The Craftmen Club - Eternal life

/ Craftmen Club (The) - Eternal life (voir la critique Krinein)

Où était passé The Craftmen Club ?

Les derniers signaux remontaient à la fin de la tournée de Thirty-Six Minutes, à l'été 2010. Passée par le Japon, la Hongrie et une substantielle partie des scènes françaises, elle a laissé le groupe sur les rotules.

L'accueil public et médiatique (Télérama, Les Inrocks...) aurait du en toute logique entraîner la sortie d'un nouvel album dès 2011 - mais il ne pouvait pas en être ainsi. Hors de question de poursuivre sur le même chemin.

Il fallait changer de direction. Descendre de la monture. Tourner le dos aux climats arides et crépusculaires, et passer à autre chose. Obstinément. S'enfoncer dans l'inconnu pour tenter de reconstruire.

Et pendant tout ce temps, assumer le silence et faire avec les forces centrifuges. Quitte à se perdre en chemin - ce fut le cas. Quitte à disparaître corps et âme - on en fut proche.

Un déclic manquait. Il s'est fait attendre, longtemps. Mais il est finalement arrivé. Et The Craftmen Club a fait sa mue.

Si l'on reconnaît encore la plupart des aspects de l'animal, il faut bien admettre qu'il a changé. Et qu'il s'est renforcé. Plus organique, avec désormais deux guitares dans l'équation. Plus mécanique, avec des machines qui vont jusqu'à donner les pulsations.

C'est bien le minimum pour affronter les climats hostiles dont témoignent les titres du prochain album (2013). Les moments de relâchement ne durent jamais bien longtemps dans ce court album enregistré dans l'urgence. Éclairé par d'immenses néons, il dépeint un monde froid, binaire, hanté par une peur primitive et instinctive. Des écrans omniprésents et attrayants, des images répétitives, des injonctions, une foule qui fait avec. Maintenir ce qui existe, avant tout. Résister à la panique. Obéir, en attendant. Se préparer dans l'ombre.

Et puis en sortir enfin : The Craftmen Club remonte vers la surface.