9/10Melissmell a comme une odeur de Teen spirit

/ Critique - écrit par nazonfly, le 18/01/2011
Notre verdict : 9/10 - De la mélisse en barre (Fiche technique)

Tags : melissmell comme armes album ecoute chanson voix

La poésie de Melissmell fusionne le poing levé de la contestation avec une sensibilité toute féminine où transparaît l'amour, la nostalgie. Auteure talentueuse, Melissmell est aussi une chanteuse hors pair qui entraîne l'auditeur à sa suite. Aux armes, aux armes etc !

Les nouveaux Bertrand Cantat, c'est un peu comme les nouveaux Zidane : on en trouve des pelletés et nombreux sont les agents peu scrupuleux qui nous vendent leur protégé comme le futur remplaçant de la légende. Et finalement rares sont les nouveaux Cantat, les nouveaux Zidane qui tiennent la route et qui se révèlent atteindre, ne serait-ce que la cheville de leurs glorieux aînés. C'est donc avec un certain détachement que nous avons écouté Melissmell, estampillée ici ou là comme une Cantat au féminin (mais pas par le service presse, précisons-le). Pourtant, le premier album de la désormais Strasbourgeoise, Écoute s'il pleut, la pose plutôt en héritière de Brel ou de Brassens.

Poing levé


La victoire en chantant
Certes, en appelant Aux armes dans un premier titre qui rappelle la version reggae de Serge Gainsbourg, Melissmell se range dès l'entrée de son album parmi les contestataires qui se battent contre la ploutocratie et qui réclament plus de liberté, plus d'égalité et évidemment plus de fraternité : « C'est la lutte finale, un combat d'initiés ». Les enfants de la crise enfonce un peu plus le clou en espérant que les voix qui montent referont le monde. Comme un vœu pieux. Cependant, quand on découvre plus en avant l'album, le personnage de Melissmell se révèle plus complexe qu'une simple pasionaria. Qu'elle évoque son passé et les souvenirs de sa maman avec la splendide Je me souviens, qu'elle supplie un amour évadé, envolé (Viens), qu'elle se lance dans une chanson sans prétention aux multiples jeux de mots (Le mouton), elle est d'une sensibilité à fleur de peau sans pour autant verser dans le trop plein de patos. Car, comme elle le dit, « par la colère, on ne fait rien passer. Avec de l'ironie par contre... C'est Brel qui me l'a appris. » Brel, une nouvelle fois, qui revient comme un fantôme protecteur sur ce premier album.

Voix élevée


Le petit zinzin de Melissmell
Musicalement, ce premier album prend de multiples directions toujours portées par la voix aux multiples facettes de Melissmell. Si l'on excepte les deux intermèdes boîte-à-musique (Glouton et Goûte), la voix s'accorde parfaitement avec la musique : sa douceur se met au diapason du violoncelle de Aux armes puis éclate avec les guitares sur le refrain revendicatif, son spleen aux bords des larmes pleure avec le piano de Je me souviens, son ton guilleret sautille avec la ritournelle de Le mouton, son hurlement bertrancantesque résonne sur le final très noirdésirien de Sens ma fatigue. La talentueuse Melissmell, en plus de cette voix inimitable, a aussi une faculté naturelle d'écrire des paroles qui, en empruntant le Aux armes etc de Gainsbourg, le vent mauvais et les feuilles mortes de Verlaine, les putains de Brel enracinent Écoute s'il pleut dans une tradition littéraire et musicale française séculaire.

Gainsbourg, Brel, Brassens, Cantat... tous les grands noms de la chanson à texte française, ou presque, semblent autant de pères pour cette jeune artiste. Melissmell se pose ainsi comme une formidable auteure qui parvient à trouver les mots qui font mouche, ceux qui touchent, ceux qui font sourire, mais elle est aussi une interprète de qualité. La boule de cristal de Krinein nous a d'ores et déjà assuré qu'elle fera son petit bonhomme de chemin.

Melissmell – Écoute s'il pleut
01. Aux armes
02. Je me souviens
03. Sobre la muerte
03b. Glouton
04. Écoute s'il pleut
05. Le mouton
06. Les enfants de la crise
06b. Goûte
07. Viens
08. Des nouvelles par les ondes
09. Le silence de l'agneau
10. Sens ma fatigue
11. Plutôt rêver
12. L'éveil