7/10Necronomicon - Invictus

/ Critique - écrit par Draly, le 18/03/2012
Notre verdict : 7/10 - Thrash old-school (Fiche technique)

Tags : invictus thrash album metal groupe necronomicon chronique

Il est là, je l’ai, enfin ! Le dernier Necronomicon !

Quoi, quoi, quoi ? Necronomicon ça vous dit rien? Ah… ben à moi non plus en Necronomicon - Invictus
Cheveux longs légèrement ondulésfait… Je dois avouer avoir plus été attiré par le nom du combo, en bon lecteur de Lovecraft, que par un quelconque historique glorieux. J’ai d’ailleurs profité de cette chronique pour jeter un œil sur les précédents méfaits du groupe, et ils ont de la bouteille, c’est des anciens les mecs ! 7 albums (celui-ci compris) dont le premier sorti en 86 : l’apogée du Thrash (avec un grand « T » monsieur) ! Alors comment se fait-il qu’une telle formation ne jouisse pas d’une meilleure promotion ? Quand on voit tout le foin fait pour la sortie d’un album aussi risible que le Death Magnetic (ah oui, là ça dénonce sévère…) ! Cette question a certes le mérite de se poser, mais finalement on comprend vite pourquoi… Pas qu’ils soient mauvais, loin de là (mis à part une technique qui fut parfois clairement insuffisante), c’est surtout que les ptits gars de la patrie de Kreator (Allemagne ! pauvre inculte !) se sont retrouvés totalement écrasés par la concurrence et n’ont pas été capable de proposer quelque chose de suffisamment original pour sortir leur épingle du jeu. Et pourtant ils persistent, et nous livrent en ce début d’année 2012 un nouvel album fort de toute l’expérience qu’ils ont pu accumuler ces 26 dernières années.

Mais laissons toutes ces considérations concernant le passé, et posons une vraie question : qu’en est-il du statut d’un groupe comme Necronomicon maintenant que quasiment tous les grands du Thrash se sont cassés la gueule ?

Thrash old-school

L’album s’ouvre sur un titre éponyme explosif qui fait montre d’une maîtrise Necronomicon - Invictus
Cheveux longs lisses
impressionnante. On nous propose un morceau de thrash old-school construit pour l’accroche : rythmique aux riffs assassins, batterie qui tabasse sévère, voix écorchée seyant parfaitement à l’ambiance générale … Ça joue vite, c’est puissant, et ça donne sacrément envie de headbanger. On tient là un des gros points forts de Necronomicon : il n’y a pas de temps mort ! Tout l’album est basé sur une succession de riffs ultra efficaces, si bien qu’aucune pièce n’est en dessous des autres. Se pose alors la question de la longévité d’un tel album, une telle usine à riffs ne finirait-elle pas par se répéter, voire par lasser ? On pourrait légitimement se demander s’il est humainement possible de supporter et d'apprécier 55 minutes d’essorage de la part d’un seul et même rouleau compresseur.

Ce qui me permet d’aborder le second avantage des Teutons : la construction des morceaux. Les messieurs savent ménager leurs effets : on décélère, on tempère le thrash avec des plans tout droit sortis de la New Wave Of British Heavy Metal pour ainsi mieux marteler un riff bien trouvé et mélodique. Ils savent casser la linéarité de leurs titres par des breaks improbables, initiative qu’on ne peut qu’applaudir dans un style rempli de formations souvent trop lisses et formatées. Enfin, ils savent aérer leur musique à l’aide de soli bourrés de feeling (Before the Curtain Falls).

Thrash old-school

Et malgré tout, l’album peut aussi se lire différemment. En effet Necronomicon Necronomicon - Invictus
Cheveux longs qui se cachent
surprend par son style déconneur à la limite de l’auto-parodie (sans dec’ vous pensiez vraiment que cette pochette immonde avait pour but de faire fuir les grands-mères ?). Je parlais tout à l’heure de breaks « improbables », qui n’auraient en temps normal rien à foutre là mais s’insèrent finalement très bien… Mais à cela il faut ajouter des intros kitschounes (cf l’orage sur Invictus, le clavier qui arrive de nulle part sur Bloody Bastards, Upon Black Wings… ), une coda ridicule ainsi qu’une évidente course à la surenchère (dans un style qui est déjà mu par la surenchère). Surenchère dans les effets, dans les chœurs, dans la voix éraillée, dans la batterie, et même dans les intermèdes… Finalement malgré un aspect pseudo-dark (genre maison hantée horrifico-ridicule) porté par les riffs et l’ambiance, on ne peut s’empêcher d’afficher un petit sourire en coin à l’écoute de cet album.

Mon Dieu, mais ces Allemands n’ont donc aucun défaut ? Malheureusement si, et il réside en leur trop grand savoir-faire. Le combo affiche une très (trop ?) grande maîtrise, ce qui ne peut se faire qu’au détriment d’une réelle spontanéité. Ils officient dans un thrash que je qualifierais de référentiel, dans le sens où l’album est bourré de clins d’œil, voulus ou non, aux poncifs du genre (d’où l’intérêt de faire dans l’auto-parodie ?). On a le côté déconne à la Anthrax, la power-ballad à la Megadeth (Before the Curtain Falls), des riffs qu’on croirait tout droit sorti de chez Maiden (break sur Uncoquered)… On sent aussi une légère influence Destruction tout au long de l’album, et Slayer fait son apparition sur quelques titres (comparez Face to the Wall à Dead Skin Mask par exemple). Le tout est par contre rendu plus propre et accessible grâce à une production absolument énorme (que les trve thrasheux se rassurent, ça ne nuit pas à l’immersion).

Old-school thrash

Je noterais aussi un autre léger défaut (que certains considéreront comme fortuit et non recevable, ce que je conçois parfaitement) d’ordre générationnel : ils ont 25 ans de retard ! Toute œuvre s’inscrit dans un contexte et je ne suis pas convaincu que 2012 soit le contexte le plus adapté et propice à ce genre de thrash old-school… (encore une fois est-ce par nostalgie ? déni ? parodie ?)

En définitive comment peut-on décrire les Allemands de Nécronomicon ? Un retour aux sources somme toute, me direz-vous ? Pas tout à fait, la faute à un certain recul des musiciens (qui ont l’air de s’éclater au passage ! Et ça, c’est cool ! on n'a plus l’habitude…). Une (r)évolution du genre, alors ? Non plus… Seulement une leçon de Thrash old-school menée de façon magistrale du début à la fin ! On ne criera pas au génie, car génie il n’y a pas chez Nécronomicon, « juste » une maîtrise quasi parfaite du genre pour un album qui fait autant l’effet d’un vent de fraicheur pour un genre nécrosé qu’il est révélateur d’un tel état. Une musique qui ravira aussi bien les amateurs (heureux de retrouver le Thrash d’antan) que les néophytes !

(Au passage, dans le cas où vous connaitriez déjà la formation, je ne pourrais que m’incliner devant l’étendue de votre culture. Bravo !)

Necronomicon - Invictus

01. Invictus
02. Unleashed
03. Bloody bastards
04. Thoughts running free
05. Unconquered
06. Upon black wings
07. Face to the wall
08. Pandora's box
09. Before the curtain falls
10. Possessed by evil (2011)