7/10Coxon (Graham) - Love Travels at Illegal Speeds

/ Critique - écrit par juro, le 05/06/2006
Notre verdict : 7/10 - Lovocaïne (Fiche technique)

S'il possède les mêmes lunettes de nerd qu'Elvis Costello, Graham Coxon est surtout reconnu pour être le guitariste associé du feu Blur d'antan. Evoluant encore (à peu près) aux côtés de Damon Albarn sur Think Tank, le guitariste a toujours mené une carrière solo parallèle, passé largement au second plan. Peut-
être étouffé par le charisme et n'arrivant pas à se dégager du son du groupe phare de la scène britannique, Graham Coxon prend désormais ses aises et passe la vitesse supérieure sur un Love travels at illegal speeds sonnant brut de rock après son bon Happiness in magazines. Et il compte bien nous emmener avec lui...

Plantant de gros riffs à coups de guitare électrique, Coxon se découvre énervé, un peu foufou dans son interprétation, ressuscitant l'énergie d'un adolescent avec ses qualités et ses défauts. Brut de coffre, le guitariste révèle son côté rock'n'roll délivrant des titres passant de l'explosivité du rock à une pop plus langoureuse. Coxon pose sa voix criarde, parfois débordante de vitalité et mal contrôlée, un peu sale comme si le punk avait touché le petit virtuose. Et si certains titres marquent par instants, l'ensemble se révèle assez cohérent sans pour autant révéler beaucoup de surprises.

Comme l'indique le titre de l'opus, les propos tournent autour de l'amour et autres histoires d'intimité. Pourtant, le gros riff d'entrée de Standing on my own again pourrait laisser suggérer le contraire pour une mise en bouche des plus plaisantes. S'il ne déborde pas d'une folle originalité, ce premier titre se place sous les meilleurs auspices pour montrer un rock des plus classiques duquel la guitare de Coxon constitue la pièce maîtresse de l'oeuvre. Le répétitif I can't look at your skin reste passable, la compensation s'effectue avec le titre suivant et il en est de même avec le reste de l'album. Inégal par instants, les morceaux s'enchaînent provoquant addiction ou indifférence les uns à la suite des autres, sensation bizarroïde de non achèvement d'un travail pourtant parti sur de bonnes bases. Au rayon des titres sympathiques mais pas forcément exceptionnels, la rythmique simple mais efficace de You & I au son typiquement britannique, I can't look at your skin ou un Gimme some love puissance punk peuvent s'interpréter en bien
(avec une énergie non renié par les Ramones) ou en mal (comme un manque d'inspiration). Tout cela avant que...

Coxon balance du gros son sur I don't wanna go out, redressant sa cote d'un coup sec, ponctuant le tout de « yeah » et relançant le titre au bout de trois minutes. Brut et puissant, on l'aime comme ça, Graham ! Et qu'il poursuive en délivrant une balade pop à la douceur d'un bonbon (Don't believe anything I say). Retombant de temps à autre dans ses travers, Coxon parvient pourtant à imposer sa marque avec sa guitare surprenante de puissance mais il sait aussi jouer de son registre ‘blurien' (What's he got ?) ou descendant des Beatles (You always let me down) tout en gardant ce son ‘marque de fabrique' de guitare qu'il arrive à replacer un peu partout et encore avec plus d'intensité sur See a better day.

Sans se démarquer totalement de Blur, on sent Graham Coxon prendre un certain détachement par rapport à cette période, se muant entre propos rock aguicheurs et balades pop pas toujours convaincantes. Et au final, Love travels at illegal speeds se révèle inconstant, sans véritable originalité ni défaut énorme, juste un disque moyen fait de titres courts par un guitariste en mal de textes recherchés mais bordés par des touches d'humour absolument british. Il ne fera pas l'unanimité mais il en impose de maîtrise...


Graham Coxon - Love travels at illegal speeds

01. Standing on my own again
02. I can't look at your skin
03. Don't let your man know
04. Just a state of mind
05. You & I
06. Gimme some love
07. I don't wanna go out
08. Don't believe anything
09. Tell it like this
10. Flights to the sea
11. What's he got ?
12. You always let me down
13. See a better day