8/10Chet - Hymne

/ Critique - écrit par juro, le 01/05/2005
Notre verdict : 8/10 - CHouETte hymne (Fiche technique)

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A défaut d'avoir une voix, d'autres ont les textes et une certaine profondeur qui prend tout son sens lorsqu'il interprète au mieux leurs écrits. Entre Benjamin Biolay, Barbara et Serge Gainsbourg, il y aura désormais Chet (surnom tiré du légendaire Chet Baker) qui nous revient avec un troisième album plein de promesses et de mélancolie. Sérieuses références, maigres récompenses car jusqu'alors seuls les initiés ont entendu parler de l'artiste. La chanson à texte prenant un nouvel élan, le talent est enfin porté à l'ouïe de tous et il est plus que temps de découvrir Hymne avec ses phrases qui font mouche, ses mots sur le papier qui se couchent, sa vérité qui nous touche. Un regard qui s'attache à présenter une poésie autour d'une musique minimaliste piano, basse et guitare.

« Et dire qu'on va tous crever... »

Treize titres compacts composent cet Hymne laissant Chet nous délivrer une introspection de ses thèmes les plus intimes. Rien appris ouvre la voie sur laquelle Chet pose la sienne. En délivrant une excellente interprétation dès ce premier titre, accrocher tout de suite au style s'avère relativement facile. L'air légèrement blasé et fataliste sur le destin est transmit au mieux par l'artiste qui communique son spleen baudelairien. Entre chuchotements et caresses des mots, le texte prend une ampleur portée par une guitare électrique sur le refrain. Le fatalisme est le fil rouge de cet album qui brosse des portraits au vitriole d'êtres qui pourraient être lui, vu l'utilisation massive de « je ». Parfois rock, parfois plus grave, les titres nous emmènent de surprise en surprise.

La gravité s'exprime d'autant plus fort quand Chet revient sur lui-même, exprimant ses pensées, ses peurs, ses idoles. L'impression subjective de se retrouver à côté de lui lorsqu'il déclame son texte se fait oppressante, pressante, vive car Chet murmure plus qu'il ne chante d'où une proximité, un rapprochement avec lui. On se fixe devant La vie s'écoule, Interdit de m'interdire ou Mon père qui donnent envie de le voir s'impliquer sur scène pour nous faire découvrir sa vision fragile d'un monde pas toujours glamour. Bref, la condition humaine et la privation d'amour sont mises à nu...

L'ami des mots/maux

Si les compositions sont simples, les textes sont bourrés de jeux de mots et de jeux de sons sont de véritables petits délices d'ingéniosité et d'inventivité duquel l'auteur compositeur tire sa force. Ca ressemble à du Gainsbourg des grands jours, ça sent l'interprétation beaucoup moins dandy que celle de Biolay mais Chet est unique dans son genre. Son détachement n'a rien à voir avec les précédents, il exprime des poésies. La facilité n'a pas de place lorsqu'on parle de soi et Chet insiste sur ses passions avec des références à Sacha Guitry dans Sacha ou à Chet Baker dans Chet. Surfant sur la portée du premier morceau, le reste passe tout seul comme un caviar dans lequel la musique s'oublie. Paroles, paroles et encore des paroles pour des thèmes forts (érotisme, amour, intolérance, homosexualité...). L'interprète, plus que le compositeur, se dégage sur cet album, on sent une terrible envie de jouer avec ces mots qui touchent aux maux, surtout ceux d'amour comme avec Marion.

Troisième album plus que convaincant pour Chet qui n'hésite pas aller au fond des choses pour exprimer des sentiments à fleur de peau particulièrement communicatifs et attachants.

Chet - Hymne

01 Rien appris
02 Le train du non retour
03 Sacha
04 Ciao
05 Raisons tordues
06 La vie s'écoule
07 Baise-moi
08 Marion
09 Close hôtel
10 Chet
11 Interdit de m'interdire
12 Mon père
13 Hymne