Love (Courtney) - America's Sweetheart
Musique / Critique - écrit par camite, le 22/02/2004 (
Entre ses démêlées avec la justice américaine et sa vie chaotique de mère de famille toxicomane, la veuve Cobain aura finalement trouvé le temps de sortir son album solo, ironiquement intitulé America's Sweetheart.
Plus connue du grand public pour le suicide de son mari (Kurt Cobain, leader de Nirvana et de l'adolescence dépressive des années 90) que pour ses excellents états de service dans le rock américain, Courtney Love ne donnait pas vraiment l'impression de pouvoir revenir dignement dans le bain un jour. Il faut dire que la diva trash avait placé la barre très haut avec l'ultime album de son groupe Hole, Celebrity Skin (98). Après quelques expériences remarquées au cinéma (Larry Flint et Man on the Moon de Milos Forman), la dame annonce la création de Bastards !, son nouveau groupe de filles, mais ne sortira jamais rien avec. Plus récemment, Love a fait le bonheur des colonnes faits divers des journaux américains, entre détention de drogues et comportements douteux envers la police, jusqu'à perdre la garde de sa fille de onze ans.
Mais si vous le voulez bien, parlons musique. On retrouve au mixage de cet America's Sweetheart l'orfèvre Chis Lord-Alge, déjà à l'oeuvre sur Celebrity Skin, ce qui prouve par l'absurde que ce disque ne devait pas sa qualité qu'à sa production. Seule au monde sans un vrai groupe derrière elle, Courtney Love ne retrouve que par intermittence l'écriture inspirée qu'elle maîtrisait il y a six ans. Trop de temps passé le nez dans la poudreuse, comme l'attesterait Sunset Trip, complainte interminable sur les dessous du showbiz, ou la convaincante All the Drugs ? Hormis la dope, les chansons parlent essentiellement de leur auteur, sa place dans la musique d'aujourd'hui (le single Mono) et ses histoires d'amour foireuses. Mention spéciale dans ce registre pour Hold on to me (crescendos superbement agencés) et Almost Golden (chouette popsong électrique).
Hello rappelle la face ténébreuse de Hole, tout comme I'll do anything écrite sans honte avec les trois mêmes accords qui ont servi à Nirvana pour faire toute leur carrière. L'inarticulation du chant ne s'améliore guère avec le temps et atteint même des sommets sur une crépusculaire Life Despite God marmonnée dans sa barbe de duvet par la Courtney. Sur la longueur, les multiples ruptures de rythme fonctionnent malgré quelques flagrantes fautes de goût. Zeplin Song passerait pour une bonne parodie du Sk8er Boy d'Avril Lavigne si le résultat ne sonnait pas aussi insupportable que l'originale. Quant à Uncool et Never gonna be the same, elles risquent bien de redonner courage et crédibilité à toutes les Natalie Imbruglia de la marmite à soupe RTL2. Heureusement, Courtney a toujours autant de classe quoi qu'elle chante. Même déchue, une reine reste une reine.