6/10Lise - Lise, et un piano, un !

/ Critique - écrit par nazonfly, le 31/05/2011
Notre verdict : 6/10 - Piano cru, piano cuit (Fiche technique)

Tags : lise piano salle musique france premier disque

Étrange sentiment qui guide cette chronique : individuellement chaque chanson de Lise a une saveur sans nom, mais au long des 12 titres, c'est presque l'indigestion. À consommer, comme un bon alcool, avec modération.

Rappelez-vous, c'était il y a – déjà ! - deux mois. Nous vous parlions alors d'une jeune artiste, Lise Chemla qui sortait un 4 titres avec l'excellente reprise de 50 Cent, P.I.M.P. Dans cet EP, ce dernier titre émergeait largement bien que les trois autres morceaux (Paris, Le bal des autos et Truck for lovers) semblaient assez réussis grâce à la belle rencontre du piano de Lise et de sa voix empruntant de multiples directions. Après ce premier effort, nous étions donc plutôt impatients chez Krinein de découvrir ce qu'elle pouvait créer sur la longueur.

Lise a perdu l'esprit

Du premier EP, on retrouve les trois morceaux originaux qui, bien évidemment,
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n'ont rien perdus de leur qualité. Par contre, P.I.M.P. est absente de l'album : même si nous regrettons ce choix, on peut comprendre que Lise ait eu envie de se défaire de cette image de « la fille qui reprend 50 cent ». En lieu et place de cette reprise, on retrouvera par contre une relecture très personnelle de Where is my mind des Pixies. Malheureusement, est-ce notre attitude de fanboy envers une des meilleures chansons du monde, cette reprise-ci n'arrive pas à la cheville de l'originale. On appréciera donc plus l'effet de style et le courage de reprendre cette chanson que la réelle valeur de celle-ci.

Une étoile dans la nuit

Dans les nouveaux titres que nous découvrons, She's made of death est
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certainement celui qui nous a le plus convaincu. C'est une splendide balade qu'on pourrait retrouver chez un Nick Cave (époque Murderballads) qui aurait abusé d'hormones féminines pour transformer la rugosité de sa voix et de son piano en un cristal éclatant. Bien sûr, comme dans l'EP, ce que l'on retient surtout de ces 12 titres, c'est l'alchimie entre l'instrument et l'organe de Lise, tous deux aussi entêtants, au service de chansonnettes résolument sympathiques. Thinking of thinking et son rythme gentiment dansant, Tourne au son délicat et soyeux, le touchant L'émigrant de Landor Road que l'on aimerait écouter encore et encore tant il nous emporte dans un somptueux voyage, des titres qui, pris séparément, brillent dans la nuit noire comme autant de petites étoiles.

Pourtant, au fil des écoutes, c'est un sentiment mitigé qui nous habite.  À la longue, le duo piano/voix cristalline s'avère légèrement lassant (c'est ainsi particulièrement le cas sur C'est doux à la guimauve tellement sirupeuse qu'elle en est presque indigeste). Et ne parlons pas des écoutes à la volée (en travaillant, au volant) qui ne rendent pas justice à Lise et l'enferment dans un brouhaha monotone. Car pour apprécier Lise, il faut lui consacrer toute attention. Ainsi on pourra même percevoir le léger tremblement qui habite la voix de Lise sur une dernière chanson, Le trac, complètement habitée. Lise, une chanteuse à consommer avec modération !

Liste – Lise
01. Paris
02. Tourne
03. Thinking of thinking
04. C'est doux
05. Le bal des autos
06. Truck for lovers
07. She's made of death
08. L'émigrant de Landor Road
09. Where is my mind
10. Ice lady
11. Dors
12. Le trac