7/10Marchand (Guy) - Emilio

/ Critique - écrit par Filipe, le 24/09/2005
Notre verdict : 7/10 - "Charmand" (Fiche technique)

Qui ne connaît pas Guy Marchand en tant qu'acteur ? Lui qui fit ses grands débuts au cinéma en 1971 sous la houlette de Robert Enrico dans Boulevard du rhum, aux côtés de Lino Ventura et Brigitte Bardot. Lui qui devint célèbre quatre ans plus tard grâce à Jean-Charles Tacchella et son Cousin, cousine. Ce film, qui lui valut sa réputation de "latin lover", bien avant que son nom ne figure au générique de nombreux autres films cultes du cinéma français : parmi eux, Loulou de Maurice Pialat, Garde à vue de Claude Miller et Coup de torchon de Bertrand Tavernier. Guy Marchand se fit plus rare dans les années 90, durant desquelles il se consacra davantage à la musique et à la télévision : ainsi, les plus jeunes d'entre nous se souviendront avant tout de lui en tant que Nestor Burma...

Guy Marchand est un grand monsieur du cinéma et un visage familier des séries du petit écran, que l'on a toujours plaisir à retrouver (récemment, c'était dans Trois femmes... un soir d'été). Mais ce que beaucoup de gens ignorent, c'est qu'il voue une passion immodérée à la musique, et ce depuis sa plus tendre enfance. Issu d'un milieu modeste, Guy Marchand a d'abord appris la clarinette en parfait autodidacte, et ce bien avant qu'il ne lorgne vers le cinéma. En 1965, soit six ans avant la sortie en salles Boulevard du Rhum, il se fait connaître en tant que compositeur grâce à La Passionata, un titre qu'il dit avoir écrit un jour de permission (à sa sortie, cette chanson se vend à plus de 300 000 exemplaires). Plus tard, ses chansons seront immortalisées par les égéries du moment : Nicoletta, Hervé Villard ou encore Régine. Destinée, sa reprise de Joe Dassin, accompagne les sous doués en vacances en 1982. Il préfère faire son numéro sur les planches des music-halls plutôt que de fréquenter les plateaux de tournage. Plus tard, en 1998, il enregistre un album : Nostalgitan. En 2001, c'est au tour de L'homme qui murmure à l'oreille des femmes d'être mis en vente. Pour toutes ces raisons, le public doit se faire à l'idée que Guy Marchand est un peu plus qu'un simple comédien d'opérette (ou de séries estivales). Ces dernières années, la musique semble avoir définitivement pris le pas sur le cinéma ou la télévision. En avril 2005, un nouvel album voit donc le jour. Il porte le prénom de son grand-père, Emilio.

Dans Emilio, Guy Marchand revisite une douzaine de chansons en espagnol, qu'il a certainement du fredonner un bon nombre de fois pendant ces trente dernières années. Parmi les plus classiques d'entre-elles, on retrouve avec plaisir Quien Sera et Amor Amor, deux titres à mettre à l'actif de leur compositeur, Pablo Beltran Ruiz. La Carioca de Vincent Youmans, qui fit les grandes heures de Farrugia et les siens, figure également à l'appel. Tango, mambo, boléro, bossa-nova et rumba sont des genres que Guy Marchand pratique depuis ses débuts. C'est donc sans aucun complexe qu'il aborde ces différents répertoires, en les irradiant de son timbre sulfureux. Chose rare et précieuse : à entendre sa voix de crooner à l'ancienne, on pense à ses idoles des premières heures : Frank Sinatra, Nat King Cole, Ray Charles et tous les autres. "Les gens ont envie d'entendre des chansons où le sang circule. Les gens ont toujours besoin d'émotion", aime-t-il s'entendre dire. Dans cette recherche d'authenticité, on découvre un Guy Marchand bien moins réservé qu'à l'accoutumée. Bien sûr, on retrouve l'homme de spectacle, au sens inné de la scène. Derrière cette voix, on se rappelle aussi de l'homme à femmes, dont l'élégance ne se discute plus depuis bien longtemps. Dans cette optique, les sulfureux Amor Amor et Con Mil Desanganos sont des titres qui lui collent tout particulièrement à la peau. Simplement, sur cet album, on le découvre tour à tour espiègle (El Manisero), émouvant (Tres Palabras) ou simplement rayonnant (Quizas Quizas). Quelque soit son humeur, sa bonne volonté est une véritable bénédiction pour les amateurs de musiques ensoleillées. Derrière son micro, on le sent ravi à l'idée de rendre cet hommage vibrant à ce florilège de compositeurs, dont les noms ne vous interpelleront peut-être pas, mais dont les chansons produiront à coup sûr en vous un sentiment de déjà-vu. Et qui sait, peut-être vous évoqueront-elles un souvenir agréable ?

Emilio consiste en un recueil de chansons latines brillamment orchestrées par Frédéric Manoukian, et interprétées de main de maître par un Guy Marchand au sommet de son art. A noter sur cet album la reprise de l'un de se plus grand succès, Moi je suis tango, une adaptation du célèbre Libertango composé par le génie argentin Astor Piazzolla. Un argument de plus pour rendre hommage à Emilio et sa douzaine d'incitations au voyage.


01 - Quien Sera
02 - Quizas Quizas
03 - Amor Amor
04 - Tres Palabras
05 - Eras
06 - El Manisero
07 - Perfidia
08 - Malagena
09 - Sabora Me
10 - Con Mil Desanganos
11 - Carioca
12 - Historia de un amor