10/10The Donnas - Spend the Night

/ Critique - écrit par camite, le 12/09/2003
Notre verdict : 10/10 - si vous aimez le rock qui déchire et les séries américaines (Fiche technique)

Pour les mauvais esprits, bien sûr, Spend the Night ne peut s'acheter qu'à la pochette. Quatre filles de 24 ans (assez) légèrement vêtues (chemise de nuit, pyjama et nuisette) invitent le clampin dans une chambre bourrée de cochonneries vintage et autres joyeusetés kitsch, couleurs acidulées à l'appui. Sauf que dès It's on the rocks, les quatre Donna (A, C, F et R pour Anderson, Castellano, Ford et Robertson) préviennent : le genre tombeur qui se la donne grave, très peu pour elles, surtout si à l'arrivée le garçon bande mou. Car Brett A (oui oui, comme le chanteur de Suede) et ses copines ne font pas grand mystère de leur faible niveau de chasteté (écouter Take it off, Too bad about your girl, ou Take me to the backseat pour s'en assurer).

Spend the Night cause donc de sexe pour le sexe, thématique toujours rafraîchissante lorsqu'incarnée dans une jolie voix féminine, surtout depuis la « démission » d'une certaine Liz Phair. Pour le reste, les textes évoquent quelques histoires d'amour foireuses bien comme il faut avec les pauvres types qui vont avec (Dirty denim, I don't care, Not the one), les fêtes en forme d'orgies où les ados découvrent la vie alors que les parents passent le week-end au ranch (Who invited you, Pass it around, 5 o'clock in the morning)... Le tout délicieusement enrobé dans une imagerie jeunesse américaine dorée sous le soleil de la Californie. Les motifs et références fleurissent (les t-shirts Charlie Brown, le Coca Light, la bouteille de Bud qui va bien...) et les quatorze chansons fleurent bon les casiers scolaires et le lunch emballé dans son sac en papier brun.

Certains trouveront sans doute l'affaire parfaitement anecdotique, mais derrière leur indigence apparente, les textes proposent parfois un niveau de lecture plus inattendu (You wanna get me high pourrait idéalement succéder au Popular de Nada Surf, sur la célébrité) et quelques rimes rigolotes : Phone/Ozone, Cafe au lait/Yeah, Guggenheim/Anaheim...). Mais surtout, puisqu'on cause musique par ici, l'habillage power pop de l'ensemble ne saurait souffrir la moindre attaque. Zéro violon, zéro piano, rock n'roll point barre. Un sacré remède contre la déprime, en vérité.

Il faut dire que pour leur premier effort sur un gros label (Atlantic Records), les Donnas sortent l'artillerie lourde. A la production : la caution gros son Jason Carmer (Run DMC, Black Lab, Third Eye Blind...) et le fidèle Robert Shimp (par ailleurs à l'oeuvre sur Up de R.E.M.). Au mixage, caution crédibilité maximale radios/MTV : Chris Lord-Alge (Tina Turner, Arena, The Calling, Meredith Brooks, Hole, Heather Nova, Green Day, Jean Passe...). Le résultat chante de lui-même.

Si les groupes en The commencent à vous saouler et que vous ne connaissez pas leurs précédents albums, Spend the Night de The Donnas pourrait bien vous ensorceler de façon inattendue. Un girl power bien plus percutant que celui des filles épicées.