9/10Fauve des Vieux frères d'il y a 2 ans

/ Critique - écrit par nazonfly, le 09/02/2014
Notre verdict : 9/10 - Nous sommes de ceux qui aiment Fauve (Fiche technique)

Tags : fauve vieux freres album groupe musique premier

Krinein vous montre avec cette chronique que, même s'il est difficile de critiquer un tel album, ça n'empêche pas d'écrire un article plein de champ lexical.

Écrire une critique sur Fauve ≠ c'est un peu une mission impossible. Comment les pauvres mots d'un pauvre chroniqueur sans originalité, sans talent finalement pourraient rendre justice à des textes qui prennent aux tripes, qui les remuent dans des éructations puisant leur haine et leur dégoût au plus profond du trou noir qui se cache dans chacun d'entre nous ? Comment ces mêmes pauvres mots pourraient dans le même temps exprimer l'espèce d'incontournable espoir qui se dégage malgré tout de cette voix désabusée et néanmoins tellement lumineuse, éclatante, solaire ? Car, faut-il le rappeler, même les monstres cosmiques que sont les trous noirs émettent quand même un rayonnement, ténu mais présent. C'est à ce mince faisceau d'un futur plus radieux que semble tenter de se raccrocher ce Vieux frères – Partie 1 comme du reste le faisait l'EP Blizzard.


DR.

 

Spirale ascendante et descendante

Vieux frères - Partie 1 comme Blizzard auparavant mêlent, dans un même mouvement incompréhensible mais pourtant incontestable, les doutes que l'on ressent forcément à un moment ou à un autre de notre vie mais aussi l'aspiration d'une vie humaine toujours capable, à force de volonté, d'obtenir le meilleur. Jeunesse talking blues qui débute pratiquement par le mot nécropole et se termine justement par le mot espoir représente typiquement cette spirale ascendante ou descendante, descendante ou ascendante qui peut entraîner, sans même qu'on ait le temps de dire un mot, une vie entière. Cette spirale n'est évidemment pas lisse et ses aspérités font une partie du sel de Vieux frères – Partie 1 qui peut tout aussi bien exploser en supernova éjectant des mots énervés dans une onde de choc éreintante (Voyous) que ménager de purs instants de calme éthérés, atmosphériques (Lettre à Zoé).


DR.

 

Plénitude stellaire impromptue

Si les mots de Fauve ≠ sont bien entendu ce que l'on retient le plus, il ne faut certes pas oublier le continuum musical qui se forme et se déforme en arrière plan, qui s'appuie sur des beats binaires, pulsars électroniques donnant une nécessaire densité à l'album et mettant encore plus en valeur les nuages hydrogénés du piano, de la guitare ou du violons. Dans cette soupe primordiale tourbillonnante, s'effondrant sur elle-même se crée et se recrée sans cesse l'univers de Fauve ≠ à base d'explosions cosmiques inattendues et de plénitude stellaire impromptue. Et dans cet univers entier et complet, la découverte fortuite de nouvelles voix au détour d'un énième changement de rythme (Voyous, Tunnel) n'est finalement que la révélation de planètes nouvellement formées mais toutes issues d'une même galaxie.

On aurait pu croire Blizzard seule comète inespérée, apparue par chance dans la galaxie musicale français mais Vieux frères – Partie 1, en attendant la Partie 2, prouve que cette comète ne s'est pas brûlée aux feux du soleil mais semble pouvoir revenir encore et encore nous revisiter et rallumer des étoiles de l'espoir dans les yeux et dans le cœur.

Point faible : les grincheux le rangeront vite du côté du tourment adolescent

Point fort : comme dans la boîte de Pandore, il reste toujours un peu d'espoir au fond

L'extrait : Jeunesse talking blues

Fauve – Vieux frères – Partie 1

01. Voyous (feat. Georgio)
02. Requin-tigre
03. Jeunesse talking blues
04. Rag #3
05. Infirmière
06. De ceux
07. Rag #4
08. Tunnel
09. Vieux frères
09. Lettre à Zoé
10. Loterie