Un jour en enfer au Knotfest 2019

/ Critique - écrit par nazonfly, le 26/06/2019

Tags : hellfest groupe metal festival clisson concert scene

Quand Slipknot propose la première édition de son festival en France, et même en Europe, et que ça se passe sur le site du Hellfest, c'est forcément l'entrée de l'enfer.

Comment un festival de metal, un genre pas forcément très accessible, est devenu en quelques années un monument, une institution telle qu’il suffit de quelques groupes, en l’occurence Mass Hysteria, Manowar, Carcass, Slayer et les Dropkick Murphys, pour vendre 55 000 pass 3 jours ? La réponse ne sera pas dans cet article. Il faut bien admettre que personnellement j’aurais bien aimé un petit Slipknot ou un petit Amon Amarth, deux groupes qui tournent au moment du Hellfest. Alors quand Slipknot a annoncé son propre festival, le Knotfest, sur les lieux même du Hellfest, le jour juste avant, avec justement Amon Amarth (et Rob Zombie et Ministry), il était impossible de ne pas succomber, certes d’autant plus quand on ne paie pas la place, statut VIP du chroniqueur oblige.

Après quelques péripéties routières, d’accès au festival, nous mettons enfin le pied sur le site, magnifique de part en part : impossible de ne pas venir faire une petite photo de la main géante qui fait le signe du diable ou encore de la statue de Lemmy Kilmister, icône devenue ange gardien du festival. Après avoir traîné nos savates ici et là, nous ratons malheureusement une partie des concerts qui se tiennent sur les deux Main Stage du Hellfest : exit donc Sick of it all ou Amaranthe, et nous débarquons au milieu du show de Ministry, le temps d’entendre avec bonheur leurs deux titres intemporels que sont Just one fix et N.W.O., souvenirs d’un concert intense au Transbordeur à Lyon, il y a quasiment 11 ans jour pour jour. De la Main Stage 01, on passe à la Main Stage 02 pour Behemoth, maquillages blancs de sortie pour un death/black qui occupe véritablement bien le grande scène devant un public conquis. Et j’avoue, c’est une belle claque que je me prends d’entrée de jeu, en partie grâce à de la pyro du plus bel effet. De claque cependant il n’y aura pas pour Papa Roach, resté dans mon esprit comme le groupe d’un seul titre, Last resort, avec lequel du reste le groupe commence son set. Mais le festivalier ne vit pas de musique et d’eau fraîche et il est largement le temps de se rendre aux stands bouffe pour choisir entre de la tartiflette, des burgers et autres joyeusetés équilibrées. Nous revenons juste à la fin du show de Papa Roach qui reprend Firestarter à la mémoire de Keith Flint, chanteur et danseur de The Prodigy, disparu en mars dernier.


Festivaliers en mode Knotfest et Hellfest

 

Mais la musique n’attend pas et la Main Stage 02 se prépare pour la venue de Powerwolf, groupe de power metal allemand guidé par le prêtre Attila Dorn. Le power metal, c’est bien, ça donne envie de sauter sur des chevaux et de partir à l’assaut d’une forteresse inexpugnable pour sauver une éventuelle princesse kidnappée. Autant dire que ça met grave la pêche même si personnellement l’envie d’en écouter s’est petit à petit délitée au cours des années. Mais il est indéniable que le groupe, et notamment son chanteur charismatique et son clavier tout fou, sait tenir la scène et son public. Une bien belle réussite pour un genre qui a ses adorateurs… et ses détracteurs. Mais, d’une scène à l’autre et d’un groupe à l’autre, cinq petites minutes suffisent à faire bouger le public d’un côté à l’autre et c’est devant Rob Zombie que se masse la foule. Rob Zombie. Encore un monument du metal qui, après avoir fondé le célèbre White Zombie, a poursuivi l'aventure en solo. Et qui est aussi au passage un réalisateur de films d’horreur véritablement percutants (The devil’s rejects ou le remake d’Halloween, flippant à souhait) dont certains extraits passeront sur la scène. Rob, efflanqué et vêtu de guenilles, harangue la foule qui se laisse aller sur le son du metal indus. Le concert se termine sur un enchaînement presque parfait : une reprise de Blitzkrieg Bop des Ramones (Hey ho let's go l'antienne de cette édition) et la toujours excellente Dragula.

Du côté de la Main Stage 02, un grand tissu noir cache la scène : il est orné d’un simple « Berserker » ainsi que de deux fois la rune Ansuz dont la translittération est un A, ce qui fait AA comme Amon Amarth, étrange coïncidence non ? Une fois le tissu tombé au sol, on découvre effectivement un gigantesque casque viking cornu et de sémillants chevelus qui n’ont pas l’air commodes. Comme d’habitude, les petits Suédois sont en forme et leur death puissant comble le public avec Deceiver of the gods, Raven’s flight ou l’hyper entraînant Raise your horns. La scénographie est aussi à marquer puisqu’outre le casque, on peut voir un gigantesque serpent bouger (sans doute Jörmundgand, le Serpent de Midgard), des jets de flamme de belle facture ou encore des Vikings s’affronter dans des combats sans merci. Car Amon Amarth sait soigner son image et on en prend plein les yeux (et les esgourdes).


Amon Amarth en grande forme

 

Mais l’événement de la soirée est bien entendu la venue de Slipknot. Là encore un drap noir estampillé Slipknot cache la scène qui est bien moins impressionnante que celle d’ Amon Amarth. Slipknot n’était pas venu en France depuis plusieurs années et, dès les premières notes de People=shit, la folie s’empare de la foule qui entonne l’hymne avec ferveur. Si la voix de Corey Taylor semble un peu faiblarde sur les premiers titres (un problème de son?), rapidement tout se met au pas et les pogos se forment, même très loin de la scène, et un peu au détriment de la tranquillité des gens. The heretic anthem, Psychosocial, Custer, Vermillion, Duality ou Spit it out sont enchaînés sans coup férir et Corey célèbre la rencontre entre le Hellfest et le Knotfest dans la même famille du metal. Il a certes raison mais on préférera toujours les gars de Slipknot qui tapent sur des fûts à l’aide d’une batte enflammée à l’imagerie guerrière de Sabaton. Car, oui, je sais que vous appréciez cette transition, c’est Sabaton qui clôt sur la soirée sur l’autre scène. Le power metal, c’est rigolo. Les guerriers, c’est rigolo, surtout quand ils sont vikings ou quand ils chevauchent la lance à la main. Mais Sabaton fait plutôt dans l’imagerie de la Première Guerre Mondiale avec un bon gros canon sur scène. Autant dire que c'est tout de suite moins sympathique. Sabaton nous avait déjà gonflé au Download, même punition ce soir : au dodo histoire d’être prêt pour les trois jours du Hellfest en lui-même, après un Knotfest idéal pour se chauffer !


Slipknot qui tabasse des fûts