Green Day - American Idiot
Musique / Critique - écrit par Filipe, le 30/11/2004 (Tags : album day green american idiot rock version
Originaires de Rodeo en Californie, Billie Joe Armstrong et Mike Dirnt ont tous deux quinze ans lorsqu'ils fondent les Sweet Children. Le groupe comporte alors une quinzaine de membres, chacun étant responsable de ses propres partitions. De 1987 à 1989, leurs interprétations ne passent pas inaperçues en concert, ici où là. En 1989, Billie Joe Armstrong, Mike Dirnt et Al Sobrante deviennent les Green Day. Le trio signe le maxi 1000 Hours puis s'engage avec le label Lookout! Record, qui se charge de la promotion de leurs deux premiers albums : 1039/Smoothed Slappy Hour et Kerplunk. Entre temps, Franck Edwin Wright III, alias Tre Cool, remplace John Kiftmeyer à la batterie, qui avait lui-même remplacé Al Sobrante peu avant la sortie de leur premier album. Billie Joe Armstrong, Mike Dirnt et Tre Cool deviendront célèbres sous cette configuration. Par l'entremise du label Reprise Records, fier aux Deftones, Dépêche Mode et autres Red Hot Chili Peppers, ils éditeront Dookie (1994) et leurs célébrissimes Basket Case et Welcome to Paradise, puis Insomniac (1994), Nimrod (1997), Warning (2000), International Superhits (2001), premier best of du trio, et encore Shenanigans (2002), recueil de B-Sides, et American Idiot (2004). Tant que l'on continuera à s'éclater comme on le fait pour l'instant, on ne s'arrêtera pas de jouer, a récemment déclaré Billie Joe.
A peine se sont-ils engagés contre la réélection de leur Président, qu'ils éditent un nouvel album, qui sera semble-t-il adapté au cinéma dès les prochains mois. Durant leur carrière, ils se sont toujours efforcés de conserver leur image d'anti-conformistes, en apportant un soin extrême à la qualité musicale de leurs titres et aux propos qu'ils choisissaient d'y tenir. Vivant de leur passion depuis près de vingt ans, leur longévité témoigne de leur attachement à la musique. A travers leur American Idiot, le groupe se permet même de renouveler son répertoire, en y introduisant de nouvelles sonorités et des textes plus consistants. Après avoir participé à la révolution de la scène punk rock au début des années 90. Après avoir parcouru les chemins de la gloire à bord du camion du père de Tre Cool. Après avoir scandé Do you have the time to listen to me whine aux quatre coins du monde. Après avoir défrayé la chronique avec Warning et ses accords de punk acoustique. Après avoir prêté main forte à leurs confrères pour la mise au point de leur Rock Against Bush. Plus que jamais, ils ne veulent plus être pris pour de simples idiots et le font savoir à qui souhaite l'entendre.
American Idiot, leur nouvel album, est aussi agité et confus que ses prédécesseurs. En cela, il ne mécontentera pas les adeptes de la première heure. Simplement, il se retrouve largement imprégné de l'engagement et l'action politique de ses interprètes. Ce sentiment de refus a visiblement stimulé leurs esprits critiques et contribué dans une large mesure à l'embellissement de leur musique. Ainsi, Jesus of Suburbia est une superbe démonstration en quatre ou cinq actes, et en près de neuf minutes, de ce dont est capable le groupe en terme de variations sonores. Homecoming est leur deuxième titre fleuve (plus de neuf minutes), ce qui est assez original pour ce genre de composition. Leurs Are We the Waiting et Give me Novacaine ont été particulièrement approfondis, tandis que d'autres brillent au contraire par leur relative simplicité, leur franche animalité et leur caractère rentre dedans : St Jimmi et She's a Rebel en sont de parfaits exemples.
Favorables au changement, ils le démontrent sans crainte à travers un large renouvellement de leur répertoire musical. Mais cette prise de conscience n'est-elle pas également pour le groupe celle de la simple fuite du temps ? L'avenir nous le dira. Pour l'heure, elle semble leur être favorable dans la mesure où American Idiot est certainement leur meilleur album à ce jour.