9/10Depeche Mode - Playing the Angel

/ Critique - écrit par camite, le 17/11/2005
Notre verdict : 9/10 - playing God (Fiche technique)

Tags : mode depeche album angel playing jazz ltd

A l'écoute de ce Playing the Angel, onzième effort studio de ses géniteurs magnifiquement illustré (sur la pochette et dans le livret) par le photographe Anton Corbijn (collaborateur de longue date), l'évidence saute aux oreilles. En ces temps de revival scrupuleusement conçu par de performants directeurs marketing, même les plus fidèles enfants du rock ont tendance à l'oublier. Le rock se divise en deux catégories. Il y a ceux qui défilent comme des gravures de mode sur les skyblogs et autres forums esprit rock, qui n'inventent rien mais occupent efficacement le créneau boysband pour adultes. Et il y a ceux à qui ces jeunes branleurs doivent tout en faisant mine de ne pas le savoir. Ceux qui ne s'en laissent plus (ra)compter et qui traverseront toutes les guerres, crises et dérives pour toujours revenir, inventifs comme au premier jour. Il y a Depeche Mode.

Après un Exciter de bonne tenue en 2001, Martin Gore et Dave Gahan, respectivement architecte (il compose et écrit tout) et voix du groupe, publient la même année (2003) leurs albums solos. Depeche Mode a alors déjà sorti les best-of, albums de remixes et DVD syndicaux, les mômes croient que Enjoy the Silence est une nouveauté et Personal Jesus une chanson de Marilyn Manson. Difficile alors de donner cher de la peau du trio anglais. C'est sans compter sur l'ennui probable d'Andy Fletcher (troisième membre du groupe dont personne ne connaîtra jamais le rôle exact), la conscience partagée par Gore et Gahan que leur addition surpasse leur simple somme, et surtout l'incroyable capacité de résistance développée par le chanteur durant ses années les plus sombres.

Pour la première fois en 25 ans, certaines chansons d'un album de Depeche Mode sont signées Dave Gahan. Suffer Well, au début, semble poser les choses après les très enlevées A pain that I'm used to (de l'industriel mélodique qui doit faire le bonheur de Trent Reznor) et John the revelator. I want it all, moins enthousiasmante, apaise le climat avant une ravagée (et ravageuse) Nothing's impossible. Suit un intermède instrumental, Introspectre, puis à nouveau un morceau opiacé, Damaged people. Lilian, petit bijou de new wave rythmique et dansante, enchaine avant The darkest star, qui dépose les armes. Playing the Angel est un combat perpétuel, entre la tête pensante Gore et le plus animal Gahan. Entre l'instrumentation synthétique toute puissante des années cold wave et des guitares à la discrétion pleines de bravoure. Entre des morceaux lascifs et des envolées bestiales. Tout Precious que soit le merveilleux single inaugural, Playing the Angel porte parfaitement son nom. Un disque qui donne furieusement envie de communier, dans la chambre ou en concert, comme Krinein aura l'occasion de le vérifier prochainement lors de la tournée française du groupe qui affiche déjà complet.