7.5/10Jack White en solo - Blunderbuss

/ Critique - écrit par Lopocomar, le 25/04/2012
Notre verdict : 7.5/10 - Bienvenue dans le saloon de Jack White. (Fiche technique)

Tags : white jack album blunderbuss rock you man

L'étrange Blues de Monsieur Jack.

Depuis l'annonce officielle de la rupture des White Stripes, Jack White a triffouillé son matos dans son coin et il a sorti quelques titres sous le manteau étiqueté de son label Third Man Records, pour enfin reconnaître qu'il s'ennuyait et qu'il allait se lancer "pour de vrai" dans un album enfin seul. À 37 ans, il est l'heure de se tirer la couverture après une explosion à travers 3 groupes dont il était à chaque fois crédité comme le principal contributeur. Avec un visuel qui aurait pu servir d'affiche pour le prochain reboot de The Crow, il revient avec Blunderbuss nous servir une musique bluesy bien éloignée de ses différentes sorties en groupe.

La construction des morceaux peut s'avérer redondante et lasser au fil des écoutes. L'album est assez copieux et ne sera pas forcément facile à digérer en une seule fois. Un problème qui n'en est pas vraiment, à l'heure où le format de l'album est très critiqué. La voix de Jack White n'a jamais été aussi proche de celle d'une de ses idoles, à savoir Robert Plant de Led Zep. Au-delà de la faiblarde balade du premier single "Love Interruption", Jack White nous prouve toute sa maîtrise du blues avec un album à la fois mélodique et touffu où il aura su calmer son goût pour la saturation et les guitares triturées. L'inconvénient, c'est que le style de cette virée solo est sûrement bien éloigné des envies musicales de son auditeur habituel. Alors oui, les Black Keys déchirent tous les charts avec leur blues Next Gen mais ici, la sauce se veut moins novatrice et facile à placer dans des pubs. Si White s'exécute très bien et connaît parfaitement les codes du blues, son récital talentueux ressemble peut-être un peu trop à une copie de premier de la classe.


C'est bon la mèche, là  ?

Jack White, plus black que jamais.

Relativement calme et posé dans l'ensemble, la groovy I'm Shaking est là pour vous faire claquer des mains et suer dans vos santiags avec ses choeurs et son allure rockabilly. Et rassurez-vous, White trash tong talker et son ambiance de saloon sont aussi là pour vous faire danser le jerk, comme au grand temps de Thierry Hazard.

Blunderbuss sent très fort le parfum de la Louisiane, mère du blues et de la musique black chère aux yeux et au coeur du guitar hero des années 2000. Ceux qui ont pu voir le rockumentaire It might get loud se rappelleront que c'est le genre musical qui l'habite et n'est d'ailleurs pas étranger à la furie des Dead Weather. Sans doute possible, Jack White a signé ici un album pour se faire plaisir, la question aujourd'hui est de savoir s'il plaira autant aux masses. Ce sont 13 titres jonglant entre la danse, la balade et la musique de cow-boy qui vous attendent ici et constituent un joli panorama du blues. Cependant, certains diront que d'autres ont fait beaucoup le mieux dans le genre et que le tout manque un peu de fougue et de folie.

On leur répondra que White a su sortir du blues pur et dur et c'est ce qui donne notamment l'un des meilleurs morceaux de l'album avec Take me with you when you go. Soutenu par la technologie actuelle avec une retransmission live de son concert new-yorkais sur Youtube le 23 avril réalisé par Gary Oldman et en streaming depuis une semaine sur iTunes, l'ex-White Stripes essaye en tout cas de moderniser un maximum ses moyens de distributions et de mettre du 2.0 dans son blues. Et il arrivera à n'en pas douter à conquérir la foule avec les tubesques Sixteen Saltines et Freedom at 21 et à les rallier à sa cause ensuite grâce à la qualité des arrangements et autres passages dansants.

Loin de la complainte blues "classique", Jack White est allé chercher au fond de lui ce qu'il pouvait dire de plus et offre ce panorama parfois fatigant et moins rageur qu'à l'accoutumée. Ce n'est pas une raison cependant pour le bouder et c'est pour ça que vous pourrez le voir cet été aux Eurockéennes de Belfort, à Rock Werchter et à l'Olympia pour deux dates au début de l'été.


Des voix féminines omniprésentes.

Jack White - Blunderbuss

1. Missing Pieces
2. Sixteen Saltines
3. Freedom At 21
4. Love Interruption
5. Blunderbuss
6. Hypocritical Kiss
7. Weep Themselves To Sleep
8. Im Shakin’
9. Trash Tongue Talker
10. Hip (Eponymous) Poor Boy
11. I Guess I Should Go To Sleep
12. On And On And On
13. Take Me With You When You Go

En écoute, Sixteen saltines