Ill Niño - EP
Musique / Critique - écrit par Loic, le 25/05/2002 (Tags : nino ill album groupe metal records their
Sous ce nom ne se cache pas un petit enfant, mais bel et bien un ouragan prêt à vous dévaster les tympans. Ce groupe de metal, d'origine sud-américaine, est la meilleure chose que nous a apportée ce continent depuis Sepultura (quoique Shakira en ce moment). Il faut dire qu'aucun groupe de metal aux influences latinos ne peut échapper à la comparaison avec ce groupe mythique. Mais la comparaison s'arrête vite, car la musique de Ill Niño est beaucoup plus nuancée que celle de leur illustre prédécesseur, même si la brutalité occupe une bonne partie de leur premier album, revolution/revolucion, comme le prouve leur premier single god saves our soul. Mais dans l'oeil du cyclone repose des mélodies douces, jouées à la guitare classique, accompagnant un chant mélodieux, souvent appuyé par des lyrics en espagnol, langue beaucoup plus mélodieuse que l'anglais.
La double culture des membres de Ill Niño enrichit leur musique, qui utilise des sonorités empruntées à leurs deux cultures, l'influence principale restant tout de même le metal pur et dur, et non pas Julio Iglesias. Mais l'influence latina, bien que discrète, se fait ressentir dans quelques rythmes et surtout dans ces fameux passages à la guitare espagnole.
Et on ne peut parler d'Ill Niño sans parler de son chanteur, figure charismatique du groupe, tatoué, percé, aux dreadlocks multicolores, mais qui est surtout reconnaissable grâce à sa voix inimitable, qui est capable d'alterner les passages doux et mélodieux immédiatement après des passages à vous couper les cordes vocales si vous n'êtes pas entraînés. Tout ceci m'amena d'abord à penser que le groupe possédait deux chanteurs, puis, après avoir eu la confirmation qu'il était bien seul, de les soupçonner de quelques magouilles dans le studio d'enregistrement. Nous pourrons vérifier cela lors du concert qui s'annonce déjà comme mémorable le 29 mai à l'Elysée Montmartre, où ils partagent l'affiche avec Mushroomhead, une autre grosse pointure de la musique qui fait mal, avec Flaw en première partie. Vous pourrez d'ailleurs trouver sur cette même page une chronique de ce concert, quelques jours après l'événement.
Chose promise, chose due, c'est tout rempli de courbatures que je prends le temps d'écrire un petit débriefing de ce concert, qui commença par le show de Flaw, qui réussit à faire bouger un Elysée Montmartre encore en train de se remplir. Leur prestation ne restera sûrement pas dans les annales de la musique, mais aura quand même eu le mérite de nous faire découvrir un groupe prometteur. Apres une longue attente, les choses sérieuses peuvent enfin commencer.
Apparaissant sur scène dans les fumigènes, les membres de Mushroomhead sont ovationnés par certains, et hués par les quelques fans d'Ill Niño venus uniquement pour eux. Mais pour ceux appréciant leur musique, dont je fais partie, leur set fut très réussi, même s'ils restèrent un peu distant du public, à part pour dire un "viva la résistance" et un "j'aime la France", pour finalement laisser à Ill Niño un public déjà conquis. Lorsque les héros de la soirée arrivèrent sur scène, la température de la salle augmenta encore d'un niveau, et les slams se firent plus nombreux. La communication entre le chanteur et le public s'établit rapidement à base de "fuck you", de "I love drugs" ou d'autres phrases toutes plus intelligentes les unes que les autres. Le chanteur apprit même un nouveau mot en français (enculé) qu'il pourra caser dans une conversation avec la seule autre phrase qu'il connaît : "Voulez-vous coucher avec moi ce soir". Niveau musique, la qualité sonore n'était pas au rendez-vous (le volume du micro n'était pas assez fort), mais on a déjà connu pire. On a aussi eu droit à une courte pause non prévue, quand toute la sono a lâché, ce qui permit au percussionniste de demander une cigarette et un briquet au public, et ce qui lui valut de se faire quasi lapider par une pluie de briquets (les fans sont généreux quand même). Tout revint en ordre pour la dernière chanson liar qui déclencha l'hystérie générale.
Finalement, ce concert fut très instructif, et donna le bon exemple aux très jeunes présents dans la salle (???) Enfin, un bon défouloir ne fait pas de mal de temps en temps.