8/10Les Cowboys Fringants - La grand-messe

/ Critique - écrit par juro, le 10/11/2005
Notre verdict : 8/10 - Amen (Fiche technique)

Je vous vois venir... Le Québec et ses chanteurs/chanteuses : Rock Voisine, Céline Dion, Natacha Saint Pierre et compagnie, soit un vaste paquet de décibels et de chansons sentant l'eau de rose. A ce constat, ouvrons une large parenthèse avec un phénomène « dingossimo ». Les remuants Cowboys Fringants déjà auteurs de
cinq albums depuis 1999 reviennent à la charge avec une nouvelle mouture plus mature (quoique), un poil plus militant et toujours aussi drôle (c'est certain). Partitions multi orchestrales avec musiciens polyvalents, textes piquants et humoristiques avec accent et expressions québécoises de rigueur sont les principaux arguments d'un groupe qui dégage une certaine folie contagieuse par le rythme dispensé à grands coups de « Tabernacle ! » totalement folk, voire parfois country. La grand-messe condense rires lors de textes absurdes et légères prises de conscience lors de textes plus profonds, un petit bonheur bien sympathique.

Un album des Cowboys Fringants revient un peu à prendre un déluge sonore dans les oreilles. Les musiciens absolument incroyables s'illustrent sur plusieurs instruments différents créant un répertoire invraisemblable dans lequel les arrangements les plus fous se succèdent. Après une légère intro instrumentale, les Cowboys prennent un ton plus adulte que sur leurs précédents albums duquel était surtout resté à nos oreilles une réputation de joyeux fanfarons avec des morceaux comme Awikatchikaën ou Le plombier, les morceaux engagés marquant moins. A l'inverse, cette dernière galette fait la part belle aux textes défendant l'environnement (Plus rien, 8 secondes), nostalgiques (Les étoiles filantes), tendres et tristes (Hannah, Ma belle Sophie) ou pied de nez politique et économique (Lettre à Levesque, En attendant). Néanmoins, le registre humoristique n'est pas oublié avec deux petites perles (Camping Sainte Germaine, Symphonie pour Caza et son énorme : « A boire tabarnaaaaak !!! ». Ce dernier titre mérite un encart personnel. Construit comme une véritable symphonie avec plusieurs mouvements décrivant une journée/nuit de beuverie contrastant avec l'ambiance des précédents par son ton enjoué afin de finir en apothéose.


Les textes sont de véritables histoires mises en musique pour des portraits amusants d'une génération qui se cherche et désenchantée (Ti-Cul, Plus rien, Hannah, La reine, Ces temps-ci). L'impression de vivre dans le microcosme des Cowboys Fringants fait son chemin avec un environnement revenant régulièrement et des personnages possédant des caractéristiques communes. Les lieux, les noms, les expressions et les allusions donnent des textes extrêmement attachants sur lesquels les mélodies pluri-instrumentales très intéressantes de maîtrise sont parfaites pour passer un excellent moment d'écoute tranquille. La voix claire et posée de Karl peut devenir une véritable tornade lors de morceaux enflammés, tout comme l'ensemble des musiciens crédités d'une mention très bien pour l'ensemble de l'album.

La grand-messe est un album bien plus noir que les précédents, plein de mélancolie et de tristesse, agrémenté de quelques titres plus légers donnant du baume au coeur un peu lourd de ces cow-boys toujours aussi fringants mais différents. Et puis grâce à Exclaim, vous pouvez même commencer à apprendre à parler québécois...


Les Cowboys Fringants - La grand-messe

01. Intro
02. Les étoiles filantes
03. Ti-cul
04. 8 secondes
05. Plus rien
06. Hannah
07. Symphonie pour Caza
08. La reine
09. En attendant
10. Lettre à Lévesque
11. Ces temps-ci
12. Ma belle Sophie
13. Shish Taouk
14. Camping Ste Germaine
15. Si la vie vous intéresse
16. Epilogue : si tu penses un peu comme ça