10/10McLachlan (Sarah) - Afterglow

/ Critique - écrit par camite, le 19/02/2004
Notre verdict : 10/10 - Un grand disque, par une grande artiste (Fiche technique)

Le cinquième album studio de la Canadienne Sarah McLachlan est sorti le 4 novembre dernier. Dit comme ça, évidemment, ça ne fait pas très actu brûlante dénichée en exclusivité internationale. Or, il se trouve que ce disque est un pur joyau et que la France, jamais en retard d'une pompeuse exception culturelle, n'a tout simplement rien senti passer. En effet, BMG n'a pas jugé bon de sortir Afterglow dans le pays de Kyo et de Vincent Delerm. Stupide ? Assurément.

Après deux efforts bien accueillis par le public canadien (Touch en 89 et Solace en 91), Sarah McLachlan franchit les frontières avec Fumbling Towards Ecstasy en 93, qui s'écoulera à cinq millions d'exemplaires. En 97, l'album Surfacing tourne en boucle sur les radios US, Moby en offre un exemplaire au président Clinton et la chanteuse lance Lilith Fair, un festival dont l'affiche ne regroupe que des artistes féminines. L'événement se reproduira deux ans de suite et accueillera quelques noms connus : Sheryl Crow, Heather Nova, Jewel, Fiona Apple... ou encore les Français Autour de Lucie.

Parallèlement à ses activités musicales, Sarah McLachlan mène quelques actions pour le moins féministes, par exemple en faisant irruption sur des tournages pornos pour y distribuer des tracts sur les droits des femmes. En 99, elle publie néanmoins un très beau live (Mirrorball), remporte son troisième Grammy Award puis disparaît momentanément de la circulation. Le monde change de siècle, le public découvre les artistes fabriqués à la télé et de jeunes chanteuses sortent les dents pour prendre la plus grosse part de gâteau possible (Dido, Norah Jones...)

Pour les auteurs compositrices « installées », une question se pose alors : comment rester dans le coup à l'époque d'Avril Lavigne et de la Star Academy ? Liz Phair, portée aux nues par la critique rock pour ses premiers albums extrêmement sexualisés, a douloureusement senti passer le retour de bâton l'an dernier avec son come-back calibré pour la bande FM et son relooking façon pétasse MTV.

Premier signe rassurant : Sarah McLachlan n'a pas cherché à ressembler à une autre qu'elle-même. Certes, les chansons ont été écrites au piano et non à la guitare comme auparavant, ce qui explique l'atmosphère globalement éthérée de l'ensemble. Mais les arrangements de Pierre Marchand (complice de longue date) mettent parfaitement en valeur la qualité des mélodies et des structures qui lient solidement les dix morceaux de la galette. Qu'il s'agisse de complaintes douces-amères (Fallen, World on Fire, Perfect Girl), de cris mélancoliques (Stupid) ou de ballades (Drifting, Dirty Little Secret), la dame s'illustre autant par la sobriété de ses moyens que par la justesse de leur emploi. Mention spéciale pour Train Wreck, qui évoque ce que Texas ferait si Texas écrivait de grandes chansons. La voix n'a rien perdu de sa superbe et musicalement, Sarah a gardé le meilleur de ses précédents travaux sans se contenter de le ressortir tel quel, privé de rattachement à la musique d'aujourd'hui.

Si la mention import ne vous rebute pas (et que vous ne faites pas d'allergie à la pop féminine), vous savez ce qu'il vous reste à faire...