Cornu - Cornu
Musique / Critique - écrit par Guillaume, le 21/01/2001 (Tags : cornu cornue corne beaune vins domaine cornus
Cornu est une musique sans étiquette, plaisante pour certains, exécrable pour d'autres. Mais personne ne reste indifférent face aux sons étranges et à l'atmosphère dégagée par ce trio formé de Julie Bonnie (chanteuse et violoniste), Alex Bonnie (bassiste), Ben Bernardi (batteur). Leur musique est un assemblage de sonorités fluctuantes, alliant la langueur à la vivacité (mélange rendu possible par le violon), soutenues par un rythme assez marqué grâce à la batterie et à la basse. Mais n'oublions pas ce qui fait l'essentiel de Cornu : la voix de Julie Bonnie. Celle-ci, dotée d'un timbre assez aigu peut sembler assez désagréable à écouter. Cependant sans elle Cornu n'aurait pas d'identité (comme Björk sans sa voix glaciale). C'est tout de même le principal défaut reproché par leurs détracteurs, et si vous n'accrochez pas à la voix, laissez tomber.
Le groupe utilise des procédés acoustiques étranges et originaux. Ainsi, certains morceaux sombrent dans une froideur toute chirurgicale. On entend que le son est travaillé. Poussé souvent à l'extrême. Grâce à cela la musique ne paraît jamais monotone (sauf après cinq écoutes consécutives), même si quelquefois le rythme est lancinant. Ce rythme diffère selon les morceaux. Par exemple J'ai besoin de tes mains est très vif, insaisissable, alors que Les lutins (je n'ai pas voulu) est lent, mais rehaussé par des sonorités très marquées. Les paroles, écrites pas Julie Bonnie, sont des textes très personnels, allant de ses histoires sentimentales déçues à des manifestations explicitement physiques comme dans Si je sais pas quoi faire de mes dix doigts. Pour le moment, cette orientation des textes implique que les deux premiers albums fassent assez dans le sombre, tout en étant éclairés par quelques morceaux de bravoure. Le premier album Cornu est à mon avis le meilleur. Il est représentatif d'un nouveau courant, propre au groupe. On n'a jamais l'impression d'entendre quelque chose de familier.
Le second album à 3 se veut plus être grand public. Il n'y a qu'à voir la pochette. Elle ressemble à celle d'un quelconque groupe de rock celtique. Les morceaux sont aussi beaucoup plus classiques avec des sonorités (presque) toujours traînantes. Heureusement que j'ai peur de tout redonne un peu d'entrain à l'ensemble. Il est vrai que le son est toujours porteur d'un regard neuf. Mais ce n'est pas toujours véhiculé avec bonheur. En écoutant Que cet Amour, on se croirait pris au centre d'une cérémonie religieuse, d'une prière. Il suffit d'aller à la messe pour entendre plus ou moins la même chose...