7.5/10Eurockéennes 2011 - Premier jour

/ Critique - écrit par nazonfly, le 02/07/2011
Notre verdict : 7.5/10 - Et de cette façon je te regarde de loin (Fiche technique)

Tags : festival eurockeennes musique belfort paris concerts concert

Pour cette première journée, on retiendra les très bons concerts de True Live, Les Savy Fav et And so I watch you from afar, ainsi que la très belle nouvelle scène sur la Plage.

Le premier week-end de juillet est toujours une date spéciale dans le calendrier : qui part en vacances, qui attend ses résultats du bac, qui les fête. Pour certains, il s'agit tout simplement de trois jours d'oubli total  en écoutant de la bonne musique dans un cadre charmant. Le premier week-end de juillet rime définitivement avec Eurockéennes de Belfort.

Eurockéennes 2011 : vieux pots et nouveautés

Cette année, la programmation est éclectique puisqu'on pourra croiser aussi bien Tryo que Atari Teenage Riot, Gaëtan Roussel que Mötörhead ou Anna Calvi que Beth Ditto : définir les artistes qui vont envahir le Malsaucy est sans doute une réelle difficulté quand on sait qu'il faut concilier les attentes d'un public de puristes et faire venir une assemblée plus mainstream tout en faisant venir de grosses têtes d'affiche et en gardant un prix abordable. Du reste il faut aussi tenter de se renouveler chaque année et proposer des nouveautés intéressantes pour le festival qui a une vie en dehors de la musique : c'est ainsi qu'une recomposition du site est annoncée, l'ancien Chapiteau en reconverti en Green Room (grâce au soutien d'une célèbre marque de bière), la scène de la Loggia devient largement plus petite et celle  de la Plage se voit désormais posée sur les flots.

Ce dernier point excitant les structures cérébrales de l'Eurockéen moyen, nos pas nous dirigent donc dès l'entrée du festival vers cette fameuse scène de la Plage. Et il faut bien dire qu'elle a de la gueule, posée majestueusement sur l'eau tandis que le public se massera sur le sable. Superbe, tout simplement superbe.

Warm-up

Mais l'ouverture des Eurockéennes se fait à la Loggia qui, du coup, est devenue la scène la plus petite (dommage quand on songe aux nombreux concerts géniaux qu'on a pu voir sur celle-ci). Les Cheers étonnent déjà par leur jeunesse (et leur épaisse tignasse bouclée que jalouseront tous les chauves), mais comme dirait machin, la valeur n'attend pas le nombre des années. Et ils en ont de la valeur ! Leur pop-rock efficace et maîtrisé témoigne d'une maturité intéressante même si leur set ramassé a paru bien court. En tout cas, il est fort possible qu'on entende reparler d'eux (en toute objectivité, il faut reconnaître qu'une bonne partie des révélations des Eurockéennes, souvent bonnes, voire très bonnes, n'a pas dépassé le stade local, le monde de la musique est bien difficile).

Une longue marche pas si silencieuse nous emmène sur la Plage. Il faut dire que les programmateurs ont apparemment choisi deux parcours bien différents : le combo Grande Scène/Green Room voit s'enchaîner Les Hurlements d'Léo, Keziah Jones, Tiken Jah Fakoly ou Staff Benda Bilili tandis que des groupes plus confidentiels (et plus rock) investissent la Loggia et la Plage. Nous enchaînerons donc toute la journée les longs déplacements entre ces deux scènes en ratant malheureusement des bouts de concerts. C'est ainsi que le show de True Live a déjà commencé quand nous arrivons sur le sable chauffé par un beau soleil. Et sur la scène, c'est un véritable condensé de chaleur et de hip-hop, portés par un chanteur à la bonne humeur communicative et au flow imparable. Quand en plus une légère brise lacustre se met à souffler, que le violon, la contrebasse, la batterie et le violoncelle se répondent d'aussi belle façon, on se rend compte du bonheur que l'on a d'assister à ce concert mémorable.

Retour ensuite à la Loggia pour le set de Electric Suicide Club, vainqueur du tremplin Alsace. À les voir sur scène, on ne dirait justement pas qu'ils sont issus d'un tremplin. Même si sur disque, leur son est plutôt rock, devant leur public, leur énergie les satellise clairement dans une mouvance plus punk « Epitaph » (du nom du célèbre label de LA). On ne criera certes pas au génie, ni à l'originalité mais les Electric Suicide Club envoient du bois ! À tel point qu'ils auront l'honneur du premier slam du festival. On en attendait pas moins.

C'est show !

Vous l'aurez deviné, la suite se passe sur la Plage où vont sévir les Australiens de Les Savy Fav. Avouons-le d'emblée : la musique bourrine et plutôt entraînante est carrément passée au second plan devant le show exceptionnel du chanteur Tim Harrington. Car cet homme-là a cristallisé l'attention du public pendant cette heure de concert. Entré outrageusement maquillé, affublé d'une perruque bouclée et d'un fute moulant, il se départira vite de ses oripeaux pour se retrouver revêtu d'un étrange déguisement de poulet (en tout cas, il y avait des plumes) ou terminer en calbut (terminer veut bien sûr dire qu'il a passé la quasi totalité du set à moitié nu). Passant son temps dans le public, se recouvrant de boue, slammant sur une toile cirée... tout y passe. Pour le plus grand bonheur des festivaliers qui apprécient ce genre de performance. Alors qu'importe si la musique est passée au second plan, c'était tout simplement un grand moment !

Enchaînement sans temps mort avec les Belfastiens postrockeux de And so I watch you from afar qui gagnent le titre du plus beau nom de groupe du week-end. En un concert ils auront résumé tout le post-rock. Un début qui manque un peu d'âme sauf pour ceux qui aiment se tripoter le manche de guitare et une fin en apothéose qui véhicule une énergie positive incroyable. Au fil du set, ils auront réussi à se mettre le public dans la poche et ce dernier n'étant pas ingrat, les festivaliers leur rendront un grande dose d'amour dans une relation gagnants-gagnants qui plairait à nos politiques. Quand la communion est telle, on ne peut qu'en vouloir encore et encore. Quel concert ! Quel concert !

Déceptions

Comme souvent après un concert exceptionnel, on est déçus par la suite. Et là ce sera Battles qui en fera les frais. On avait pourtant apprécié en 2008 mais là leur math-rock masturbateur ne passe pas, même si Ice cream leur dernier tube en date très dansant redonne un peu d'espoir. Mais las nous ne donnerons pas une chance de plus à Battles car Wu Lyf nous attend à la Loggia. Oui sur Krinein nous vous avons saoulé de Wu Lyf, il est temps de voir enfin ce que le groupe de Manchester vaut en concert. D'ailleurs il ne faut pas s'y tromper : le public est là, plutôt nombreux et les photographes vont et viennent devant la scène, ils prennent quelques photos mais repartent aussitôt. Car il faut bien le dire : les Wu Lyf ne sont pas à la hauteur de nos attentes. Sans doute qu'on les plaçait trop haut. Rien de notable dans un set plutôt classique, très proche de l'album. Ce que nous retiendrons de leur show, c'est plutôt ce mal être palpable qui se dégage de ces paroles à fleur de peau. Et ce même si, parfois, ils délaissent leur tête d'enterrement pour lâcher de rares sourires. Une petite déception qui peut s'expliquer peut-être aussi par un public qui a préféré pogoter et slammer alors qu'on aurait aimé ressentir religieusement cette musique. Qui sait ?

Enfin, et pour terminer la journée, nous faisons un petit détour par Metronomy, pop-rock très dansant mais plutôt classique. Rien à redire, ni dans un sens, ni dans l'autre. Ils font le boulot, le public apprécie. Mention bien. Pour nous, la journée harassante aura eu raison de notre motivation, d'autant plus que les choix entre Stromae et une carte blanche à DJ Medi, puis celui entre The Shoes et Paul Kalkbrenner ne nous font pas trop rêver.

Quelques mots pour finir

Pour cette première journée, on retiendra les très bons concerts de True Live, Les Savy Fav et And so I watch you from afar, ainsi que la très belle nouvelle scène sur la Plage. Dans les déceptions, évidemment Wu Lyf mais aussi cette scène de la Loggia reléguée dans un coin difficilement circulable, la faute à un espace VIP conséquent. D'ailleurs le festival semble envahi par les stands pub : la Green Room, la Desperado City, les Burgers ceci ou cela. S'il faut en passer par là pour garder une programmation de qualité et un prix abordable, alors il faut faire contre mauvaise fortune bon coeur.

À demain pour le compte-rendu de ce samedi qui s'annonce exaltant avec Queens of the Stone Age, Atari Teenage Riot, Mötörhead ou Anna Calvi !