8/10The Film

/ Critique - écrit par Filipe, le 05/09/2005
Notre verdict : 8/10 - Quel scénario ! (Fiche technique)

Il y a une quinzaine d'années, le monde de la musique découvre le pouvoir des machines et la magie du numérique. La foule doit se faire à l'idée de ces toutes nouvelles formes de musique, qui s'obtiennent à partir d'échantillons sonores, de séquenceurs, de boîtes à rythmes et d'ordinateurs. House, techno, ambient, dance, trance, acid-jazz, jungle, hardcore, break beat, trip hop... Un nouveau langage pour une nouvelle génération d'artistes. Guillaume Brière et Benjamin Lebeau en font partie et oeuvrent alors au sein de divers collectifs électro.

Aujourd'hui, le rock est à nouveau sous le feu des projecteurs (maintenant que les machines ont livré tous leurs secrets, qu'elles ne sont plus que de vulgaires outils de travail). On ne s'approprie le changement sans se remettre en cause. Ainsi, les deux complices trouvent une parade à ce renouveau. Plus qu'une parade, c'est un véritable coup d'éclat de leur part. Ce coup d'éclat porte un nom. Ce nom, c'est The Film.

The Film, c'est avant tout la musique d'un spot publicitaire. Non, The Film c'est un peu plus que ça. Bien sûr, The Film, c'est avant tout Can you touch me, ce single "so british" qui, d'entrée de jeu, nous met aux prises avec leur espèce de "rock glam" façon seventies. Mais The Film, c'est aussi un album. C'est cet excentrique Top of the Hopes, dont l'interprétation à la David Bowie nous ramène à de bons vieux souvenirs. The Film, c'est aussi ce Hey ! My Lovely Girl, petit clin d'oeil aux regrettés Beatles. C'est aussi l'inénarrable DSL Blues et le fantomatique Death Song. C'est aussi ce Big RDV, et son introduction à la YMCA. Et puis c'est aussi ce Où est le Plaisir ?, un joli pied de nez à la langue de Shakespeare. Pour résumer, The Film, c'est une espèce de transe, où se mêlent des guitares acoustiques à la David Bowie, des batteries façon Led Zeppelin, des choeurs à la Marc Bolan ou des saxophones estampillés Stooges. The Film, on pourrait croire à un pur produit d'influences anglo-saxonnes. A ceci près que The Film, c'est avant tout deux français, qui ont pris un malin plaisir à juxtaposer à cette batterie de références de petites touches plus personnelles : une rythmique très électro, embellie par ces deux timbres éreintés, complètement trafiqués, qui se succèdent au micro en suivant un rythme effréné. Leurs détracteurs évoqueront d'autres duos : Air, Daft Punk, ou je ne sais qui d'autre. Sans résultat.

The Film, c'est avant tout cette volonté de mélanger les styles, à la manière d'un Joe Strummer et d'un Mick Jones. C'est cette envie de préparer l'avenir tout en valorisant le passé. The Film, c'est toute cette frime façon seventies. C'est tout ce strass et ces paillettes. Sans oublier le pouvoir de la brillantine : The Film a bonne mémoire. Mais The Film, c'est aussi un album sans titre et une pochette "on ne peut plus sobre". The Film, c'est une musique dans l'air du temps, qui se marie assez bien à la mouvance actuelle "pop rock électro". Et puis, The Film, c'est un univers qui est assez personnel en fin de compte, et que je devine très apte à se renouveler dans un proche avenir. Voilà, je crois que c'est ça : The Film, c'est avant tout The Film.

Quel scénario !


01. Can you touch me ?
02. Top of the Hopes
03. Johnny Showtime
04. Hey ! My Lovely Girl
05. DSL Blues
06. Death Song
07. Où est le Plaisir ?
08. Big RDV
09. Kids !
10. Lipstick
11. Money