Le « H » possède souvent la vertu d'être muet, ce qui n'est pas le cas de Palaniuk Opéra, dont le nom est donc inspiré de l'auteur de Fight Club, Chuck Palahniuk. Le collectif rouennais nous gratifie d'un premier album corrosif sur la société intitulé 69, rue des Bons Enfants. Mais c'est seulement le titre qui pourrait être qualifié « bons enfants » car le reste est plutôt « 69 » avec un thème récurrent la relation homme/femme et d'autres beaucoup plus acerbe sur la face du monde et la société actuelle. Dans un mélange de rock, reggae-dub et rythme latins, Palaniuk Opéra détonne dans le paysage musical.

« Car l'absence de preuve n'est pas une preuve d'absence »

Avec ses onze titres, Palaniuk Opéra a déjà fait la première partie de Mr. Lab ! Un talent certain qui ne demande qu'à être reconnu à sa juste valeur. Et rapidement, l'immersion dans l'univers des normands prend forme avec une instrumentation diversifiée, résultat des multiples influences d'un groupe loin d'être conventionnel. A coup de rimes faisant mouche, c'est un univers particulier basé sur un rythme lent laissant une grande place au texte.

Les femmes représentent une obsession dans les textes de Simon Cordevant. Le voyage en Espagne avec trompette, percussions et guitare sèche donnent un charme indéniable à un titre ‘caliente' comme l'envoûtant Hispanic Sorcière, Ces Cils et sa montée en puissance dans un refrain qui s'enflamme comme l'envie de découvrir la demoiselle en question, Kaléidoscope possède aussi un charme particulier. Les rapports sont emprunts de chaleur et de rapports extrêmes, les relations difficiles, l'amour prend même une forme additive (Lululola).

Tordre les oreilles mais Palaniuk... (jeu de mot à oublier)

A l'inverse, la critique sociale est acerbe sur de nombreux titres inattendus à propos de thèmes difficiles comme la guerre ethnique au Rwanda (Déogratias), l'affaire Lewinsky (Monica Monröe), la remise en cause des croyances (Farfadet vs Jesus-Christ), l'existence humaine (En attendant les vers), l'homosexualité (Marteau Pic Coeur). Sans tomber dans la lourdeur de revendications ou de prises de tête pseudo philosophiques, c'est avec justesse que Palaniuk Opéra nous propose d'aborder une vision alternative, traité avec beaucoup d'intelligence. Par contre, le discours étant mis en valeur sur ces titres, l'instrumentation passe souvent au second plan.

Le chant posé et monocorde de Simon Cordevant aborde avec un certain détachement les sujets les plus divers sur des textes bien écrits avec beaucoup de bons mots et de bon sens. Certains titres sont de véritables histoires très bien tournés et arrangés sur les rapports humains si bien que les mots du booklet sans musique provoquent un effet aussi saisissant. Les derniers titres de l'album plus rock laisse exprimer un peu plus cette voix avec un timbre aisément identifiable.

Le groupe normand brise les conventions et nous offre un album convaincant qui ne devrait pas passer inaperçu avec une instrumentation riche et de superbes textes qui prennent chaque fois plus de sens lors de l'écoute. Palaniuk Opéra, une expérience, assurément !

Palaniuk Opéra - 69, rue des Bons Enfants

01 Hispanic Sorcière
02 Déogratias
03 Ces cils
04 Kaléidoscope
05 Monica Monröe
06 En attendant les vers
07 Farfadet vs Jesus-Christ
08 ...
09 Cycle aux vauriens
10 Marteau pic coeur
11 Lululola