8/10Massive Attack - Heligoland (version deluxe)

/ Critique - écrit par ozsy, le 27/05/2010
Notre verdict : 8/10 - Voyage dans les terres (Fiche technique)

Le nouvel album de Massive Attack est le sixième veritable opus de nos amis de Bristol. Les précurseurs du trip-hop ne sont pas morts. Heligoland sort ses griffes et déferle sur le monde.

Heligoland est le sixième album du groupe britannique Massive Attack. Anecdotiquement, le nom provient de l'archipel allemand Heligoland.ma94818_250 L'album est réalisé avec la participation de Horace Andy et des artistes suivants : Tunde Adebimpe, Damon Albarn, Hope Sandoval, Guy Garvey et Martina Topley-Bird. Il existe une version deluxe édulcorée de titres supplémentaires contenant 4 remixes de Breakage's Tight Rope, Gui Boratto, She Is Danger et de Ryuichi Sakamoto & Yukihiro Takahashi. Eh bien cela en fait du monde sur cette galette, et pas n'importe qui, du talentueux, jusqu'à nos remixers en guest star sur le deluxe édition.

Alors commencons : un album des Massive Attack ça s'attend toujours un peu, de plus en plus et puis on y croit plus, ça sait se faire oublier et puis les rumeurs grondent, la tension monte et ça arrive dans un fracas. C'est qu' un accouchement chez M.A. est toujours long et délicat. Mais l'essentiel est là, comme d'habitude pas de prématuré. Le temps de gestation est proche de celui d'un éléphant, le petit dernier est enfin arrivé. Alors, oublions un peu les guerres intestines qui ont tant freiné leur avancée, mettons de côté les effets marketing répétitifs, les fausses rumeurs colportées, et penchons-nous plus sur le sens réel de cette œuvre. Le premier constat est que la version deluxe, certes plus chère, est indispensable tant le travail qui y est fait est talentueux, aussi bien au niveau graphique qu'au niveau des remixes. Ces derniers ne sont pas là juste pour la garniture, afin d'orner l'album de titres inutiles supplémentaires, dont l'unique but est bien souvent de grossir grassement les tiroirs caisses. On y trouve une vision différente des morceaux traités et une autre magie que celle des versions originales s'opère.massiveattack_250 Il est donc indispensable de se procurer cette édition CD, qui ne fait qu'accroître la palette de nos deux british.

L'album, en lui-même, avait pour mission de prouver que le groupe n'était pas mort et que le passage à l'autre siècle n'avait pas à jamais éteint le feu du trip-hop anglais. Du moins, c'est sur ce point-là que tout le monde les attendait. La sortie du nouvel album de Portishead (proche parmi les proches) apportait déjà une preuve d'un souffle de vie persistant, d'un élément démontrant que le mana de Bristol subsistait encore. Mais il fallait attendre encore et prendre son mal en patience. Le suspense n'en fut que plus grand et la joie que plus intense. Force est de constater que nos deux comparses restent encore bien vivants et que le fluide du trip-hop, de l'électro et du talent coule bien encore dans leurs veines.

Cet opus nécessite plusieurs écoutes. En effet, l'oreille a besoin de se réhabituer afin de pouvoir gratter la couche et y découvrir un travail talentueux. Eh oui, parce qu'à la première lecture, on pourrait naturellement se dire que le groupe n'opère aucune révolution et que cela est à la limite un instantané réchauffé, sans goût ni saveur. massiveattack_250_02Que nenni, avec un peu de persévérance, vous pourrez ouvrir ou réouvrir les portes du temple, et vous faire accueillir par une chaleur de sons à la consonance organique qui vous rappelle au plaisir familier des Massive. De surcroît, nos artistes se sont employés à mélanger des sons numériques et analogiques, à créer un entrecroisement de sons froids et des sons plus chauds. L'emploi des sonorités de guitares acoustiques, de cuivres, de percussions nous transportent plus profondément dans leur univers. Alors c'est sûr, on peut toujours trier et commencer à parler de titres moins majeurs que d'autres, mais cet album n'est pas une course au meilleur. Certes, il y a des morceaux qui se détachent singulièrement : Pray for Rain ; Girl I Love You ; Saturday Come Slow ou bien encore Paradise Circus. Mais ceci n'enlève rien à la qualité du reste. C'est avant tout en une vision d'ensemble qu'il faut raisonner. On s'aperçoit alors que le travail, l'architecture et la composition y sont remarquables.

Les massives Attack sont entrés de plain-pied dans une nouvelle ère, en renaissant tel le phœnix, mais aussi en apportant la preuve d'une plus grande maturité dans tous les domaines. Laissons le temps au temps, et il est peut-être encore trop tôt pour parler ou pas d'une œuvre majeure, mais je ne serai pas surpris que cet album marque de manière forte les esprits, en imposant de manière définitive le son trip-hop anglais.

 

Massive Attack - Heligoland

01. Pray For Rain
02. Babel
03. Splitting the Atom
04. Girl I Love You
05. Psyche
06. Flat of the Blade
07. Paradise Circus
08. Rush Minute
09. Saturday Comes Slow
10. Atlas Air
11. Paradise Circus (Gui Boratto Remix)
12. Fatalism (Ryuichi Sakamoto & Yukihiro Takahashi)
13. Girl I Love You (She Is Danger Remix)
14. Paradise Circus (Breakage's Tight remix)
15. United Snakes
16. Pray for Rain (Tim Goldsworthy Remix)