Java - Hawaï
Musique / Critique - écrit par Loic, le 26/01/2003 (Tags : java hawai fixi album bossard musique groupe
Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Java, laissez-moi faire les présentations. Java est un groupe de rap-musette. Oui, vous avez bien lu, c'est du rap accompagné par de l'accordéon. Ne vous enfuyez pas, laissez-moi vous expliquer pourquoi il faut aimer Java. Tout d'abord, il n'est pas nécessaire d'adorer le rap ou la musette pour apprécier leur musique, je n'écoute moi-même aucun de ces deux styles. Tous les clichés habituels du rap français sont consciencieusement évités. Les paroles des chansons sont toutes de petites merveilles de poésie et d'humour, dignes des plus grands paroliers, et sont à elles seules le meilleur argument pour convaincre les plus sceptiques.
Mais Java sait également varier sa musique. Sur son album Hawaï, en plus de ses chefs-d'oeuvre classiques que sont Sex, accordéon et alcool, Pépètes, Dieu et Métro (dont les paroles sont presque entièrement composées de noms de stations, applaudissez la performance), quelques chansons sortent du lot de par leurs sonorités originales, comme le très jazzy Chihuahua, l'engagée le poil ou la parodique au banquet des chasseurs. Ces quelques chansons s'intercalent entre les autres, et cassent le rythme de l'album pour éviter à l'auditeur de rentrer dans un train-train créé par des compositions certes merveilleuses grâce à leurs paroles et au phrasé du chanteur, mais qui auraient pu lasser enchaînées les unes après les autres.
Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, pour le prix d'un album, vous pourrez acquérir un coffret comprenant Hawaï et le live, Java sur Seine. Ce disque retranscrit parfaitement l'ambiance festive d'un concert de Java, et la communication bon enfant entre le groupe et le public, malgré le peu de chansons qu'il comporte. En effet, il ne compte que sept titres, dont deux inédits. Ainsi, on remarquera l'absence de deux titres phares de Java, Métro et Dieu. Cette absence est compensée par les deux inédits, Apocalypse et Chronique d'une toxine. Car si le premier est loin d'être la meilleure chanson de Java, le second n'a aucun mal à se situer dans le peloton de tête. Pas d'accordéon dans cette chanson, le chanteur n'est accompagné que par une batterie et un piano, ce qui donne une ambiance jazz, contrastant avec les paroles, racontant l'épopée d'une coulée d'urine des rues de Paris à l'Atlantique.
Mais le meilleur de ce disque est gardé pour la fin, avec une version originale de Sex, accordéon et alcool. Ce titre de près de 15 minutes, aux accents reggae, comprend de nouveaux couplets aux paroles toujours aussi merveilleuses, et ajoutant une touche d'engagement social et politique, ce qui pouvait manquer sur Hawaï, mais en gardant le ton humoristique de la chanson originale.
Un dernier point concernant Java : puisque vous êtes sur Internet, allez faire un tour sur le très bon www.javasite.net, où vous pourrez assouvir un fantasme que tout homme normalement constitué se doit d'avoir : latter un chihuahua (en référence à la chanson bien sûr). Amusez-vous bien.