9/10The Lilas - Out of the Sky, Into the Sea

/ Critique - écrit par camite, le 25/12/2003
Notre verdict : 9/10 - le cadeau de Noël que personne n'aura en double (Fiche technique)

Trois titres plus l'un d'eux en version acoustique. Krinein se mettrait-il à chroniquer les singles ? Pas tout à fait. Out of the sky, into the sea porte la mention EP, soit une moitié (voire un quart) d'album, sauf que les chansons ne sortent pas d'un disque déjà publié ou à venir. Bien qu'il s'agisse ici de son premier enregistrement, The Lilas n'est pas à proprement parler un nouveau groupe. Aux chant, guitare électrique, écriture et composition : Lauren Hoffman, déjà à l'origine de deux remarquables efforts (Megiddo et From the Blue House) sous son seul nom et en mal de maison de disques depuis sa rupture avec Virgin suite au premier. Deuxième voix et guitare acoustique : Karmen Buttler, protégée de miss Hoffman qui lui a produit un album pour Free Union Records, son propre label qui vivote encore tant bien que mal aujourd'hui. Pour compléter la formation, la demoiselle s'en est retournée à sa ville natale (Charlottesville) pour enrôler la bassiste Julie Kotowski et le batteur Stuart Gunter.

Les auditeurs qui ont eu la chance de tomber sur les premiers disques de Lauren Hoffman désespéraient de la voir retourner un jour à la musique. Comment dire ? Out of the sky, into the sea ressemble exactement à l'idée qu'ils pouvaient se faire de son futur grand disque (ou du moins d'un échantillon de la chose). Vocalement, la jeune femme est au point et s'autorise quelques jaillissement rageurs sur la chanson-titre. Karmen Buttler apporte un contrepoint bienvenu sur Something better than this et Solipsist, soutenant parfaitement le jeu de guitare de sa mentor. Côté rythmique, aucune faute de goût. Au niveau de la composition, les trois titres alternent malicieusement l'apaisé et l'énergique, l'acoustique et l'électrique dans un tempo globalement plus rock que par le passé de la leader.

Bien sûr, on en voudrait plus. Un album, des concerts enflammés de ce côté-ci de l'Atlantique. En attendant, ce petit objet fait preuve d'une cohérence démoniaque jusqu'au bout de sa gravure, servie dans un magnifique boîtier en carton qui fleure bon l'artisanal et la pièce rare. Et nous y voilà finalement : ce disque n'est disponible que sur Internet, sur le site de la chanteuse. Il vous en coûtera très exactement 8 dollars 75 et pose concrètement la question : les artistes peuvent-ils se passer des maisons de disques et des intermédiaires ? Pour qui s'appelle David Bowie, certainement. Mais honnêtement, combien achèteront cet EP de The Lilas hormis les adorateurs de la belle acquis à sa cause ? Les chansons doivent déjà circuler sur les échangeurs de MP3.

Le temps d'écouter de la musique intelligemment est peut-être venu. Ou peut-être pas. Lecteur de Krinein, choisis ton camp.