Ez3kiel - Concert au Firmament - Firminy - 12/04/2008

/ Compte-rendu de concert - écrit par nazonfly, le 14/04/2008

Tags : paris lyon saint concert etienne tour metal

Violent et magnifique, Ez3kiel est un groupe à part dans le paysage musical français. Et peut-être aussi dans le monde de la vidéo.

L'Association Free Mômes dans la Haute-Loire a pour but de promouvoir des concerts à but humanitaire. Autant dire que ce genre d'initiative est à soutenir amplement. Surtout si on ajoute que le concert du samedi 12 avril 2008 est la finale du tremplin Air de Jeunes qui concerne des groupes stéphanois. Et aussi la venue extraordinaire d'Ez3kiel, encensé depuis de longues années et encore plus depuis la sortie du presque double album Naphtaline/Battlefield. Le tout enrobé dans un beau papier cadeau pour moins de dix euros.

 

La Pagaille

La Pagaille
La Pagaille
C'est donc par une fraîche soirée printanière typiquement stéphanoise que je découvrais une nouvelle salle du Grand Saint Etienne : le Firmament à Firminy. Il est 20h, mais personne ne se presse à l'entrée, on est encore assis dehors à siroter quelques bières, à fumer deux trois clopes (l'histoire ne dit pas si elles font rigoler ou pas). Il y a comme une ambiance de festival devant cette gigantesque salle. Car, à l'intérieur, on est surpris par sa configuration. Le Firmament ressemble furieusement à un ancien gymnase, si ce ne sont une très grande scène et deux gradins qui entourent un espace vide. Les rares qui sont déjà là sont allés s'asseoir, sans doute pour mieux voir le spectacle. Devant la scène, c'est le désert : on ne s'en plaindra pas ! La salle se remplit doucettement tandis que commence le premier concert. La Pagaille se présente sur son site comme de la « musique festive et variée » avec des « compositions empreintes de jazz, chanson, rock, soul ». En bref, c'est La Pagaille, mélange brinquebalant et hétéroclite d'un peu tout et n'importe quoi. De la chanson française ouvre le bal, portée par la voix très grave d'un des trois (!) chanteurs. C'est sympathique et ça fait danser les petites filles comme les grands mères dans un public qu'on ne voit que pour ce genre de concerts. De violon en guitare, de batterie en cuivres, de synthé en chant, La Pagaille vogue sur tous les flots musicaux. Ici un peu de ska, là un soupçon de rock, ailleurs c'est de la musique des années 30, puis 50, la salsa précède le slam, et ça se termine de façon endiablée par une bonne country, harmonica compris. L'impression qui s'en dégage ? Une pagaille évidemment. C'est que chacun des huit membres du groupe a décidé de mettre en avant ses envies musicales. Au final, c'est un joyeux foutoir mais qui peine à convaincre tant ça manque de fil conducteur.

 

Art' Maniak

Le changement de scène permet d'apercevoir les suivants de ce tremplin : Art'Maniak (prononcez Armagnac). Grands, dégingandés, survet et pompes de sport, c'est à coups sûr du rap qui aura, pour une fois, droit de cité dans un tremplin (pour un groupe de rap, il y a en général une bonne douzaine de groupes rock et un bon millier de groupes de ska). Une bouteille d'Armagnac, un jukebox dans un coin, le groupe a une véritable mise en scène. Le public ne s'y trompe pas et se presse en masse; la salle est pleine. Et c'est une véritable claque qu'il se prend. Si les musiciens sont un peu en retrait, les deux chanteurs, Mé©a et Tai Box, mettront tout le monde d'accord. Textes engagés, flow imposant, mélange rap/ragga (et il faut bien dire rock aussi), ce groupe pourrait bien réussir dans un futur proche. Free Mômes ne s'y trompera pas, puisqu'ils les déclareront vainqueurs du tremplin. A suivre  !

 

Jack Sparow

Jack Sparow
Jack Sparow
Nouveau changement de style dans cette soirée éclectique, puisque c'est Jack Sparow (vus sur Krinein avec Le Monde des Merveilles), ex-L'Effet Papillon, qui se présente au Firmament. Jack Sparow est une valeur montante de la scène stéphanoise. Vainqueur du RTL2 Pop Rock Tour à Saint Etienne, finalistes du tremplin des Côtes du Rock 2007, première partie de Superbus au Transbordeur, ils sont en passe de se faire un nom dans la région Rhône-Alpes avant, on l'espère, d'attaquer la France. Mais revenons à Firminy, où le public acquis à la cause de l'Art'Maniak a déserté la salle. Il ne reste qu'une poignée de personnes ici et là sur le no man's land du parterre tandis que les gradins sont quasiment pleins. Emmenés par le charismatique Julien, Jack Sparow met le feu et enchaîne sans souffler du rock plein d'énergie. Dans la fosse (si on peut dire...), ça pogote, ça saute et ça crie à poil. Un très très bon moment qui sera malheureusement trop court.

 

Ez3kiel

Ez3kiel
Ez3kiel
Dès le set de Jack Sparow terminé, les abords de la scène sont presque pris d'assaut, car c'est bien Ez3kiel qui va investir (et le mot est faible) la scène. Deux batteries dans le fond, des montagnes de machins et bidules électroniques à côté du guitariste et du bassiste se mettent progressivement en place. Puis le noir se fait, quelques notes planent dans l'air. La salle est en fusion. Alleeeeez, gueulent les plus excités. Ez3kiel ne bronche pas, tâchant tant bien que mal de mettre en place une ambiance. Sur cette tournée, Ez3kiel privilégie l'aspect rock, électro, brut de décoffrage, comme dans le bien nommé Battlefield. Sans oublier d'intenses moments de bonheur. Trop de choses se passent sur scène, musicalement et visuellement : un écran s'étend derrière le groupe. Le spectateur ne sait pas, ne sait plus dans quelle proportion la musique influe sur la vidéo. Le bassiste appuie sur une pédale d'effet et c'est tout l'angle de la caméra qui change de vue. Exceptionnelle synchronisation ou commande à distance ? Sur Break Or Die, tandis qu'une pédale (encore...) décide de rendre l'âme, les deux batteurs se lancent dans une battle effrénée mise en image comme sur le DVD de Naphtaline. On ne sait plus où donner de la tête, s'ébahir de la programmation vidéo ou s'émerveiller de cet extraordinaire duo de batteries. Parfois la vidéo est tellement belle  qu'on en oublie la musique (The Wedding d'une beauté à pleurer). Parfois, au contraire, c'est la musique qui met le spectateur à genoux (Firedamp d'une puissance phénoménale). Sans oublier la petite surprise de la fin du set qui finira de faire chavirer un public joueur. La salle rappellera de toutes ses forces Ez3kiel, apparemment ravi de ce succès. Ils ne reviendront que pour un titre. On aurait aimé que ça dure jusqu'au bout de la nuit.

Malheureusement, ou heureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. Si vous avez aimé Naphtaline et son inoubliable DVD, si vous avez adhéré à Battlefield, alors n'hésitez pas : sautez sur le prochain concert d'Ez3kiel. Ca tombe bien, ils font un exceptionnel Tour de France cette année.