7.5/10Cat Power - The Greatest

/ Critique - écrit par juro, le 26/02/2006
Notre verdict : 7.5/10 - Pattes de velours et griffes acérées (Fiche technique)

Tags : power cat greatest livraison paroles marshall chan

The greatest est le septième album pour Cat Power. C'est fou ce que le temps passe vite. Revisitant tous les registres folk, pop, soul au travers de ses précédents opus, Chan Marshall reprend sa guitare pour repartir en vadrouille une nouvelle fois. Le titre de cette nouvelle galette pourrait paraître prétentieux et a
certainement influencé les critiques de détracteurs apparus en masse dès cette sortie. Cat Power livre des textes intimes, émotionnellement imprégnés de plusieurs genres musicaux, aussi bien country pop que rock. Un mystère musical riche et fragile à la fois.

Une tendre voix sensuelle s'élève délivrant un flot d'émotions à fleur de peau, le rythme est lent, souple, aisé, Cat Power est en équilibre précaire entre des textes travaillés et un univers instrumental évoluant entre minimalisme et douceur. Piano, batterie jazzy, guitare acoustique... Cat Power évolue sans oublier sa panoplie de compositrice affirmée pour refiler le frisson. L'adhésion est progressive même si certains titres s'écoutent plus attentivement que d'autres en raison d'un certain susurrement redondant qui ferait croire à de la guimauve préfabriquée si les textes n'allaient pas chercher profondément dans les ténèbres artistiques.

Cat Power est un jardin secret qui ne cesse de surprendre et de prendre à contre-pied son auditoire par les changements orchestrés au cours de son album. Du langoureux titre éponyme aux choeurs lointains à la country pop de Islands ou After it all, Chan Marshall contribue à s'envelopper d'un voile de mystère sur la ligne directrice de son oeuvre. La pop prend une place douce amère (Living proof, Willie) pour dériver vers une pop touchant au jazz de qualité (Lived in bars, The moon), trompette en prime ! Les titres à connotation country restent légèrement en dessous des autres, notamment Empty shell et son harmonica, rappelant un couché de soleil dans le Far West.
Le coeur et les histoires à deux dominent (Could we, Where is my love ?). Touchantes et magistralement interprétés, la mise en avant du texte au détriment de l'instrumentation laisse Chan Marshall nous bercer avec grâce. Le poignant Where is my love ? ressort clairement de l'album. Le sombre et minimaliste Hate
délivre une performance en opposition assez admirable avec les morceaux précdents mais c'est bel et bien Love & communication, un poil plus rock et rythmé mais en contradiction totale avec le reste de l'opus avec son fond de guitare électrique et ses cuivres aigus qui laisse une tache indélébile en mémoire. Le grain de voix de l'interprète y jouant pour énormément entre le charisme de Janis Joplin et la fragilité de Ricky Lee Jones.

Après une écoute de Cat Power, on ressort reposer, avec les idées claires mais pas franchement convaincu que l'artiste ait exploité son plein potentiel pour délivrer une copie parfaite. Un bon album variant les genres et marquant par son implication profonde dans des histoires de coeur prenantes. Bourré de contradictions et d'orientation musicale diversifiée, cet album de Cat Power ressemble à un ovni. Peut-être pas « The greatest » mais un album bon. Et c'est déjà pas mal.


Cat Power - The greatest

01. The greatest
02. Living proof
03. Lived in bars
04. Could we
05. Empty shell
06. Willie
07. Where is my love
08. The moon
09. Islands
10. After it all
11. Hate
12. Love & communication