7/10Feist - Let it Die

/ Critique - écrit par camite, le 22/06/2004
Notre verdict : 7/10 - Feistoyons (Fiche technique)

Tags : feist die let album lonely polydor fenetre

Un beau jour (ou peut-être une nuit), un ancien rédacteur de Krinein m'interpelle sur le chan IRC : « Tiens, tu connais Feist ? Ça ressemble un peu à Sophie Ellis-Bextor je trouve, je t'envoie ça ». Hop, un petit tour de passe-passe plus tard, j'écoute dans le désordre les pistes de l'album Let It Die. Quelques jours plus tard, je ne résiste pas à l'envie de me l'offrir tant un disque confectionné avec un tel amour du travail bien fait mérite l'achat. Avant de décourager définitivement ceux que la référence à l'Anglaise décolorée effraie, précisons tout de même que la chanson aux accents dancefloor meurtrier s'intitule inside and out, reprise d'un titre des... Bee Gees.

A ce propos, l'album se divise en deux parties dont la seconde de reprises : l'incantatoire et tribale when i was a young girl, blues vaudou des années 20, secret heart écrite et composée en 95 par le songwriter Ron Sexsmith (huit albums au compteur depuis 91) ou encore tout doucement, chantée à l'origine par Blossom Dearie en 89. Mais malgré la présence de titres déjà connus, Let It Die se présente bel et bien comme un album personnel de l'artiste Feist. Un disque à la croisée des influences à l'image de son auteure-interprète, Canadienne aujourd'hui installée à Paris après un crochet par Berlin. Sur la route : Tony Scherr, bassiste chez Norah Jones, qui lui a écrit le joli lonely lonely ; mais surtout Peaches dont elle partagea l'appartement et son boyfriend Gonzales, bouffon autoproclamé de l'electro qui compose et produit Let It Die avec son compère Renaud Letang, homme de l'ombre efficace chez Souchon, Chao ou Dani... pour laquelle Feist a enregistré des choeurs. Comme quoi le hasard n'existe pas.

Derrière la sobriété des arrangements se cachent des chansons soyeusement troussées à l'instar du redoutable enchaînement mushaboom - let it die - one evening. La première alterne choeur de Schtroumpfs et piano de saloon dans un single malin et mélodique. La deuxième se hisse sans problème au niveau des meilleures soulwomen tout en conservant la simplicité apparente du jazz-club. Enfin, la troisième rappelle vocalement la chanteuse Beth Hirsch qui officiait chez Air sur Moon Safari. Let It Die (l'album) constitue donc un objet hétéroclite et pourtant tenu par une cohérence magique et mystérieuse. Celle d'une personnalité immédiatement attachante comme tendrait à le prouver sa présence aux côtés de Jane Birkin (sur son dernier album) ou du groupe King of Convenience (sur leur prochain). Une sorte d'Internationale du bon goût, en somme.