Communiqué de presse : HOSTILE RECORDS A 10 ANS

/ Actualité - écrit par Filipe, le 16/06/2006

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Le rap, en 2006, est partout : radio, télé, cinéma, publicité, et même littérature, la légendaire NRF comparaît récemment Booba à Céline. Le rap a gagné le droit d'exister sous la lumière. Tant mieux.
Mais il fut une époque, pas si éloignée, où rap ne rimait encore qu'avec violence, différence et rejet systématique. Une époque où un beat et un flow ne garantissaient rien. Les portes se fermaient, les regards se détournaient.
Trop cru, trop réel, trop hardcore, le rap faisait peur et se voyait condamné à errer dans son ghetto, à prêcher uniquement pour ses adeptes.
Une certaine démagogie aime à croire que le rap s'est démocratisé un soir de juillet 1998, quand Zidane envoya la France black-blanc-beur dans les étoiles. Une explication séduisante mais totalement infondée.
Si le rap a su s'imposer, c'est surtout grâce aux activistes. Aux artistes bien sûr. Et aux labels. Et, du côté de l'Hexagone, un label a tout particulièrement servi la cause, un label aux couleurs de ses signatures, un label intransigeant, fier et décidé. Hostile Records.

L'aventure débute en juin 1996, sous l'impulsion de Benjamin Chulvanij, 26 ans, alors directeur artistique au sein de Virgin. Benjamin écoute du rap depuis longtemps. Il sent que le moment est venu de passer à la vitesse supérieure. Plutôt que d'adapter le rap aux formats déjà existants, il faut forcer le passage, sans jamais altérer le propos. Un rap travesti ne signifie plus rien.

Chaque label a besoin d'un disque de référence, une pierre angulaire. Hostile, en sortant la compilation « Hostile Hip Hop volume 1 », dès 1996, frappe fort, très fort, d'entrée. Servi par un visuel guerrier, une grenade pas encore dégoupillée mais qui semble n'attendre que ça, et par un casting des plus audacieux, voire visionnaire (l'histoire a démontré à quel point ce premier essai était un coup de maître) : Arsenik, Xmen, 2 Bal, La Clinique avec Doc Gynéco, Sté, Lunatic, Polo ! Ouf !
Pas de hasard cependant. C'est dans les quartiers que Benjamin est allé repérer les futures pointures. Pas dans les soirées branchées ni les couloirs décisionnaires. Dans la rue. Et, en 1996, ce n'est pas rien. Les majors tremblent à l'idée d'avoir à pactiser avec les micros urbains. Elles préfèrent se consacrer à la musique électronique, alors en pleine expansion : moins provocatrice, moins frontale, plus gérable, osons le mot, plus blanche.

La grenade commence à circuler. Les soirées Hostile déplacent du monde. Le bouche à oreille fonctionne.

Hostile accélère alors le rythme. Et enchaîne les sorties. Avec un volume 2 de « Hostile Hip Hop » révélant la prochaine génération de rappeurs, avec, en guise de décorum, des avions de guerre et des portes clés en forme de balle, qui choqueront certains journalistes, qui y verront un message trop belliqueux (le rap n'est-il pas né du combat pourtant ?), et puis les albums d'Arsenik, Akhenaton, Pit Baccardi, les compilations « Première Classe », Diam's, Rohff, MC Jean Gab'1, la bande originale de « Taxi », la liste est longue, le niveau élevé, le risque toujours privilégié à la facilité. Une politique de signatures sans faille, mêlant les styles, les parcours. Aucun label de rap français ne peut se targuer d'un tel catalogue. Aucun.

Hostile fête aujourd'hui ses dix ans. En sortant une compilation au titre explicite : « Changer la donne pour les 10 ans à venir ». L'esprit Hostile est resté le même. Plutôt que de proposer une compilation anniversaire paresseuse se contentant d'un best of, Hostile préfère dégager la voie à l'avenir en mêlant artistes confirmés, et talents en devenir. On ne se refait pas. Pionnier.

Hostile, véritable laboratoire de la culture urbaine et du street marketing (c'est le premier à avoir ouvert sa boutique en ligne), a très vite compris également l'importance des nouvelles technologies. Par exemple, lors de la sortie du dernier album de Diam's, « Dans Ma Bulle », Hostile lance un mini-site MSN consacrée à la rappeuse. Le succès est foudroyant : 42 000 visiteurs quotidiens, le clip de « La Boulette » visionné 540 000 fois en un mois.

« Hostile, ce fut la forge dans laquelle le rap brut a été taillé pour frapper les esprits et changer la donne. Le rap, c'est plus qu'un mouvement musical, c'est la bouffée verbale d'une génération qui prend son destin en main. » dit Benjamin, fondateur comblé mais toujours pas rassasié, aujourd'hui PDG de Capitol France.

C'est exactement ça. Et si Hostile pèse en 2006 plusieurs centaines de milliers de disques écoulés depuis sa création, si Hostile est fier de compter en son sein Diam's et Rohff, les deux locomotives d'un rap enfin traité avec respect, Hostile n'a évidemment pas tout dit. Le label est encore jeune, la route encore longue.

Et les micros toujours en alerte.