7/10John & Jehn - L'amour ne nous déchirera pas

/ Critique - écrit par juro, le 26/11/2005
Notre verdict : 7/10 - Un gars, une fille (Fiche technique)

Camille Berthomier alias Jehn... Ce nom me dit quelque chose. Ne serait-ce pas la chanteuse de Motel ? Bonne réponse. Nicolas Congé alias John... Ce nom n'aurait-il pas un rapport avec le groupe Asyl ? Bonne réponse encore. John & Jehn... A
priori, ce nom de scène ne me dit rien mais si les deux artistes cités précédemment en sont à l'origine, le disque mérite une écoute surtout que le contraste entre la pochette très « oiseaux » et la musique axée vers le rock indépendant avec une bonne dose de sons électroniques provoque une surprise dès les premiers instants. L'amour ne nous déchirera pas de ce couple sur scène comme à la ville constitue aussi une bonne réponse...

Petit EP d'une vingtaine de minutes et formé de cinq titres aussi homogènes, L'amour ne nous déchirera pas propose de nous montrer un duo peu orthodoxe alliant la puissance du rock et des rythmes planants plus proche de l'expérimental. Une sorte de sensation étrange se dégage de cet album comme un état de perdition au milieu d'un atelier de bricolage avec une diffusion de sons inattendus, parasites donnant un effet travaillé et authentique. En plus, d'une guitare balançant de gros riffs et de deux voix aussi différentes l'une que l'autre, John & Jehn séduit. Si la voix de « John » apparaît monocorde et simple sur ces interprétations anglophones, celle de « Jehn » est resplendissante mais dans un autre registre que sur Vacancy de Motel. Passant par toutes les émotions, elle invite à se repasser plusieurs fois les plages. L'instrumentation conserve un tempo basique mais le son est couvert d'effets électro... Intéressant même si peut-être trop parfois.

La voix lointaine, une batterie et une basse minimalistes ainsi que quelques coups sur le tambourin pour l'intro de Driftwood, petite entrée en matière dans l'univers de John & Jehn. La touche électro apportée ne parvient qu'à donner une structure sommaire à ce titre saturé par le son sorti des guitares lors du refrain. 20L07 se révèle plus entraînant avec ses clappements de mains intempestifs en intro et la
voix criante, trafiquée et dédoublée de Jehn avant de s'élever progressivement vers un déluge musical, électrifié pour le moins mais très répétitif. Le meilleur titre reste à coup sûr Today qui se démarque par un son plus brut dans un format plus court. Plus étrange et typé électro, Lovin' dead s'emballe. Avec ses voix trafiqués en stéréo, l'impression d'avoir plusieurs Jehn chantant de divers endroits fait son chemin, l'ensemble est plutôt plaisant et trituré. Conversation with Sarah en serait presque plus... "normal", si seulement sa déstructuration finale ne laissait apparaître comme une sorte de folie douce sur quelques notes de piano et de flûte. Profondément stupéfiant et attirant.

John & Jehn donne à la fois dans l'expérimental et le rock pour un EP touchant au rock indé. La profonde touche d'électro et les guitares rugissantes donnent à L'amour ne nous déchirera pas une force certaine à laquelle s'ajoute de multiples effets sonores relativement surprenants mais aussi répétitifs. Aux cotés de John & Jehn, on a parfois l'impression de côtoyer l'univers de groupes anglophones du même genre, une pointe de "french touch" en plus...


John & Jehn - L'amour ne nous déchirera pas

01. Driftwood
02. 20L07
03. Today
04. Lovin' dead
05. Conversation with Sarah