8/10Des frissons bluesy avec Muddy shivers de Catfish

/ Critique - écrit par nazonfly, le 20/03/2014
Notre verdict : 8/10 - À ne pas réserver qu'aux moustachus (Fiche technique)

Tags : blues rock avec album catfish musique voix

Cette semaine sur Krinein on vous fait découvrir Catfish, un duo jurassien qui a préféré aller voir du côté du Delta du Mississippi.

Si on traduit littéralement Catfish dans la langue de Molière, ça donne poisson-chat, ce gros poisson dégueu aux moustaches imposantes qui hante nos rivières. On se demande quelle mouche a bien pu piquer le groupe pour prendre un nom qui évoque d'aussi désagréables bêbêtes. Parce qu'à première vue le duo Amandine Guinchard/Damien Félix ne semble pas du genre à se vautrer dans la boue fangeuse. Mais ce n'est bien qu'une première vision bien fausse. Non pas que Catfish soit du genre crados avec une musique inécoutable mais leur influence blues du Mississippi transpire par tous leurs pores : l'atmosphère est dense et poisseuse, la musique massive et rampante. Assurément le nom est finalement très bien choisi !


DR. Amandine à la batterie

En ce qui concerne la musique Amandine se charge des percus, de la basse et surtout du chant grâce à une voix puissante, légèrement grave, parfois un peu éraillée, idéale pour faire passer une émotion brut de décoffrage, de ces émotions qui mettent sans doute un public à genoux dans une transe extatique. Damien lui s'occupe un peu du chant (oui oui on l'entend parfois comme sur Much better), des percus, des claviers et surtout des guitares qui ronflent pour notre plus grand plaisir (Catch me) mais qui savent aussi bien se retenir pour asséner et accompagner la voix de la chanteuse (Black coat) comme lâcher la bride pour un morceau échevelé (Have a good time) ou encore emprunter des chemins noisy pour notre plus grand bonheur !


DR. Damien à la guitare

En réalité il y a de tout dans cet album, de la chanson chaleureuse qu'on imagine typiquement dans les bars de la New-Orleans : Big shivers nous prend par les sentiments et nous retourne comme un crèpe comme dit le philosophe, grâce à cette voix sublime qui donne sa pleine mesure sur ce morceau qui frôle la perfection. Much better se la joue un peu plus rock avec un refrain qui saura convaincre les plus réticents. Par l'utilisation d'effets sur la voix de la chanteuse, My daddy se dégage particulièrement du reste de Muddy shivers même si le titre n'emportera certainement pas tous les suffrages. À force de jouer avec les codes du blues, il fallait que Catfish soit, à un moment ou à un autre de leur album, entraîné vers un côté plus folk chassant par là sur les terres de Moriarty : Not alone aurait parfaitement pu être chanté par Rosemary Moriarty tout comme la bonus track Drag you down.

Après ces 12 titres, Muddy shivers, comme son nom l'indique, nous relâche tout frissonnant après un passage au milieu des eaux boueuses du blues. Et le pire c'est que ça nous fait plaisir !

Point fort : un blues qui sait utiliser les codes de la musique moderne

Point faible : les poissons-chats c'est quand même des bestioles affreuses

Extrait : Make me crazy

Catfish – Muddy shivers

01. Big shivers
02. Make me crazy
03. Much better
04. Black coat
05. Hold on
06. Catch me
07. Have a good time
08. My daddy
09. Like a cloud
10. Not alone
11. Old fellow
12. Bonus track : Drag you down