7/10Les Cowboys Fringants - L'expédition

/ Critique - écrit par nazonfly, le 29/09/2008
Notre verdict : 7/10 - Jolis jumpers (Fiche technique)

Entre gigue joyeuse et nostalgie mélancolique, cette expédition est un vrai bonheur pour les oreilles.

Prépare-toi, petit garçon, elle sera longue l'expédition. Malgré cet avertissement en début d'album, l'expédition des Cowboys Fringants n'est pas longue, d'autant plus quand le chroniqueur n'a pas accès à la totalité des titres, mais seulement à quelques extraits. Bref, cessons de nous plaindre et jetons une oreille sur cette galette venue d'outre-Atlantique. Non pas des USA mais plutôt de chez nos lointains cousins québécois.

Gigue  

Assurément les racines québécoises et françaises sont bien les mêmes, culturelles autant que langagières. Dès Droit devant qui ouvre l'album, le violon nous rappelle les gigues endiablées de Louise Attaque ou de Merzhin, tandis que la voix et les paroles matures renvoient aux Wriggles (en moins drôle pour cet album) ou les Naufragés. Présentés habituellement comme un mélange de folk, de country, les Cowboys sont les héritiers d'une chanson française qui s'est développée depuis de nombreuses années sur le Vieux Continent. Ils racontent des histoires, véritables conteurs modernes, avec toujours un sens plus ou moins caché. Chêne et roseau est l'écho de la célèbre fable de Jean de la Fontaine : le roseau tombe pour mieux se relever et danse avec le vent. La Catherine tire le portrait doux-amer d'une femme que n'aurait pas renié Jeunet dans son Amélie Poulain. Les hirondelles, aux paroles ciselées et à la mélodie précise, est typique de cette petite histoire qui sert d'illustration à un message : par exemple, dans ce titre, « les beaux plumages peuvent être une cage ». La seule chanson directe est l'attaque frontale Monsieur contre l'Homo politicus.

Mélancolie

Souvent les chansons prennent un ton mélancolique loin d'être désagréable. La voix du chanteur, grave comme une tombe, se marie habilement avec la musique plus douce. C'est particulièrement marquant sur la superbe Entre deux taxis et son refrain triste : « Qu'il est triste le sort des amoureux [..] car on commence toujours à se dire adieu dès notre premier baiser. ». Après l'amour, il faut souvent se rappeler le bon vieux temps, comme dans Rue des souvenirs au ton résolument nostalgique dans le type « c'était mieux avant ». La tristesse, par l'intermédiaire d'un piano lancinant, s'acharne encore plus sur le Bobo qui n'est pas celui de Renaud, mais plutôt celui de Souchon. Mais même les mélodies enjouées cachent en général un arrière-goût moins agréable, mais plus marquant (La bonne pomme ou encore Une autre journée qui se lève).

A l'écoute de cet album, on serait bien en peine de deviner que les auteurs sont québécois, si ce n'est, ici, sur une rime à l'accent particulier, là, sur une chanson qui nous emmène à l'embouchure du Saint Laurent avec une Histoire de pêche gaspésienne. L'expédition est un album homogène, dans lequel la chanson québécoise oscille agréablement entre gigue joyeuse et nostalgie mélancolique. Seuls Tant qu'on aura de l'amour à l'hymne rappelant le thème de... Arnold et Willy, et Train de vie sonnant comme du Yves Duteil, déparent de l'album et peuvent gâcher le plaisir de l'auditeur.

 

Les Cowboys Fringants - L'expédition

01. Droit devant
02. Chêne et roseau
03. Entre deux taxis
04. La Catherine
05. Histoire de pêche
06. Bobo
07. Rue des souvenirs
08. Monsieur
09. La tête haute
10. Les hirondelles
11. Tant qu'on aura de l'amour
12. La Bonne pomme
13. Train de vie
14. Une autre journée qui se lève