8.5/10Gran Kino - 1989

/ Critique - écrit par nazonfly, le 28/10/2012
Notre verdict : 8.5/10 - Parce qu'on ne pouvait pas mettre une note de 8.9 (Fiche technique)

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Si vous étiez, comme moi, trop jeunes en 1989, Gran Kino vous rappelle, dans la présentation de leur premier album, quelques grands événements de cette année : la Chute du Mur de Berlin, le service à la cuillère de Mickael Chang qui lui amène la victoire à Roland-Garros, l'étudiant chinois qui brave les chars sur la place Tian'anmen, la scandaleuse sortie de Like a prayer de Madonna. Grands événements mondiaux, petits événements artistico-sportifs mais 1989 sera une année dont on se souviendra. Et dont veulent se souvenir les 4 membres de Gran Kino qui décident de réunir plusieurs artistes sur une compilation célébrant cette année. Au menu on croisera ainsi les Tambours du Bronx, Damny de La Phaze ou Calexico. Pour un résultat plus que réussi !

Rappeur sénégalais et dictateur roumain

Évacuons rapidement Meï li sans aucun doute le gros point faible de l'album :

DR. Ça vous tente ?
une sorte de chanson vaguement rock, un peu molle à laquelle on n'accroche vraiment pas, malgré (ou à cause?) la présence d'une grosse voix gothique complètement en décalage avec le reste du titre. Nous reconnaîtrons par contre plus de puissance, plus d'intérêt à Hip-hop(e) dans lequel le rappeur sénégalais Matador nous parle de sa découverte du hip-hop au Sénégal. Sopron s'en sort encore mieux dans un style bien particulier avec un piano ultra-présent et un harmonica entêtant : ce morceau qui plane dans un ailleurs incertain semble être à des lieues et des lieues de l'ambiance du reste de l'album, moins évanescente. Le Pitié de David Courtin propose lui-aussi une approche originale : évoquer la demande de pardon de Nicolae & Elena Ceausescu sur un rythme pop enjoué et coloré, sucré comme une guimauve. Le contraste est saisissant entre le ton si entraînant et le fond plus sombre.

Douceurs et empereur japonais

Quelques douceurs parsèment aussi 1989. Comme Microwaves and dishwashers qui évoque le changement du monde, vu depuis une cuisine du
DR. Puissance 4
Canada (d'où le titre « micro-ondes et lave-vaiselle ») : Jane Ehrhardt appuie le rythme tranquille de Gran Kino de sa belle voix caressante. Comme son nom l'indique, Gameboy se rappelle la fameuse console de Nintendo qui a accompagné des générations : ici encore on retiendra la splendide voix de Clare Manchon, très enfantine, qui susurre à notre oreille tandis que la musique toute en retenue nous ramène dans une enfance oubliée. Un bien beau morceau assurément. Comme l'est Showa tenno chantée par Ando Akiko. Ce titre dont le nom n'est autre que le « nom de règne » de Hirohito est empli par la voix (oui dans ce paragraphe on parle surtout des voix féminines de 1989) de la chanteuse nippone : on a là toute la magnificence de la langue japonaise qui nous caresse les oreilles d'autant plus facilement que Ando Akiko sait lui insuffler un surplus d'âme. Quelle beauté !

Calexico et place Tian'anmen

De beauté il est aussi question avec Prayer/lightness mais c'est une beauté toute autre que nous sert Pape Dieye. Le début se contente d'associer une
DR. Red is not dead
guitare à la voix du Sénégalais, qui se pose comme le vieux conteur de l'arbre à palabres. Survient alors un côté rock tambourinant amenant la chanson dans une autre direction également géniale pour nous laisser pantelants avec toujours cette voix qu'on ne comprend pas mais qui se marrie parfaitement avec le piano. D'une chanson à l'autre, il n'y a souvent aucun lien dans 1989. La preuve avec Bericht uit Beijing feat. Gw Sok qui évoque cette fois cet étudiant venu arrêter une colonne de chars sur la place Tian'anmen. C'est par le biais de rythmes électro marqués et d'un chant en allemand que débute la chanson avant de changer complètement de veste et de se tourner vers une explosion gypsy-rock étonnante mais qui bizarrement colle parfaitement au non-univers cohérent de Gran Kino. Impossible du reste de passer à côté de I love tennis. Déjà par son thème : le tennis et la victoire de Chang à Roland-Garros. Ensuite par son hip-hop à la mélodie accrocheuse : les beats bien présents font écho au flow précis de Juan Huevos. Vous ne pourrez pas vous empêcher de répéter « 1989, a fine year for tennis » avec le rappeur. Et pour finir cette revue des meilleurs titres de 1989, nous finirons comme l'album avec Sergio mon amour, un hommage à Sergio Leone, mort en 89 (vous l'aviez deviné j'imagine). Un hommage original car la musique sonne à la fois comme du U2 (sisi...) et comme du Ennio Morricone. Ne nous demandez pas comment c'est possible, z'avez qu'à écouter l'album. Toujours est-il que Sergio mon amour est idéal pour terminer l'album et sans doute idéal pour terminer la critique de ce très bon album.

En écoute, I love tennis.

Gran Kino – 1989

01. I love tennis feat. Juan Huevos
02. Meï li feat. Damny
03. Prayer/lightness feat. Pape Dieye
04. Pitié feat. David Courtin
05. Microwaves and dishwashers feat. Jane Ehrhardt
06. Bericht uit Beijing feat. Gw Sok
07. Showa tenno feat. Ando Akiko
08. Gameboy feat. Clare Manchon
09. Hip hop (E) feat. Matador – Tambours du Bronx
10. Sopron feat. Arpad Bella
11. Sergio mon amour feat. Joey Burns – John Convertino – Naïm Amor – Scherzo choir